Un nouveau cadavre dans le placard : Chypre

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On avait beaucoup parlé de Chypre dans les médias cet été. Début juillet, le président chypriote Christofias, également président du Conseil de l’UE pour 6 mois, avait en effet publiquement annoncé qu’il négociait une aide financière avec la Russie.
Il en avait profité pour démasquer le caractère prédateur de la prétendue “solidarité européenne” et pour ridiculiser la troïka UE-BCE-FMI. (Je renvoie ici à mon article du 4 juillet dernier). Mais depuis ce coup d’éclat, silence radio. Selon nos informations, cette loi du silence pourrait bientôt être brisée et Chypre pourrait revenir en fanfare sur le devant de la scène politique.

PANICOS FAIT PANIQUER LES DIRIGEANTS DE LA BCE

Car rien ne va plus entre le gouverneur de la banque centrale chypriote, M. Panicos Demetriades, et les plus hautes instances de la Commission européenne et de la BCE.

Devenu paria parmi ses pairs (en tant que gouverneur de la Banque centrale chypriote, il est de droit membre du Conseil d’administration de la BCE), Panicos, au nom prédestiné, sème la panique en haut lieu.

Pourquoi ? Parce que Chypre est à court de liquidités, que le gouverneur n’est pas suffisamment prompt à se coucher au coup de sifflet européiste, et que la situation financière y est tellement mauvaise que l’île risque de tomber en cessation de paiements à très court terme, dans le mois qui vient.

La situation est d’autant plus mauvaise que la Russie a finalement renoncé à continuer à voler au secours de l’île (cf. supra) et que d’intenses sorties de fonds en provenance des banques chypriotes auraient eu lieu depuis plusieurs semaines.

Selon les rumeurs de couloir, des Britanniques fortunés et des grandes fortunes russes ou de pays de l’est (grandes fortunes à l’origine douteuse), auraient procédé à des retraits massifs, dans la crainte d’une défaillance de Chypre et, peut-être, d’une sortie de l’euro dans la foulée.

Comme l’hypothèse de sortie de l’euro est interdite par les oligarques européistes, la Commission européenne et la BCE ne voient pas d’autre solution que de renflouer financièrement l’île de Chypre. Mais cela suppose l’application à l’île des mesures de rigueur draconienne qui sont imposées à la Grèce, à l’Italie, au Portugal et à l’Espagne. Ce que Chypre refuse.

 

L’UE AIDERA-T-ELLE CHYPRE SANS PLAN DE RIGUEUR ?

Il se pose donc un redoutable problème pour les européistes :

– soit refuser d’accorder à Chypre l’aide nécessaire, au risque de voir l’île prononcer sa cessation de paiements d’ici à ma mi-décembre, avec toutes les conséquences que l’on imagine sur la stabilité de l’euro ;

– soit accorder à Chypre l’aide nécessaire, mais en acceptant de ne pas la lier à un plan de rigueur draconien. Ce qui pose aussitôt un énorme problème de principe. D’une part vis-à-vis des dirigeants des autres pays du sud, qui voudront profiter du précédent ainsi créé. D’autre part vis-à-vis des dirigeants Allemands, pour lesquels une telle hypothèse d’aide sans plan de rigueur est hors de question.

Au regard des désastres grec, portugais, espagnol ou italien, les conséquences financières du cas de Chypre sont relativement marginales [Il est question de 10 milliards d’euros quand même…]. Mais il n’en pose pas moins une redoutable quadrature du cercle pour les dirigeants de l’UE.