FRANCE, RÉPUBLIQUE BANANIÈRE : BFMTV ET CNEWS PRISES EN FLAGRANT DÉLIT DE “FAKE NEWS” en truquant systématiquement en faveur de Macron les présentations visuelles des sondages.

Lecture : 11 min

La présentation visuelle fallacieuse d’un sondage sur BFMTV le 22 août 2018 a été remarquée par RT France, qui en a fait un article qui s’est rapidement diffusé sur Internet. Cette affaire en rappelle d’autres identiques, survenues au cours des derniers mois, qui permettent de découvrir que les grands médias audiovisuels (en tout cas BFMTV et CNEWS, analysés ci-dessous) n’hésitent pas à accompagner les résultats des sondages, publiés par la presse, de représentations visuelles sciemment déformantes et allant toujours dans le même sens.

J’en examine ci-dessous trois exemples, dont celui du 22 août 2018 en dernier.

Cet examen ne porte pas sur le biais éventuel des questions posées, ni sur la valeur technique des sondages publiés (taille de l’échantillon, mode de questionnement, éventuels “redressements”…) , problèmes d’ampleur qui constitueraient un autre sujet à part entière. Il ne porte que sur la présentation imagée qui en est faite au public et qui imprime bien davantage la plupart des esprits que les pourcentages chiffrés qui les fondent.

Premier exemple : le faux “camembert” présenté par BFMTV le 24 avril 2018

Le 24 avril 2018, en pleine mobilisation syndicale contre le projet du gouvernement de démanteler un peu plus le Code du Travail (suivant en cela les GOPÉ réclamées par la Commission européenne), BFMTV présente un sondage Elabe. À la question : “Que pensez-vous de la mobilisation des organisations syndicales contre le projet de réforme du gouvernement ?”, l’institut de sondage indique que 48 % des Français s’y déclareraient opposés, 37 % favorables et 15 % indifférents.

Cette information est présentée au public par BFMTV sous forme chiffrée, mais aussi sous la forme visuelle d’un “camembert statistique” découpé en 3 portions correspondant à chacun des 3 choix offerts. Or, les téléspectateurs attentifs – et eux seulement ! – ont la surprise de constater que les 48 % qui se déclarent opposés aux manifestations syndicales représentent une portion…. supérieure à la moitié du camembert présenté :

Cette saisie d’écran est extraordinaire : au moment même où BFMTV présente un “camembert statistique” truquant gravement la perception que peuvent en avoir les téléspectateurs, une information défilante en bas de l’écran apprend que Macron déclare, devant le Congrès américain : “Nous devons lutter contre le virus des fake news” !

Pour bien comprendre le trucage de cette présentation, j’ai reconstitué, à partir d’un tableur, le “camembert statistique” présenté.

Il en ressort que l’on a le même visuel que celui présenté par BFMTV à l’antenne si l’on fixe les proportions suivantes :

  • 55 % d’opposants aux manifestations, au lieu de 48 % dans le sondage
  • 33 % de soutien aux manifestations, au lieu de 37 % dans le sondage
  • 12 % d’indifférents, au lieu de 15 % dans le sondage.

Il faut bien comprendre que le “camembert” statistique présenté à la télévision par BFMTV, n’a évidemment pas été dessiné à la main. C’est forcément un journaliste ou un infographiste de BFMTV qui l’a réalisé, à partir d’un tableur sur ordinateur, comme je l’ai fait moi-même en quelques instants, et comme toute personne travaillant régulièrement sur ordinateur sait le faire.

En d’autres termes, cela signifie que la présentation graphique fallacieuse de BFMTV du sondage du 24 avril ne vient pas d’une fâcheuse erreur d’un vague stagiaire qui n’aurait pas le compas dans l’œil. Il s’agit tout au contraire d’une personne qui, lorsqu’elle a réalisé le camembert devant être présenté à l’antenne, a délibérément :

  • introduit dans le tableur 55 au lieu de 48 (en augmentant donc de 7 points le pourcentage de Français opposés aux manifestations),
  • introduit 33 au lieu de 37 (en diminuant donc de 4 points le pourcentage de Français soutenant les manifestations),
  • introduit 12 au lieu de 15 (en diminuant donc de 3 points le pourcentage de Français indifférent aux manifestations)

Comme le cliché (à droite ci-contre) le montre aux lecteurs qui ne sont pas familiers des tableurs informatiques, il n’y a rien de plus facile techniquement que de procéder à ces trucages en quelques secondes…

On en voit le résultat : le camembert statistique présenté par BFMTV à l’antenne  le 24 avril 2018 a donné aux téléspectateurs inattentifs l’impression visuelle que les Français qui s’opposent aux manifestations syndicales seraient assez largement majoritaires : très exactement de 55 % alors que la réalité est de 48 %.

 

Inversement, j’ai réalisé tout aussi facilement en quelques secondes, le camembert statistique réel, en introduisant cette fois-ci dans le tableur les 3 données fournies par le sondage. Ce qui donne ceci :

Cette vraie présentation graphique change tout : contrairement au camembert truqué présenté à l’antenne (à gauche ci-dessus), le vrai camembert (à droite) aurait permis aux téléspectateurs de visualiser que les Français qui s’opposent aux manifestations syndicales sont minoritaires.

