Coup de théâtre en Allemagne : le « Laurence Parisot » d’Outre-Rhin sera tête de liste anti euro aux élections européennes

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9 janvier 2014 : On vient d’apprendre que l’ancien “patron des patrons” allemands, Hans-Olaf Henkel, devrait se présenter comme tête de liste nationale du parti Alternative für Deutschland (AfD) aux élections européennes de mai prochain.

Ancien président du conseil d’administration  de IBM Allemagne (de 1987 à 1993), Hans-Olaf Henkel fut le président de IBM Europe-Moyen-Orient-Afrique (1993-1994) avant de devenir, de 1995 à 2000, le président de la très puissante Fédération de l’industrie allemande ( BDI ), l’équivalent de notre MEDEF français.

Ainsi donc, celui qui a été l’équivalent et l’homologue de notre “Laurence Parisot” va prendre la tête de la liste nationale, pour les élections européennes, d’un parti dont le programme consiste d’abord et avant tout à faire sortir l’Allemagne de l’euro.

Comme ce parti a frôlé les 5% aux dernières élections législatives allemandes, il est très probable qu’il franchira la barre des 3 % des suffrages exprimés, nécessaires selon la loi allemande pour entrer au Parlement européen.

[Source : http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20140109trib000808605/l-ex-patron-des-patrons-allemand-devient-tete-de-liste-des-eurosceptiques.html ]

COMMENTAIRES

  • 1) Le fait que Hans-Olaf Henkel soit hostile à l’euro et partisan du parti AfD n’est pas nouveau en soi. Il avait d’ailleurs apporté un soutien remarqué, en octobre 2009, à l’ancien membre du conseil d’administration de la Bundesbank, Thilo Sarrazin, pour l’entretien controversé dans la revue ” Lettre internationale” dans laquelle ce dernier appelait à sortir de l’euro.
  • 2) Cette décision va néanmoins placer le gouvernement allemand en position difficile.

Le fait que Hans-Olaf Henkel – qui jouit d’une grande notoriété nationale – prenne la tête de liste de AfD aux élections européennes en Allemagne représente néanmoins un coup de théâtre qui a de fortes chances de placer Mme Merkel et la grande coalition CDU-SPD (“UMPS”) au pouvoir dans une situation difficile.

Je signale qu’à la différence de la France, l’Allemagne a conservé une seule liste nationale pour les élections européennes. La tête de liste nationale de l’AfD, ancien “patron des patrons” allemand, va donc pouvoir présenter des analyses techniquement percutantes sur tous les médias outre-Rhin. Les conséquences pourraient en être considérables.

  • 3) Le parti AfD – et les prises de position de Hans-Olaf Henkel – n’ont pas vraiment d’équivalent en France.

3.1. – À la différence du Front National ou de DLR, AfD ne change pas constamment de discours sur l’euro et souhaite le démantèlement de la monnaie européenne telle qu’elle existe et ne joue pas sur les mots comme le font nos “souverainistes” (qui affirment vouloir faire de l’euro une “monnaie commune”…)

Je rappelle au passage que la presse a encore confirmé récemment que Mme Le Pen se refuse à proposer franchement une sortie de l’euro mais annonce “une période de négociation d’au moins six mois et un référendum…” (cf. Le Figaro du 8 novembre 2013 : http://www.lefigaro.fr/politique/2013/11/08/01002-20131108ARTFIG00341-les-reseaux-secrets-du-front-national.php.

Ce qui revient très exactement, de la part de Mme Le Pen, à se moquer de la crédulité de ses électeurs et à ne prendre aucun engagement ferme de sortie puisque l’on ne sait ni sur quoi porterait la “négociation”, ni quelles seraient la date et la thématique de l’éventuel référendum.

3.2. – À la différence de tout parti français existant, AfD et Hans-Olaf Henkel a évoqué – en, novembre 2010 – la scission de l’euro entre un euro “dur” – réservé à l’Allemagne et aux peuples d’Europe du nord – et un euro “mou” – dont la France serait le chef de file.

Je renvoie ici à la notice de Hans-Olaf Herkel sur Wikipedia, dont on remarquera qu’elle n’existe qu’en allemand et.. en chinois. Ce qui prouve au passage le degré d’intérêt que les Français – et notamment les responsables du MEDEF – portent pour de bon au prétendu “couple franco-allemand” dont ils nous rebattent hypocritement les oreilles sur tous les médias ! : http://de.wikipedia.org/wiki/Hans-Olaf_Henkel.

