Le Front National (FN), l’épouvantail consentant au service du système

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Le croque-mitaine semestriel est de retour. Marine Le Pen respecte une nouvelle fois le contrat que le système attend du Front National : elle demande à la fois la sortie de l’euro ET le rétablissement de la peine de mort !

Comme nous l’avons continuellement analysé depuis la création de l’UPR, l’objectif constant qui a été fixé au FN par le système dans un jeu ambigu et malsain est de parasiter et de discréditer toute idée de souveraineté et d’indépendance nationales en associant systématiquement ce message libérateur à des propos racistes ou xénophobes, ou à des propositions typiques de l’extrême droite.

En bon auxiliaire du système, le clan Le Pen obéit avec zèle ; il sait que ses « dérapages » réguliers sont la contrepartie requise par ceux qui ont intérêt au maintien du Front National dans son rôle de verrouillage de la situation politique française, pour avoir accès aux médias et y salir les idées de patriotisme, de souveraineté, d’indépendance et de nation.

On nous demande souvent pourquoi nous critiquons aussi fermement le FN. Voici la raison : nous voulons dévoiler aux Français le jeu réel que joue ce parti. Le Front National est un élément à part entière du dispositif d’asservissement du peuple français. Le FN n’est pas du tout un mouvement hors système, comme tout le monde – et lui le premier – s’empresse de le qualifier, c’est tout le contraire ! Le FN est un pion parfaitement consentant que l’on pousse médiatiquement aux moments opportuns pour salir et discréditer jusqu’à l’idée même de souveraineté et d’indépendance, avec la fameuse technique des « dérapages ».

Ainsi, dès que l’on parle à des Français qui ne connaissent pas l’UPR de sortir de l’UE et de l’euro, beaucoup associent comme par un réflexe ces propositions au FN et ne veulent pas en savoir davantage, et cela alors même que ce parti ne s’est pas prononcé en faveur d’une sortie unilatérale de l’UE ni de l’euro. Cette situation de rêve pour l’ordre établi repose sur l’application méthodique de la reverse psychology à la politique : « Si moi, dirigeant euro-atlantiste, je veux que quelque chose n’arrive pas, il me suffit d’en laisser faire la promotion par le FN, qui proposera cette chose en l’amalgamant à d’autres idées qui révulsent une majorité de l’opinion ». Et le tour est joué.

La meilleure façon de discréditer et de condamner une idée ce n’est pas de la réfuter en argumentant. C’est de faire en sorte que le FN soit identifié publiquement comme étant son principal partisan. Et comme le FN plagie, déforme et salit toutes les idées potentiellement dangereuses pour le système (nous l’avons souvent constaté avec nos analyses sur l’euro et l’UE), c’est une combine très efficace. Il fallait y penser. C’est d’ailleurs ce qu’ont fait les élites euro-atlantistes.

Un « dérapage » contrôlé tous les 6 mois

Le rythme des provocations lepénistes requises par le système est d’environ une fois tous les 6 mois. Ni trop, ni trop peu. Juste ce qu’il faut pour appâter les électeurs, puis leur taper dessus et faire fuir la grande masse.

Mme Le Pen vient de remplir une nouvelle fois ce rôle de croque-mitaine semestriel :

=> Il y a 11 mois, elle avait comparé les immigrés musulmans en France à l’armée d’Occupation nazie (décembre 2010). « Provocation réussie » avait aussitôt titré le magazine L’Express en connaisseur :

http://www.lexpress.fr/actualite/politique/les-propos-de-marine-le-pen-une-provocation-reussie_944737.html

=> Il y a 4 mois, elle avait soutenu les propos de son père qui trouvait des circonstances atténuantes au massacre en masse du tueur norvégien (juillet 2011) :

http://www.francesoir.fr/actualite/politique/attentats-en-norvege-marine-pen-commente-enfin-propos-son-pere-125060.html

=> Aujourd’hui, elle vient de réclamer à la fois la sortie de l’euro ET l’organisation d’un référendum pour le rétablissement de la peine de mort pour les tueurs d’enfants (exploitant de façon éhontée un tragique fait divers) :

http://www.20minutes.fr/ledirect/826616/marine-pen-veut-peine-mort-tueurs-enfants

=> Et que nous réserve donc le FN pour dans 6 mois, en pleine campagne électorale ? M. Le Pen et sa fille ont-ils déjà fait leur choix du énième « dérapage » prévu pour conforter l’asservissement de la France à la dictature euro-atlantiste ? Vont-ils par exemple nous assurer à la fois qu’il faut sortir de l’euro et que « le temps est venu de réhabiliter le Maréchal Pétain » ?  Ou bien s’assureront-ils d’un plus grand tollé en déclarant à la fois qu’il faut sortir de l’OTAN et que « l’Allemagne hitlérienne avait quand même réglé le problème du chômage »

La tactique est toujours la même : faire croire aux Français que l’on ne peut pas critiquer l’Union européenne et l’euro sans être au minimum très conservateur, sinon d’extrême droite. En faisant croire que l’on ne peut pas vouloir sortir de l’euro sans rétablir la guillotine, comme si l’un n’allait pas sans l’autre, Mme Le Pen vient de rendre un nouveau et fieffé service à José Manuel Barroso, Mario Draghi et Goldman Sachs. Bravo Mme Le Pen !

La stratégie est toujours la même : rendre odieuse à tous les Français modérés et à la plupart des électeurs de gauche l’idée même de sortie de l’euro ; détourner une grande majorité de Français de toute réflexion approfondie sur la construction européenne en lui faisant croire que s’y opposer serait équivalent à être d’extrême droite.

