Le discours de Angela Merkel confirme la probabilité d’une prochaine explosion de la zone euro

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55 ans après le traité de Rome, Mme Merkel fustige la France, déclare que “La médiocrité ne doit pas devenir l’étalon” et précise que la poursuite de l’euro implique des “abandons de souveraineté” avec un “contrôle des budgets nationaux” sous-entendu : par l’Allemagne …

Angela Merkel

La chancelière allemande Angela Merkel vient de lancer un énorme pavé dans la mare ce matin du 15 juin 2012 à Berlin, sous un tonnerre d’applaudissements des dirigeants des PME allemandes, réunis par la fédération des entreprises familiales allemandes.

[source : AFP / 15 juin 2012 12h17]

« L’ALLEMAGNE NE SE LAISSERA PAS CONVAINCRE PAR DES SOLUTIONS RAPIDES COMME LES EURO-OBLIGATIONS OU UN FONDS COMMUN DE GARANTIES BANCAIRES EN EUROPE »

Elle a déploré « un manque de confiance entre les acteurs de la zone euro » et a estimé que la discussion opposant la croissance à la rigueur budgétaire était un « faux débat ».

« C’est n’importe quoi d’opposer ces concepts », a dit Mme Merkel à Berlin, en martelant une nouvelle fois que « l’Allemagne ne se laissera pas convaincre par des solutions rapides comme les euro-obligations notamment ».

Mentionnant le prochain sommet du G20 au Mexique, elle a redit et re-redit, comme elle l’a toujours fait depuis des mois et comme elle l’avait encore fait la veille, que « l’Allemagne ne se laissera pas convaincre par des solutions rapides comme les euro-obligations ou l’introduction d’un fonds commun de garanties bancaires en Europe ».

Elle a également mis les points sur les i, avec un souci de réalisme et de défense des intérêts vitaux du peuple allemand, en précisant : « Le danger des propositions précipitées de mutualisation de la dette est d’occulter les divergences de puissance économique entre les pays en nivelant les taux d’emprunt des Etats. »

On me permettra de faire remarquer que la Chancelière d’Allemagne a ainsi présenté publiquement, sous les très vifs applaudissements des dirigeants de PME allemands, exactement les arguments que j’ai exposés longuement il y a une dizaine de jours dans ma vidéo du 4 juin dernier (à partir de 20 minutes de la fin, et plus particulièrement à partir de 18 minutes avant la fin) : http://www.dailymotion.com/video/xrfhv5_entrevue-de-francois-asselineau-du-04-juin-2012_news#from=embediframe

Angela Merkel

« LA MÉDIOCRITÉ NE DOIT PAS DEVENIR L’ÉTALON »

Et Mme Merkel s’est emportée en concluant : « Celui qui occulte cela [les divergences de puissance économique entre les pays en nivelant les taux d’emprunt des Etats] finit dans la médiocrité. Et la médiocrité ne doit pas devenir l’étalon en zone euro ! ».

Au passage, elle a attaqué la France, en appelant à observer l’évolution du coût du travail en France et en Allemagne, une manière de louer les efforts de réformes faits par l’Allemagne, et l’avantage de cette dernière en terme de compétitivité.

« IL N’Y AURA PAS DE BONNE UNION ÉCONOMIQUE ET MONÉTAIRE SANS UNION POLITIQUE, SYNONYME D’ABANDON DE SOUVERAINETÉ »

Mme Merkel a enfoncé le clou : « Il n’y aura pas de bonne union économique et monétaire sans union politique, synonyme d’abandon de souveraineté. Je ne peux pas vouloir des euro-obligations et refuser tout contrôle sur les budgets nationaux. »

En d’autres termes, et avec une parfaite logique, la Chancelière d’Allemagne a rappelé qu’elle plaidait pour un contrôle budgétaire beaucoup plus strict en zone euro, permettant à la Cour européenne d’invalider des budgets nationaux déséquilibrés.

Mais, lucide sur la situation, Mme Merkel a remarqué que « cela ne plait pas à certains États » et a conclu, de façon à la fois prophétique et menaçante : « LE FUTUR DE L’EUROPE SE DÉCIDE DANS LES PROCHAINS MOIS. »

C’EST L’ENSEMBLE DE LA SOCIÉTÉ ALLEMANDE QUI COMMENCE A SE RÉVOLTER

Confirmant les déclarations fracassantes de la Chancelière, le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, a lui aussi mis les points sur les i ce 15 juin au matin, en martelant que l’Allemagne ne cédera à aucune pression et refusera tout assouplissement des conditions d’aide à la Grèce : « La Grèce a eu plus d’aide que les autres pays. Assouplir ce programme déjà allégé ne peut pas être une option. »

Cette déclaration, faite à deux jours des nouvelles élections en Grèce, signifie très concrètement que la Grèce doit accepter le plan de rigueur sans changement, ou sortir de l’euro. Pour l’Allemagne, il n’y a pas de 3ème voie.

En d’autres termes, c’est l’ensemble de la société allemande qui se révolte désormais contre le Titanic de l’euro et la folie suicidaire qui entraîne tout le continent dans un désastre d’ampleur historique.
Ce n’est pas seulement Mme Merkel et le gouvernement CDU qui est en cause : ce sont aussi les responsables de la Bundesbank, les banquiers allemands, les patrons des grandes entreprises, les dirigeants des PME, et aussi une majorité écrasante du peuple allemand.

Or, cela, les européistes français ne peuvent pas l’admettre.

Car, comble du paradoxe, ils méprisent au fond tout ce qui n’est pas français.

L’Europe dont rêvent ces Tartufes n’existe pas et n’existera jamais car elle devrait se plier à leur seul point de vue, en piétinant le point de vue et les intérêts fondamentaux des 26 autres peuples. Les européistes français estiment que les Allemands devraient raisonner comme les Français, que les Néerlandais devraient raisonner comme les Français, que les Luxembourgeois devraient raisonner comme les Français, que les Finlandais devraient raisonner comme les Français, que les Britanniques devraient raisonner comme les Français, etc.

Les européistes français affirment être des « européens convaincus » et se permettent de donner des leçons d’ouverture sur les autres ? Mais ce sont eux les plus fermés sur l’Autre et les plus xénophobes !

CONCLUSION : ; L’EXPLOSION FINALE DE L’EURO ET CELLE DE L’UNION EUROPÉENNE SONT BEL ET BIEN INÉLUCTABLES.

L’immense mérite de la société allemande est de refuser cette insoutenable superficialité des prétendues élites françaises. Les Allemands ont compris que l’euro et l’Union européenne ne sont décidément pas viables.

Certes, ils savent bien que les Américains exigent le maintien de cette folie destructrice car elle sert les intérêts états-uniens.

Mais, dans un schéma de dissuasion du faible au fort, les Allemands posent des jalons et des points de non-retour d’une logique et d’une irréfutabilité telles que même les dirigeants de Washington finiront à terme par lâcher prise.

Les évènements se chargent ainsi de démontrer que les analyses et les propositions inébranlables que l’Union Populaire Républicaine (UPR) fait depuis sa création sont décidément les bonnes et les seules justes.

L’explosion de l’euro et celle de l’Union européenne sont inéluctables. La seule question est de savoir si c’est une question de 20 ans, de 10 ans, de 5 ans, de 2 ans, de 6 mois ou de 6 semaines.
En toute hypothèse, il est proprement criminel de verrouiller tout vrai débat en France sur cette question, en interdisant de parole l’UPR. Un nombre croissant de Français s’en rendent compte, comme en a témoigné le grand succès de fréquentation et d’approbation de la réunion publique d’hier à Lyon.

François Asselineau