LA PRÉTENDUE « CONSTRUCTION EUROPÉENNE » RELANCE LES HAINES ENTRE LES PEUPLES D’EUROPE

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LA GRÈCE S’APPRÊTE À DEMANDER OFFICIELLEMENT 269 MILLIARDS D’EUROS DE RÉPARATIONS DE GUERRE À L’ALLEMAGNE.
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Il y a seize mois, en avril 2015, le ministre grec de la défense, Panos Kammenos, avait publiquement déclaré que le gouvernement grec venait de réunir des «preuves accablantes » étayant son évaluation selon laquelle les réparations dues par l’Allemagne à la Grèce au titre de la Seconde Guerre mondiale s’élevaient au montant colossal de 278,7 milliards d’euros (soit environ 302 milliards de dollars).
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La rancœur compréhensible des Grecs
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Panos Kammenos avait déclaré que la Grèce avait obtenu des documents détenus par l’armée américaine qui passaient en revue l’étendue des dommages causés pendant l’occupation nazie à l’ensemble des propriétés privées et publiques. Il avait même précisé qu’il « existe des preuves accablantes détaillant ce (passé) dans chaque village et dans chaque ville. Les preuves sont si convaincantes que cela va conduire à la réouverture des dossiers, même ceux qui sont déjà passés devant le tribunal. »
À l’époque, le gouvernement Tsipras n’avait que deux mois d’ancienneté et cette prise de bec sur les réparations de guerre avait ajouté aux tensions entre les deux pays quant aux remboursements de la dette par la Grèce en difficulté.
Face à l’intransigeance du gouvernement allemand sur l’affaire du sauvetage financier de la Grèce, c’est le ministre adjoint des Finances, Dimitris Mardas, qui avait annoncé devant une commission parlementaire que les demandes de réparation privées et publiques de la Grèce s’élevaient à la somme colossale de 278,7 milliards d’euros.
Il avait alors été rappelé que l’Allemagne nazie avait occupé militairement la Grèce pendant trois ans, que ce régime barbare avait provoqué la mort de dizaines de milliers de personnes, mortes de faim ou exécutées de façon aléatoire en rétorsion aux actions commises par les combattants de la résistance grecque. Il avait aussi été rappelé que l’occupant allemand avait détruit les infrastructures vitales du pays au cours de sa retraite.
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Le refus embarrassé de l’Allemagne
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En réponse à l’évocation charmante de ce passé délicat, l’Allemagne avait alors répondu qu’elle avait déjà réglé ses réparations à la Grèce dans les accords d’après-guerre. Sigmar Gabriel, le ministre allemand de l’économie, avait protesté contre le fait que le nouveau gouvernement grec « de gauche radicale » tentait d’utiliser la question des réparations de guerre pour influencer les négociations sur la dette.
Il avait même laissé percer son irritation en déclarant aux médias de façon peu diplomatique : « Pour être honnête, je pense que c’est stupide. Cela ne nous fera pas bouger d’un millimètre sur la question de la stabilisation de la Grèce. »
Le ministre Gabriel avait réaffirmé que l’Allemagne estime que le traité de 1990 relatif à la souveraineté allemande a clos officiellement le débat sur les paiements de réparation de guerre. Mais il avait néanmoins concédé qu’il ne pensait pas qu’il fallait tirer un trait définitif sur les discussions concernant la culpabilité de l’Allemagne.
Il était même allé jusqu’à dire : « L’Allemagne devra continuer à faire face, encore et toujours, à la question de savoir si ce qu’elle a fait après 1945 était suffisant, ou si elle porte encore une certaine responsabilité aujourd’hui. »
[ Source : http://www.vosizneias.com/…/1241-germany-dismisses-greek-d…/ .]
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L’affaire des réparations rebondit en ce 15 août 2016
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Seize mois ayant passé depuis cette passe d’armes gréco-allemande, certains observateurs auraient pu penser que l’affaire avait été discrètement réglée entre Mme Merkel et M. Tsipras derrière les portes capitonnées d’un quelconque sommet européen.
Eh bien non.
D’une part, ce serait mal connaître les Grecs que de croire que c’est un peuple qui lâche prise aussi facilement que cela. Il ne faut jamais oublier que le peuple grec a mené pendant plus de trois ans une résistance massive contre ses occupants fascistes – Italiens, Bulgares et surtout Allemands – avec un courage héroïque face à une politique de terreur. Il ne faut jamais oublier non plus que cette résistance grecque fut brisée en décembre 1944, avant même la fin de la guerre, par une brutale intervention britannique, le Royaume-Uni étant la puissance « protectrice » de la Grèce depuis 1832. Winston Churchill, craignant que la Grèce ne bascule dans le camp soviétique et voulant surtout maintenir la Grèce sous la domination britannique, fit persécuter et exécuter les partisans grecs tout en maintenant les collaborateurs des nazis à leurs postes à la tête de l’armée, de la police et des organes de l’État.
