« UP’air », LA CHANSON DES MILITANTS UPR conçue et interprétée par Pascal Schrepel, l’un de nos fidèles adhérents

Je remercie vivement Pascal Schrepel pour cette initiative sympathique et symptomatique de l’époque dans laquelle nous vivons. Car l’histoire révèle que, dans toutes les périodes troublées politiquement, il apparaît spontanément, dans la population, des ritournelles moqueuses, des refrains politiques et des chansons engagées.
 
On peut faire remonter l’apparition de la chanson politique en France au début du règne de Louis XV. Une petite société de chansonniers –la société du Caveau – fut fondée en 1733 par Alexis Piron, Crébillon fils et Charles Collé, et prit l’habitude de se réunir à Paris, dans un restaurant de la rue de Buci (actuellement dans le 6e arrondissement). Cette société envoya des chansons nouvelles dans toute la France et édita un recueil d’airs et de mélodies – que l’on appelait les « timbres » – sur lesquels se composaient les chansons.
 
Pendant la Révolution française, des dizaines de chansons politiques apparurent, parfois en reprenant le même « timbre » de la société du Caveau, mais en manifestant les opinions les plus divergentes.
 
À cette époque, de nombreux chants révolutionnaires ont exprimé la lutte contre la monarchie. Tout le monde a à l’esprit « Ah, ça ira ! », l’hymne des sans-culottes, dont les paroles furent écrites sur un air à la mode par Ladré, un ancien soldat. Tout le monde connaît aussi « La Carmagnole », une chanson anonyme composée après la prise du Palais des Tuileries en 1792.
 
Le grand nom qui demeure de cette époque révolutionnaire est cependant celui d’un royaliste, le romanesque Ange Pitou (1767-1846) : les paysans vendéens en révolte eurent ainsi leur « romancero ».
 
La plus belle chanson de cette époque est peut-être « La Liberté des nègres », écrite par Pierre Antoine Augustin de Piis (1755-1832) pour célébrer l’abolition de l’esclavage, en 1794.
 
Mais de Piis se rallia à Napoléon, et le totalitarisme impérial étouffa presque toute velléité de contestation dans la chanson ; il ne put cependant pas empêcher le jeune Pierre Jean de Béranger (1780-1857) de brocarder les appétits de conquête de l’empereur dans « Le Roi d’Yvetot » (1813).
 
Béranger est la grande gloire chansonnière du xIxe siècle, le « Poète National », comme l’affirme la plaque figurant sous le médaillon en bronze réalisé par David d’Angers pour sa tombe au Père-Lachaise. Son œuvre est à-cheval entre la chanson « de bonne compagnie » du Caveau, où officia notamment son ami Marc-Antoine Désaugiers (1772-1827), auteur du « Tableau de Paris » à cinq heures le matin (1802), et celle, plus antisociale, des goguettes.
 
Pendant la Commune de Paris, en 1871, le peuple de Paris se souleva contre le gouvernement réfugié à Versailles et en pourparlers avec les Prussiens. De nombreuses chansons reflétèrent cette révolte, comme le célèbre « Temps des Cerises », qui avait en réalité été écrit cinq ans auparavant par Jean-Baptiste Clément.
 
Il faut aussi citer « L’Internationale », chanson écrite par Eugène Pottier en 1870, qui devint l’hymne officiel du mouvement communiste après la révolution de 1917. Ou encore « Les Canuts » (1894), créée par Aristide Bruant et qui décrit la révolte des ouvriers tisserands lyonnais de 1831.
 
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, « le Chant des Partisans » devint l’hymne de la Résistance. Il s’agissait d’un air composé par Anna Marly, une Russe qui travaille dans les Forces françaises libres, sur lequel Maurice Druon et l’écrivain Joseph Kessel écrivirent ensuite les paroles qui commencent par le célèbre « vol noir des corbeaux sur nos plaines ».
 
Dans les années 1950, Georges Brassens et sa moustache s’attaquèrent aux conventions, avec un peu de provocation, comme dans « La Mauvaise réputation », titre antimilitariste. Dans les années 1960, la chanson française engagée se divisa en deux branches : celle des grands chanteurs comme Léo Ferré d’un côté et celle des « yéyés », qui prirent position notamment sur la liberté sexuelle. Le pays adopta aussi le rock contestataire venu des États-Unis.
 
Dans les années 1970, Georges Moustaki, ou le chanteur communiste Jean Ferrat abordèrent souvent des thèmes politiques, et notamment la guerre du Vietnam. Chaque idéologie politique a eu ses détracteurs et partisans parmi les joyeux lurons de la chanson française. Au temps de l’URSS, Jean Ferrat a chanté son refus du communisme soviétique, Léo Ferré celui du marxisme stalinien et du capitalisme, et a fait son manifeste contre le pouvoir dans « Les Anarchistes » en 1969.
 
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En 2016, cette petite ritournelle créée par un militant qui chante – avec des accents dignes de Brassens – le combat politique mené par l’UPR mérite d’être largement diffusée.
 
Non seulement parce qu’elle est entraînante et encourageante pour chacune et chacun d’entre nous.
 
Mais aussi parce qu’elle confirme que notre mouvement s’inscrit dans une solide tradition politique et qu’elle donne à prévoir que de grands bouleversements politiques arrivent.
 
François Asselineau
8 novembre 2016

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