Portrait d’un énième escroc du marigot politique

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On commence à en savoir davantage sur le « problème de conformité avec les impôts » (pour reprendre la langue de bois de Matignon) qu’a commis le député socialiste de Saône-et-Loire Thomas Thévenoud, viré en catastrophe du gouvernement 9 jours après sa nomination.

Ce porte-parole du PS à l’Assemblée nationale n’aurait tout bonnement…. pas fait de déclarations d’impôts depuis 3 ans ! Ni payé d’impôts non plus, bien entendu.

Et rien ne dit qu’il a fait des déclarations d’impôts et qu’il en a payé avant…

On notera que cette affaire est à peine croyable d’un simple point de vue technique, puisque cet individu était par ailleurs un salarié. Or tous les employeurs sans exception sont légalement tenus de déclarer toute rémunération au fisc, et le système de connexions informatiques de Bercy est désormais très performant (1).

Mais le plus saisissant de cet événement est ailleurs. Il tient au fait que Thomas Thévenoud avait le culot de donner publiquement des leçons de transparence et d’intégrité fiscale, et de fustiger ceux qui fraudaient le fisc ! Exactement comme l’avait déjà fait Jérôme Cahuzac avant lui.

Tout le monde se rappelle l’affaire Jérome Cahuzac, ancien ministre du budget et lui aussi escroc patenté, qui présidait des “Assises de lutte contre la fraude fiscale” au moment même où il fraudait le fisc en planquant ses revenus sur un compte en Suisse.

Face à cet ancien camarade socialiste, le sieur Thévenoud avait pris une pause cauteleuse, faussement compatissante, aux allures d’assassinat : « J’ai une question toute simple à lui poser : pourquoi a-t-il menti à la représentation nationale ? Pourquoi s’est-il menti à lui-même ? ». Au micro de RTL, il avait même qualifié l’attitude de Jérôme Cahuzac de « trahison » (2).

Membre de la mission d’information sur la fraude fiscale des personnes physiques, Thomas Thévenoud appelait les fraudeurs à faire « repentance ».

Pourfendeur de l’évasion fiscale, il s’exclamait, en tant que porte-parole du groupe PS à l’Assemblée nationale : « A l’heure où le président de la République appelle chacun à un pacte de responsabilité, il y a une responsabilité à laquelle nous pouvons appeler les grandes entreprises : la responsabilité fiscale… Chaque citoyen français doit contribuer au financement du modèle social ».

En juin 2013, quelques jours après que le chef de l’État avait dénoncé les certains systèmes d’optimisation fiscale de grandes entreprises, il saluait sur son blog « la lutte déterminée contre la fraude et l’optimisation fiscale. […] C’est une véritable rupture avec la politique de la droite qui avait fait de l’amnistie fiscale un de ses sujets favoris ».

Le 22 juillet 2013, depuis la tribune de l’Assemblée nationale, il avait le culot de commencer son intervention lors du débat sur la “loi sur la transparence sur la vie publique” par cette phrase bien sentie :
« En 1757, Rousseau écrivait à d’Alembert : ‘‘Combien de vertus apparents cachent souvent des vices réels’’… »

Pour prendre toute la mesure d’un pareil Tartuffe – bien entendu parfait européiste par ailleurs – , il est de salubrité publique de visionner et faire circuler la vidéo du bref récapitulatif des déclarations moralisatrices de Thomas Thévenoud qui vient de sortir sur Internet :

Avec un François Hollande qui s’est fait élire sur la promesse « mon ennemi, c’est la finance », et qui nomme ensuite Emmanuel Macron, banquier d’affaires et associé chez Rothschild, comme ministre de l’économie, – et sans évoquer de nouveau ici les scandales sans nombre qui ont transformé l’UMP en cloaque -, cette affaire Thévenoud montre à quel degré de mensonge, de cynisme et d’escroquerie généralisée le monde politique ayant accès aux médias de grande diffusion est tombé.
(1) Je renvoie ici à l’article spécifique consacré à ce mystère par le Figaro

(2) Source : Le Monde