La traduction en français du passage pertinent de cette notice est à peu près la suivante :

“En Novembre 2010 , M. Herkel a suggéré, dans une tribune publiée dans la presse, la scission de l’euro en deux monnaies distinctes, en raison de la crise de la dette dans plusieurs pays européens. D’un côté un euro “dur”, du Nord – où resteraient des pays tels que l’Allemagne, les pays du Benelux, l’Autriche, la Finlande et l’Irlande et qui ont le ” respect de la stabilité monétaire et de la discipline financière” ; et d’un autre côté un euro “mou”, du Sud, dirigé par la France, qui serait conforme au “désir de sortie et aux talents techniques d’improvisation monétaire” de ces pays [ sic].

3.3.- À la différence de l’UPR, AfD est un parti atlantiste, qui s’inscrit dans le cadre de l’OTAN et qui affirme vouloir poursuivre la prétendue « construction européenne », dont les prises de position sont ultra-libérales en matière économique et très à droite en matière sociétale.

  • 4) La nomination de l’ancien “patron des patrons allemands” comme tête de liste nationale du parti qui veut faire sortir l’Allemagne de l’euro confirme mes analyses sur ce que pense une grande partie des dirigeants du monde économique et industriel allemand.

Comme je n’ai jamais cessé de le dire, une grande partie des élites dirigeantes allemandes, et notamment  du monde des affaires, souhaite plus ou moins publiquement un rapide démantèlement de l’euro.

Hans-Olaf Herkel a d’ailleurs traduit un sentiment très répandu en Allemagne – et pas seulement dans les élites, mais aussi dans le peuple – en publiant récemment un ouvrage intitulé « RETTET UNSER GELD ! », ce qui signifie  « SAUVEZ NOTRE ARGENT ! » (cf. photo).

L’Allemagne est ainsi fort éloignée de la pensée dominante des élites dirigeantes françaises, qui prétendent quant à elles, interdire, caricaturer ou ridiculiser un tel débat et qui nient, contre les preuves les plus irréfutables, le désastre de l’euro pour l’économie française comme pour toutes les économies du continent européen.

Même si un nombre croissant de patrons français, plus ou moins grands, commencent à avouer en privé que l’euro ne peut plus durer, la chape de plomb européiste exerce encore ses effets dans notre pays. En France, il paraît encore inconcevable de voir un jour Mme Parisot, ou son successeur M. Gattaz, prendre la tête de liste d’un parti proposant que la France sorte de l’euro….

  • 5) La nomination de l’ancien “patron des patrons allemands” comme tête de liste nationale du parti qui veut faire sortir l’Allemagne de l’euro constitue un argument de poids pour contrer les manœuvres d’intimidation des pseudos “experts” européistes

L’une des techniques habituelles des européistes français consistent à refuser tout débat technique sur l’euro et à agiter des peurs et des promesses d’Apocalypse en cas de sortie de l’euro, tout en nous donnant en sérieux et comme modèle… l’économie et le patronat allemands !

Puisque ces idéologues ne connaissent que les slogans et la manipulation des foules, nous aurons désormais beau jeu de leur rétorquer que, justement, l’ancien patron des patrons allemands prend la tête de la croisade pour la sortie de l’Allemagne de l’euro.

Comment celui qui fut pendant des années à la direction de IBM Europe, puis ovationné par les patrons allemands à la tête du MEDEF allemand, pourrait-il être considéré comme un dangereux farfelu et un ignare des contraintes économiques et financières  ?

Voilà qui aura de quoi clouer le bec aux européistes de tout acabit.

  • 6) Enfin, cette nomination démontre une nouvelle fois l’importance historique que vont revêtir les prochaines élections européennes de mai 2014.

 La nomination de l’ancien “patron des patrons allemands” comme tête de liste nationale du parti qui veut faire sortir l’Allemagne de l’euro est une nouvelle preuve de l’importance politique majeure que vont revêtir les prochaines élections européennes de mai 2014 à l’échelle de toute l’Union européenne.

C’est un argument supplémentaire qui confirme le bien-fondé de la stratégie de l’UPR d’être présente à ces élections pour porter notre message et nos analyses : ne pas y participer ou appeler à l’abstention serait une faute politique et historique de toute première grandeur. Sinon la marque d’un double-jeu.

François ASSELINEAU