 

Deuxième exemple : le faux camembert présenté par CNEWS le 22 mai 2018

Un cas de figure exactement comparable s’est produit un mois après, le 22 mai 2018, sur CNEWS. Présentant un sondage Viavoice pour le Figaro qui donnait 49 % de Français opposés à la grève des fonctionnaires, 40 % favorables et 11 % sans opinion, la chaîne de télévision CNEWS a présenté le “camembert” suivant :

Comme précédemment, une reconstitution du camembert sur un tableur m’a permis de découvrir que le camembert présenté à l’antenne de CNEWS avait été truqué en introduisant les valeurs suivantes :

  • 56 % d’opposants à la grève des fonctionnaires, au lieu de 49% dans le sondage (trucage de + 7 points)
  • 43 % de soutien aux manifestations, au lieu de 40% dans le sondage (trucage de +3 points)
  • 1 % de sans opinion au lieu de 11% dans le sondage (trucage de – 10 points)

Cette fausse présentation graphique a ainsi donné aux téléspectateurs de CNEWS l’impression visuelle que les Français qui s’opposent aux grèves des fonctionnaires seraient assez largement majoritaires : très exactement de 56 % alors que la réalité est de 49 %.

Inversement,  le camembert statistique réel, en introduisant cette fois-ci dans le tableur les 3 données fournies par le sondage, donne ceci :

Cette vraie présentation graphique change tout : contrairement au camembert truqué présenté à l’antenne (à gauche ci-dessus), le vrai camembert (à droite) aurait permis aux téléspectateurs de visualiser que les Français qui s’opposent aux grèves des fonctionnaires sont minoritaires.

 

Troisième exemple : le faux camembert présenté par BFMTV le 22 août 2018

Jamais deux sans trois. Voici quelques jours, le 22 août 2018, BFMTV a de nouveau présenté à ses téléspectateurs un camembert statistique trompeur au sujet, cette fois-ci, d’une appréciation des effets de la politique de Macron sur la situation des Français.

Le sondage Elabe donne les résultats suivants :

  • 58 % de Français estiment que la politique de Macron et du gouvernement dégrade leur situation personnelle
  • 36 % estiment qu’elle n’a pas eu d’effet sur leur situation qui est restée stable
  • seulement 6 % estiment que cette politique a amélioré leur situation personnelle.

Or, la chaîne de télévision BFMTV a résumé ce sondage par la présentation du “camembert” suivant :

Comme précédemment, une reconstitution du camembert sur un tableur permet de découvrir que le camembert présenté à l’antenne de BFMTV le 22 août 2018 a été truqué en introduisant les valeurs suivantes :

  • 56 % “Elle la dégrade”, au lieu de 58 % dans le sondage (trucage de – 2 points)
  • 29 % “Elle reste stable”, au lieu de 36 % dans le sondage (trucage de – 7 points)
  • 15 % “Elle s’améliore”, au lieu de 6 % dans le sondage (trucage de + 9 points)

Cette fausse présentation graphique a ainsi donné aux téléspectateurs de BFMTV l’impression visuelle qu’il y avait un socle non négligeable d’environ 15 % des Français qui jugeraient positivement l’action de Macron  alors que la réalité est de 6 %.

 

Inversement,  le camembert statistique réel, en introduisant cette fois-ci dans le tableur les 3 données fournies par le sondage, donne ceci :

 

Cette vraie présentation graphique change tout : contrairement au camembert truqué présenté à l’antenne (à gauche ci-dessus), le vrai camembert (à droite) aurait permis aux téléspectateurs de visualiser que la politique de Macron et de son gouvernement subit un désaveu énorme : on voit clairement, en ajoutant les zones rouge et grise, que 94 % des Français estiment que cette politique dégrade ou n’améliore pas leur sort : c’est une Bérézina !

 

Conclusion : 3 fake news identiques dans leurs méthodes et leur effet pro-Macron

Devant une telle démonstration, il se trouvera peut-être encore quelques esprits naïfs ou des militants politiques aveuglés par leurs choix qui tenteront de nier qu’il s’agisse d’une manipulation médiatique délibérée.

Mais pour tout observateur intellectuellement honnête, le doute n’est plus permis : BFMTV et CNEWS ont usé à trois reprises d’un même procédé, consistant à assortir les chiffres d’un sondage par une représentation graphique mensongère, qui a pour effet d’en modifier profondément la lecture et l’interprétation.

Sachant que les tableurs font automatiquement les “camemberts” à partir des chiffres qui leurs sont donnés, on ne peut que conclure que BFMTV et CNEWS ont fait refaire dans les trois cas ces camemberts à la main par un infographiste, histoire d’influencer ceux qui ne retiennent non pas les chiffres mais les images.

Du reste, on note que, dans les 3 cas, l’effet de ces trois trucages a un sens politique bien précis : dans les trois cas, il est allé dans le sens d’un soutien à Macron et à la politique du gouvernement.

Cette analyse ne concerne que 3 cas observés au cours des derniers mois sur deux chaînes de télévision, mais il est très probable que l’on en trouverait d’autres exemples sur d’autres chaînes.

En ma qualité d’ancien candidat à la présidence de la République ayant rassemblé 332 000 électeurs,  et en ma qualité de président-fondateur de l’UPR, forte de plus de 31 740 adhérents, dont le site Internet est le plus consulté de toute la scène politique française et dont la chaîne YouTube bat des records de fréquentation, je vais :

  • saisir en notre nom collectif le CSA en lui transmettant le présent dossier,
  • demander au CSA de mettre en demeure les chaînes ici présentées de cesser immédiatement ces agissements dignes de la pire république bananière,
  • transmettre ce dossier à Emmanuel Macron, le roi des fake news, en lui demandant qu’il explique publiquement aux Français ce qu’il entend faire pour lutter contre ces fake news à répétition, dont l’objectif pathétique vise à tenter d’enrayer l’effondrement de sa popularité.

François Asselineau
25 août 2018