L’inexorable auto-destruction de l’Union européenne

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S’IL AVAIT LIEU DE NOS JOURS, LE RÉFÉRENDUM DU 20 SEPTEMBRE 1992 SUR LE TRAITÉ DE MAASTRICHT CRÉANT L’UE ET L’EURO SERAIT REJETÉ PAR PRÈS DE 2/3 DES FRANÇAIS

En prévision du 20e anniversaire du référendum du 20 septembre 1992 sur le traité de Maastricht, le journal le Figaro a publié le 17 septembre 2012 un sondage IFOP qui révèle que, si ce référendum avait lieu d’aujourd’hui, le non l’emporterait avec 64 % des voix.

UN REJET MASSIF DE L’EURO 

Il ne s’agit bien entendu que d’un sondage, qui doit donc être pris avec les précautions d’usage. Cependant, il est assorti d’autres résultats qui vont tous dans le même sens :

  • – 67 % des Français considèrent, selon ce sondage, que l’Union européenne va « plutôt dans la mauvaise direction » ;
  • – 61 % des Français jugent que le passage à l’euro a eu des conséquences négatives sur la compétitivité de l’économie française ;
  • – 63 % pensent que l’euro a eu un impact négatif sur le chômage ;
  • – et 89 % estiment qu’il a eu des effets négatifs sur le niveau des prix.

Le camp de ceux qui souhaitent majoritairement moins d’intégration européenne a bondi à 60 % et ils sont près des deux tiers (64 %) à juger peu probable l’apparition d’un « État européen unique ».

L’IDÉE EUROPÉENNE EST DE PLUS EN PLUS OBSOLÈTE ET NAUSÉABONDE

Le plus significatif, peut-être, de ce sondage résulte dans le fait que ce sont les personnes âgées qui restent encore les moins eurocritiques de tous les Français. Ce sont les plus de 65 ans qui sont les plus cléments : 41% considèrent que l’euro est un atout, 30% un handicap.

On ne saurait trouver de meilleure preuve que l’idée européenne est une idée de plus en plus datée historiquement et obsolescente.

Comme en porte d’ailleurs témoignage la moyenne d’âge – basse – des adhérents de l’UPR, un nombre croissant de jeunes rejettent l’idée européenne.

Loin de la rejeter par réflexe xénophobe, ils la rejettent au contraire parce qu’ils constatent qu’elle les appauvrit et qu’elle les place sous une dictature politique et anti-sociale qui ne dit pas son nom.

Ils perçoivent également très bien que l’idée européenne, loin d’être un idéal respectable, s’apparente à la volonté de bâtir une sorte d’apartheid mondial d’un monde blanc, agressif et belliqueux vis-à-vis des autres peuples du monde. Un apartheid placé sous la dictature d’une oligarchie industrielle et financière atlantiste, qui piétine impunément les principes les mieux établis du droit international.

LES FRANÇAIS RESTENT-ILS VRAIMENT ATTACHÉS À L’IDÉE EUROPÉENNE ?

Bien entendu, le journal le Figaro se félicite qu’une majorité relative des Français resteraient encore favorables, selon ce sondage, à un vague projet européen ( 47%, contre 27%, jugent qu’il est dans l’intérêt du pays de rester associé à l’ensemble politique européen). Le journal de la famille Dassault, très liée à l’UMP, en profite pour assurer que « le retour à la France d’avant le traité de Rome » serait jugé « peu crédible ».

Mais les journalistes du Figaro ne pouvaient faire moins que d’ajouter ces considérations politiquement correctes, compte tenu de la pensée obligatoire qui prévaut dans notre pays.

Dans la mesure où tous les médias français de masse font croire aux Français, par un verrouillage de tout vrai débat, par une propagande constante, et par des manœuvres d’intimidation et de désinformation, que la sortie de l’Union européenne serait impossible et que la sortie de l’euro mènerait à l’Apocalypse, il n’est pas anormal qu’une majorité relative des Français puissent être encore réservés à l’idée de sortir de l’UE et de l’euro !  En 1941, une majorité de Français pensaient aussi que la cause de Charles de Gaulle et des résistants de l’intérieur était une cause perdue…

 

Le Figaro affirme qu’une majorité relative de Français restent encore favorables au projet européen mais ce journal est parfaitement bien placé pour savoir que les Français ne sont pas informés honnêtement sur la sortie de l’Union européenne et de l’euro.  

Dans son édition du 20 décembre 2012, le journal de la famille Dassault avait titré sur la “sortie impensable” de l’euro en prophétisant l’Apocalypse. Une Apocalypse qui se traduirait notamment par un prix de l’essence à… 1,75 euros le litre.   