Depuis la médiatisation subite du Front National décidée par l’oligarchie euro-atlantiste en 1983, cela fait 28 ans que ce piège mortel pour la France fonctionne. Mme Le Pen vient de confirmer une nouvelle fois qu’en digne émule de son père, elle n’a accès aux médias que pour poursuivre ce travail infâme.

Une ficelle de plus en plus grosse

Jusqu’à quand les Français vont-ils se laisser prendre à cette ficelle de plus en plus grosse ? Une ficelle que l’UPR est le seul mouvement politique à avoir le courage de dénoncer pour ce qu’elle est : de la haute trahison, sous le couvert machiavélique du patriotisme.

Nous prenons connaissance, avec tristesse mais sans surprise, des réactions habituelles des partisans de Mme Le Pen lorsque nous leur révélons le rôle d’épouvantail consentant que joue le FN. Ils ne répondent jamais à notre analyse, ils répondent toujours à côté, et toujours de deux façons :

– d’une part, en ergotant sur les propos tenus, en faisant mine de ne comprendre ni l’effet qu’ils ont produit ni la perversité roublarde avec laquelle ils ont été choisis  : « un détail de l’Histoire ? Mais c’est une partie d’un tout ! On fait un faux procès à M. Le Pen » ; « une armée d’Occupation ? Mais c’est une image pour désigner une multitude d’étrangers ! On fait un faux procès à Mme Le Pen » ; « les problèmes d’immigration en Norvège qui ont pu conduire un fou à massacrer 77 personnes ? Mais c’est une réalité ! On fait un faux procès à M. Le Pen » ; etc.

–  d’autre part, en brocardant la faible notoriété de l’UPR par rapport aux sondages mirobolants dont est crédité, une fois de plus, le FN. Cette réponse est encore plus affligeante car elle montre à quel point les partisans du FN ne comprennent pas que la notoriété du FN ne provient que d’une chose : sa promotion ambiguë par les grands médias depuis 28 ans ; et ils comprennent encore moins pourquoi les grands médias – en fait ceux qui les contrôlent ou les influencent –  agissent de la sorte.

Ne doutons pas que notre décryptage de cette nouvelle sortie de Mme Le Pen, cette fois-ci en faveur de la peine de mort, nous vaudra les deux mêmes types de réponse de la part des partisans du FN. Les uns vont nous assurer que l’UPR ne pèse rien face au FN, et les autres vont éluder notre démonstration et ergoter en se déclarant en faveur de la peine de mort, en faisant mine de ne comprendre ni l’effet produit par la relance de cette thématique ni le machiavélisme politique avec lequel Mme Le Pen décide de la relancer.

Car la question que nous soulevons n’est pas de savoir s’il faut être pour ou contre la peine de mort. C’est une question de conviction personnelle et, quoiqu’une majorité d’entre nous y est opposée, nous admettons que la démocratie requiert de demander l’avis des électeurs.

La question que nous soulevons, c’est : pourquoi Mme Le Pen, en ces instants tragiques où la France est en train de sombrer, ressort-elle ce débat polémique vieux de 30 ans ?

Ce que nous affirmons, c’est que Mme Le Pen sait parfaitement ce qu’elle fait. Comme son père avant elle, et comme elle le fait tous les 6 mois, elle lance ce débat délibérément parce qu’elle sait que c’est un débat extrêmement clivant, qui va venir empoisonner, parasiter et occulter les sujets essentiels.

Nous le disons et nous le répétons : l’objectif réel de Mme Le Pen et du FN, c’est de semer la zizanie chez les Français, et en particulier d’empêcher que se constitue un rassemblement de Français pour sortir de l’UE. Chose que, d’ailleurs, Mme Le Pen ne propose absolument pas. Elle vient encore de le prouver en présentant pour la énième fois un aperçu de son programme samedi dernier : elle ne parle que d’une « renégociation des traités » (avec qui ?) et de « jeter les bases d’une Europe respectueuse des souverainetés populaires… » (c’est-à-dire de faire une « autre Europe »).

Un appel à la lucidité et à la maturité politique

L’objectif réel du FN est de permettre aux médias et aux partis installés de faire croire aux Français modérés, aux Français du centre, aux Français de gauche qu’être contre l’euro et critiquer l’UE, c’est forcément être d’extrême droite, c’est forcément vouloir ressortir la guillotine du placard, etc.

Et ce qui est terrifiant, c’est que ça marche ! Il suffit de voir certaines réactions qu’a déjà suscitées notre démonstration sur notre page Facebook :

– d’un côté les partisans de Mme Le Pen, qui ne comprennent pas la manipulation dont ils sont l’objet, qui se récrient comme de juste que l’on a le droit de rétablir la peine de mort, etc., bref qui tombent à pieds joints dans le panneau qui leur est tendu ;

– de l’autre côté, les sympathisants de gauche, qui sont aussitôt révulsés par cette sortie et qui nous rappellent ce que nous avons tous constaté : à savoir que l’on se fait traiter de « facho », de partisan de l’extrême droite – « Ah, mais vous dites la même chose que le FN ! » – dès que l’on dit autour de soi que l’on veut sortir de l’UE et de l’euro. Eux savent très bien que cette mise en avant de la peine de mort par Mme Le Pen va de nouveau renforcer cette image scandaleuse qui est attribuée dans l’opinion publique au fait de dénoncer l’UE.

Nous le demandons ici aux partisans de Mme Le Pen : avez-vous, oui ou non, la maturité politique nécessaire pour comprendre que les seuls bénéficiaires de cette nouvelle sortie de Mme Le Pen sur la peine de mort sont, très concrètement, José Manuel Barroso, Mario Draghi, Goldman Sachs et consorts ?

François  ASSELINEAU et l’ensemble du Bureau National de l’UPR