Entretien-choc de Frédéric Taddeï dans Le Parisien : « LES GENS QUI ME REPROCHENT D’ALLER ANIMER DES DÉBATS SUR RUSSIA TODAY SONT CEUX QUI AIMERAIENT BIEN QU’IL N’Y AIT PLUS DE DÉBATS DU TOUT. »

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Le journaliste Frédéric Taddeï avait été l’un des rarissimes journalistes français, travaillant dans un des grands médias nationaux suivis par le CSA, à m’inviter à m’exprimer dans une émission de grande écoute bien avant la campagne présidentielle de 2017.

C’était il y a bientôt 6 ans, dans son émission “Ce soir ou jamais” sur France 3, le mardi 2 octobre 2012.

Il est vraisemblable que cette invitation (pourtant très brève) ne plut pas à certains cercles dirigeants : alors même que l’UPR connaissait l’ascension que l’on sait, je n’y fus jamais réinvité ensuite, et l’émission elle-même fut… supprimée le 20 mai 2016.

Frédéric Taddeï animait par ailleurs d’autres émissions, sur France 2 et sur la radio Europe 1. Seulement voilà : cet esprit libre, qui fait honneur à la profession de journaliste parce qu’il a à cœur de donner la parole à toutes les opinions afin de susciter des débats réels, a de nouveau été discrètement sanctionné pour cela :

  • à la mi-juin 2018, il a appris que son émission “Social Club”, qu’il animait tous les soirs de la semaine entre 18h et 20h, serait désormais reléguée le week-end,
  • le 26 juin 2018, il a appris, sans explication, qu’il était évincé de l’émission « D’art d’art » sur France 2, émission culturelle qu’il animait depuis 2002, et qu’il y serait remplacé à partir de cette rentrée par Adèle Van Reeth. ( source ici )

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Faisant face à cette série de limogeages en catimini, Frédéric Taddeï a accepté de rejoindre, à partir de septembre, la rédaction de Russia Today (RT) France. Ce qui a suscité aussitôt une avalanche de critiques à son encontre, formulées par les cercles très restreints proches de ceux qui l’ont précisément privé de ses émissions sur le service public !

Le journaliste vient de donner, le 18 juillet 2018, un entretien au journal Le Parisien pour expliquer cette décision de rejoindre RT. Cet entretien vaut vraiment la peine d’être lu car il jette une lumière crue sur la dictature sournoise qui s’est abattue sur la France et qui amène de plus en plus de journalistes de qualité à quitter les grands médias du pays où leur liberté de parole est muselée.

On retiendra notamment deux formules-chocs de cet entretien :

==> 1°) À la question “Pourquoi avoir rejoint RT France ?”, Frédéric Taddeï répond : “C’est la seule chaîne qui m’ait donné carte blanche pour faire ce que je préfère à la télévision : une vraie émission culturelle avec de vrais débats, comme à l’époque de « Ce soir ou jamais » sur France 3 et France 2. La question que l’on devrait se poser, c’est pourquoi, en 2018, il faut aller sur une chaîne russe pour pouvoir le faire.”

==> 2°) À la question “Ça ne vous pose pas un problème de travailler pour un média financé et contrôlé par le Kremlin ?”, Frédéric Taddeï (dont on pourrait dire, de façon tout aussi polémique, qu’il a travaillé pendant 10 ans “pour un média financé et contrôlé par l’Élysée” ) répond : “Les gens qui me reprochent d’aller animer des débats sur RT sont ceux qui aimeraient bien qu’il n’y ait plus de débats du tout”.

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Quant à moi, je félicite Frédéric Taddeï pour son courage et son éthique professionnelle, et je lui souhaite beaucoup de succès dans ses nouvelles fonctions à RT France.

François Asselineau
19 juillet 2018