D’autre part, ce serait sous-estimer l’extrême rancœur que le peuple grec ressent à l’égard des Allemands de façon générale, et de l’inflexibilité de leurs exigences pendant le règlement – d’ailleurs toujours provisoire – de la faillite grecque. Il faut d’ailleurs souligner que la situation économique et sociale de la Grèce est toujours aussi catastrophique depuis l’arrivée de Tsipras au pouvoir.
Conséquence ? Eh bien l’affaire des réparations de guerre vient de ressortir en pleine lumière ce 15 août 2016 après avoir cheminé lentement mais sûrement dans les méandres de la bureaucratie parlementaire.
On vient d’apprendre en effet que la commission parlementaire grecque réunie sur la question a décidé de soutenir la demande faite par le gouvernement l’année dernière sur les réparations.
Pour être précis, le parlement grec se prépare à demander officiellement à l’Allemagne de verser à la Grèce 269 milliards d’euros (et non plus 278,7 milliards) de dommages-intérêts, du fait de l’occupation et des exactions allemandes commises en Grèce pendant la Seconde Guerre mondiale.
Cette information, qui a été annoncée ce 15 août par le magazine allemand Der Spiegel, indique que les députés vont également dire les moyens que la Grèce envisage de prendre pour intenter une action en justice contre l’Allemagne afin de récupérer ce montant colossal de 269 milliards €. Le rapport de la commission parlementaire, qui fait 77 pages, doit être déposé dans quelques jours, au début septembre.

[ Source : https://euobserver.com/tickers/134636 .]
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CONCLUSION
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C’est à tort que les grands médias français gardent l’omerta sur cette affaire de réparations. Car les passions sont à vif en Grèce contre l’Allemagne, et en Allemagne contre la Grèce. Et il y a tout lieu de penser que cette affaire va empoisonner les sommets européens au cours des mois et des années qui viennent. Comme si l’Union européenne avait besoin de ce nouveau conflit interne !
La prétendue « construction européenne » est en train d’illustrer cette célèbre Pensée de Pascal « L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête.»
Affirmant assurer la paix sur le continent européen en ligotant ensemble, contre vents et marées, 28 États souverains et 28 peuples différents dans une même législation et une même monnaie continentale, la prétendue « construction européenne » est en train de faire renaître des haines entre les peuples du continent.
Vouloir « faire l’ange » en forçant les 28 peuples à se ligoter sans raison dans une entité forcément anti-démocratique, cela ne peut aboutir qu’à « faire la bête ».
La meilleure façon d’assurer la paix en Europe, c’est de procéder à la dislocation de l’Union européenne, de l’euro et de l’OTAN, et de permettre aux peuples d’Europe de gérer chacun leurs affaires et leurs monnaies, en respectant scrupuleusement les principes de non-ingérence dans les affaires d’un autre État, conformément à la Charte des Nations-Unies.
François ASSELINEAU
15 août 2016
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En photo : cliché pris le 21 mars 2015 au Musée du massacre de Kalavryta, Grèce.
Le « massacre de Kalávryta », également appelé « l’holocauste de Kalávryta » est un crime de guerre nazi perpétré par des membres de la Wehrmacht, le 13 décembre 1943, dans le village de Kalávryta au cours de l’occupation de la Grèce pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce crime de guerre est comparable à celui commis par les Allemands en France à Oradour-sur-Glane.
Le 9 décembre 1943, le village de Kalavryta fut cerné par les soldats allemands afin qu’aucun habitant ne puisse s’échapper. L’armée allemande rassura les habitants, en leur indiquant qu’ils ne recherchaient que des rebelles. Les troupes allemandes dirigées par Karl von Le Suire, en représailles à la mort de 81 soldats allemands tués par des résistants, brûlèrent d’abord certaines maisons du village.
Puis, le 12 décembre 1943, les femmes et les enfants de moins de 14 ans furent séparés des hommes et ceux-ci furent tous conduits à l’extérieur du village et abattus. Selon les estimations, il y avait 1 436 hommes âgés de 14 à 80 ans, soit 70,5% de la population masculine du village. Seuls treize hommes en réchappèrent.
Le village fut ensuite incendié, ainsi que le monastère de Sainte Laure du Péloponnèse, lieu symbolique d’où avait commencé la guerre d’indépendance de la Grèce.
Sur les lieux du massacre, s’élève aujourd’hui un mémorial rappelant la date de l’évènement et portant sur de hautes stèles le nom de toutes les victimes. Le dernier des 13 survivants du massacre, Argyris Serlelis, est décédé le 27 février 2005.
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