== Centenaire de la fin de la Bataille de Verdun (19 décembre 1916 – 19 décembre 2016) === QUELS SONT LES VRAIS ENSEIGNEMENTS À TIRER DE VERDUN 100 ANS APRÈS ?

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Opposant les armées française et allemande, la bataille de Verdun eut lieu du 21 février au 19 décembre 1916.

Conçue par le général Erich von Falkenhayn, commandant en chef de l’armée allemande, d’après la version qu’il en donne dans ses mémoires, comme une « bataille d’attrition » pour « saigner à blanc l’armée française » sous un déluge d’obus dans un rapport de pertes de un pour deux, elle se révéla en réalité presque aussi coûteuse pour l’attaquant : elle fit plus de 700 000 pertes (morts, disparus ou blessés), 362 000 soldats français et 337 000 soldats allemands, soit une moyenne de 70 000 victimes pour chacun des dix mois de la bataille.

Au même moment, de juillet à novembre 1916, l’armée britannique ainsi que l’armée française furent engagées dans la bataille de la Somme, encore plus sanglante. De plus, du 4 juin au 20 septembre, l’armée russe fut engagée dans l’offensive Broussilov, la plus grande offensive sur le front de l’Est de l’armée russe de toute la guerre. Ce sont les Russes qui contraignirent l’état-major allemand à retirer des divisions sur le front de l’Ouest pour les envoyer à l’Est, ce qui contribua à alléger une partie de la pression allemande sur Verdun.

Alors que, côté allemand, ce furent pour l’essentiel les mêmes corps d’armée qui livrèrent toute la bataille, l’armée française fit passer à Verdun, par rotation, 70% de ses « Poilus », ce qui contribua à l’importance symbolique de cette bataille et à la renommée du général Pétain qui en commanda la première partie.

C’est au général Nivelle que revint le mérite de l’enrayement définitif de l’offensive allemande (juin – juillet 1916), puis de la reconquête du terrain perdu entre octobre et novembre 1916 avec la récupération du fort de Douaumont, aidé en cela par son subordonné le général Mangin. Elle se termina le 19 décembre 1916 par un retour à la situation antérieure.

 

Le symbole de Verdun

Bien que la bataille de Verdun n’ait pas été décisive, et qu’elle n’ait eu aucune conséquence stratégique, militaire et politique notable, la mémoire collective en a tôt fait une victoire défensive de l’armée française, jugée a posteriori par les Allemands comme de même nature que la victoire de l’armée rouge dans la bataille de Stalingrad.

La bataille de Verdun fut l’une des plus longues et des plus dévastatrices batailles de la Première Guerre mondiale, ce qui a donné lieu au symbole de Verdun, la « mère des batailles » qui apparaît comme le lieu d’une des batailles les plus inhumaines auxquelles l’humain se soit livré : l’artillerie y causa 80% des pertes.

Le discours mémoriel a retenu le portrait de soldats dont le rôle consista surtout à survivre – et à mourir – dans les pires conditions sur un terrain transformé en enfer, tout cela pour un résultat militaire nul, ce qui en fait le symbole de futilité de toute guerre industrielle.

Bien que cette bataille ait montré les fautes stratégiques et tactiques de l’état-major des belligérants et qu’elle ne soit pas la plus meurtrière ni la plus décisive de la Première Guerre mondiale, l’histoire officielle française a sacralisé cette bataille de défense du territoire national. Elle en a fait le lieu de mémoire par excellence de la Première Guerre mondiale alors que l’historiographie institutionnelle allemande a privilégié la bataille de la Somme, liée au sentiment des soldats allemands d’avoir participé à une bataille défensive.

 

Les morts français et allemands de Verdun furent les victimes d’une oligarchie avide de pétrole et d’argent.

En ce 19 décembre 2016, jour centenaire de la fin de la bataille de Verdun, je tiens, en notre nom collectif, à rendre hommage avec respect et émotion à tous les soldats morts à Verdun.

Leur rendre hommage pour de bon passe aussi par la parfaite compréhension des raisonnements, des forces et des événements qui provoquèrent le drame qu’ils vécurent, afin que semblable épouvante ne se reproduise plus.

Bien que la Première Guerre mondiale passe généralement pour avoir été déclenchée par l’assassinat de l’archiduc d’Autriche François-Ferdinand par des Serbes de Bosnie à Sarajevo, la réalité est que ce conflit planétaire fut largement fomenté par Londres.

Car les Britanniques, rendus furieux de la construction du chemin de fer Bagdadbahn par les Allemands, étaient prêts à tout pour contrôler le pétrole, justement considéré par leurs stratèges géopolitiques comme la ressource émergente la plus importante du monde.

Soldats français comme soldats allemands furent ainsi les victimes des rivalités de grandes puissances qui prétendaient, les unes et les autres assurer la paix alors qu’elles précipitèrent le continent dans la guerre générale, sous l’instigation – déjà ! – d’une oligarchie financière et industrielle, avide de pétrole et d’argent.

 

Tirer les vrais enseignements de Verdun et œuvrer pour la paix du monde, c’est sortir au plus vite de l’Union européenne et de l’Otan

Réfléchir au drame de Verdun aujourd’hui ne doit donc nullement conduire à vouloir « construire l’Europe » comme on nous le répète à satiété.

Car la prétendue « construction européenne », en s’ingéniant à construire une logique de blocs antagonistes dans le cadre de la fumeuse théorie du « choc des civilisations » de Samuel Huntington et des néo-conservateurs américains, nous conduit tout droit à une 3e guerre mondiale. Cette guerre, qu’Hillary Clinton semblait envisager avec une folle délectation, opposerait l’empire euro-atlantiste (dénommé « pôle judéo-chrétien » par Samuel Huntington) contre le monde arabo-musulman (dénommé « pôle musulman ») et contre la Russie (dénommé « pôle orthodoxe »).

Tirer les vrais enseignements de Verdun et œuvrer pour la paix du monde, c’est rejeter cette prétendue « construction européenne » qui est en train de reconstituer le jeu mortifère des alliances automatiques qui nous conduisirent tout droit à la 1re guerre mondiale. Il suffit de remplacer l’empire austro-hongrois et l’empire allemand de 1914 par la Russie et le monde musulman de 2016 pour comprendre que l’Histoire, qui ne se répète jamais, risque une nouvelle fois de bégayer, avec des conséquences cataclysmiques.

Tirer les vrais enseignements de Verdun et œuvrer pour la paix du monde, c’est donc sortir de la logique criminelle du prétendu « monde multipolaire » avec ses blocs politiques et militaires.

 

Tirer les vrais enseignements de Verdun et œuvrer pour la paix du monde :

 

  • c’est précisément sortir au plus vite de l’Union européenne et de l’Otan, et dénoncer sans appel la logique d’apartheid planétaire inhérente à la théorie du “monde multipolaire”,

 

  • c’est rapatrier nos armées présentes dans des guerres illégales,

 

  • c’est redonner toute sa puissance et sa force à la Charte des Nations Unies en donnant la primauté absolue au respect du droit international,

 

  • c’est nouer des relations d’amitié et de coopération avec tous les peuples du monde, quels que soient leurs religions, la couleur de leur peau, ou leur système économique et social.

 

Telle est exactement la vision de l’UPR et de mon programme présidentiel, qui vise à assurer la paix au XXIe siècle.

François ASSELINEAU

19 décembre 2016