Les européistes affirment que le Brexit serait dangereux pour la nature et nuirait tout particulièrement aux blaireaux

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Dans un courrier adressé il y a quelques semaines au ministre britannique de l’Environnement, Liz Truss, et rendu public, 13 universitaires et anciens hauts fonctionnaires avaient affirmé craindre les conséquences environnementales du Brexit.

Affirmant que l’essentiel du droit de l’environnement serait d’origine communautaire, les signataires estiment qu’une sortie de l’UE amoindrirait l’efficacité de la réglementation nationale. « L’appartenance de la Grande-Bretagne à l’UE a eu beaucoup d’effets positifs pour nos plages, nos cours d’eau et nos rivières, notre air et pour la plupart des oiseaux menacés, des plantes, des animaux et leur habitat ».

Est-ce de l’humour involontaire ? Le site Euractiv a résumé cette mise en garde en s’interrogeant gravement, par une photographie : « Les blaireaux une espèce qui peine à survivre au Royaume-Uni, seront-ils les premières victimes du Brexit? »

[ Source : http://www.euractiv.fr/section/climat-environnement/news/un-brexit-serait-dangereux-pour-la-nature/]

Commentaires

Ces 13 « universitaires et anciens hauts fonctionnaires » n’ont pas expliqué pour quels motifs ni par quelle succession d’événements la législation britannique de protection de l’environnement adoptée au niveau national serait soudain invalidée parce que le Royaume-Uni ne siègerait plus à Bruxelles.

Ces « universitaires et anciens hauts fonctionnaires » n’ont pas jugé bon non plus d’appuyer leurs prédictions apocalyptiques par des preuves un tant soit peu rationnelles et scientifiques.

Pourtant, l’Université américaine de Yale publie chaque année, depuis 15 ans, un volumineux rapport sur l’« Indice de Protection Environnemental » (« Environmental Protection Index » ou EPI), dans lequel elle analyse près de 180 pays du monde et leurs stratégies de protection de l’environnement. Cet indice EPI est construit par le calcul et l’agrégation de plus de 20 indicateurs reflétant les données environnementales au niveau national.

Or, ce que nous apprend la dernière parution de l’EPI 2016, c’est que l’Islande (2e rang mondial), la Suisse (16e) et la Norvège (17e) – qui sont les 3 pays d’Europe occidentale non membres de l’UE – se classent en haut du tableau mondial, comme d’autres États européens qui sont, eux, membres de l’UE : Finlande (1er), France (10e), Royaume-Uni (12e), Autriche (18e), Irlande (19e), Grèce (21e)…

L’affirmation des 13 « universitaires et anciens hauts fonctionnaires » – qui établit un lien de causalité entre l’appartenance à l’Union européenne et la protection de l’environnement – ne repose donc sur aucun fondement scientifique.

Leur mise en garde est d’ailleurs d’autant plus mensongère qu’un nombre significatif d’États membres de l’UE sont dans des rangs de classement médiocre de leur EPI.

Tel est le cas de la République tchèque (qui se classe au 27e rang mondial, derrière le Canada et les États-Unis qui sont aux 25e et 26e rangs), mais aussi de la Hongrie (28e), de l’Italie (29e), et de l’Allemagne (qui occupe étonnamment le médiocre 30e rang).

Sans parler de ces États membres de l’UE qui sont des mauvais élèves en matière de protection environnementale : la Bulgarie (33e rang mondial, derrière l’Azerbaïdjan et la Russie qui sont aux 31e et 32e rangs), la Roumanie (34e), les Pays-Bas (36e, derrière le Belarus), Chypre (40e) et la Belgique (41e rang mondial) !

[ Le rapport 2016 est disponible en PDF ici https://issuu.com/2016yaleepi/docs/epi2016_final ; le tableau comparatif mondial de l’EPI figure en double page 19-20 ]

Conclusion

Les 13 « universitaires et anciens hauts fonctionnaires » qui ont écrit une lettre ouverte pour affirmer craindre les conséquences environnementales du Brexit n’ont pas agi comme des scientifiques ou des hauts fonctionnaires neutres.

Ils ont agi comme des propagandistes, chargés de la sale besogne de faire peur aux électeurs.

Cela confirme une nouvelle fois que l’européisme esquive toute analyse rationnelle et joue sur les peurs primaires de l’électorat, ce qui est très exactement la caractéristique d’un populisme.

François ASSELINEAU