Les plus récentes études, notamment celles du groupe financier français Natixis, ont démontré que ces prophéties apocalyptiques étaient des mensonges éhontés.

Les responsables européistes auraient bien tort de se réjouir de cette apparence d’adhésion. Car elle n’est, très majoritairement, fondée sur rien d’autre que sur la peur, la répétition docile de la propagande subie, et la méconnaissance des faits.

Or toute l’histoire universelle enseigne que la peur, la répétition de la propagande, et la méconnaissance des faits sont des éléments extrêmement fragiles pour le soutien d’un régime qui mécontente une part de plus en plus majoritaire de la population. Ces éléments sont balayés comme fétus de paille lorsque se lève le vent de l’Histoire.

LES FRANÇAIS N’ONT JAMAIS ÉTÉ INTERROGÉS PAR RÉFÉRENDUM SUR LE PROJET EUROPÉEN EN TANT

Je rappelle que le principe même de la construction européenne n’a jamais été soumis à l’approbation des Français :

  • b)- ni le projet de Communauté Européenne de Défense (CED) de 1954 (qui fut enterré par les députés communistes et gaullistes le 30 août 1954),
  • c)- ni le traité de Rome du 25 mars 1957 créant la Communauté Économique Européenne (CEE),

ne furent soumis au référendum des Français.

En particulier, le traité de Rome fut signé et ratifié dans le dos des Français, par des parlementaires, qui n’avaient pas été élus pour cela dans leur programmes électoraux.

LES 3 SEULS RÉFÉRENDUMS  DE 1972, 1992 ET 2005 N’ONT PORTÉ QUE SUR DES NOUVEAUX DÉVELOPPEMENTS DE LA “CONSTRUCTION EUROPÉENNE”, JAMAIS SUR SON PRINCIPE

Les Français n’ont pu s’exprimer que sur de nouvelles prétendues  “avancées” de la construction européenne, et jamais sur le principe même de fusionner la France dans une entité politique continentale.

Les Français n’ont d’ailleurs été interrogés qu’à trois reprises :

  • a)– par le référendum du 23 avril 1972 pour ou contre l’élargissement de l’accès au Royaume-Uni. 31,7 % des Français avaient voté non à ce référendum, qui avait par ailleurs battu des records d’abstention pour l’époque.
  • b)– par le référendum du 20 septembre 1992 pour ou contre la ratification du traité de Maastricht créant l’Union européenne et la monnaie commune européenne. 49 % des Français avaient voté non à ce référendum, qui n’avait donc été emporté que sur le fil du rasoir, et en dépit de sommets de propagande (cf. par exemple l’analyse minutieuse du rôle des médias dans ce référendum, faite par Serge Halimi dans son ouvrage “Les nouveaux chiens de garde”).
  • c)– par le référendum du 29 mai 2005 sur la Constitution européenne. Le non l’a emporté avec 54,7 % des suffrages exprimés.

UNE NOUVELLE CONFIRMATION DES ANALYSES DE L’UPR

Pour bien prendre la mesure du sondage IFOP publié par le Figaro le 17 septembre 2012, il est donc intéressant de le rapporter à l’évolution des résultats de ces 3 référendums sur la construction européenne auxquels ont été conviés les Français depuis son lancement.

Si l’on rapporte sur un graphique ces résultats, ainsi que celui du sondage publié le 17 septembre 2012 par le Figaro, on constate une évolution irrésistible vers le rejet de la construction européenne sur les quatre dernières décennies. La droite de régression linéaire révèle une tendance extrêmement lourde et inflexible vers un rejet de plus en plus massif.

À ce rythme, ce sont environ 80 % des Français qui s’opposeront à la construction européenne d’ici à une dizaine d’années, sauf si celle-ci n’a pas éclaté d’ici là.

Ainsi donc, quoi que puissent dire et faire les européistes, en verrouillant tous les débats dans les médias, et en interdisant en particulier que l’appartenance de la France à l’Union européenne puisse être débattue, rien ni personne n’empêchera l’inéluctable.

La construction européenne est une chimère, imposée de l’extérieur depuis plus d’un demi-siècle par les États-Unis d’Amérique. Cette chimère n’a jamais bien marché, elle marche de moins en moins bien au fur et à mesure des élargissements successifs, et elle est vouée à devenir de plus en plus dictatoriale et inefficace.

Naturellement et heureusement, les germes de sa désintégration sont de plus en plus actifs, non seulement en France mais dans  les 26 autres États membres de l’Union européenne.

Les analyses de l’UPR sont non seulement confirmées par les faits, mais elles le seront – inéluctablement – de plus en plus.