Abstention et déroute historique de LREM lors des élections législatives partielles. La crise politique s’amplifie à toute allure.

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On croyait avoir déjà vu bien des choses. Mais la réalité a dépassé la fiction avec les élections législatives du dimanche 20 septembre 2020.

1°) UN TAUX D’ABSTENTION EXTRÊMEMENT ET DOUBLEMENT INQUIÉTANT

Le niveau d’abstention a atteint des records inimaginables, allant de 79 % dans le Bas-Rhin à 87 % dans le Val-de-Marne. Même pour des élections législatives partielles, où le taux de participation est traditionnellement moindre que d’habitude, 8 à 9 électeurs sur 10 ont décidé de ne pas aller voter. C’est quasiment du jamais vu pour ce type d’élection.

Certains peuvent trouver cette situation amusante. Ce serait bien à tort. C’est au contraire une situation extrêmement et doublement inquiétante.

1-1- Une représentation de plus en plus faussée

Lorsque le taux d’abstention atteint 80 à 90 %, les seuls qui continuent à aller voter sont :

– soit les personnes les plus âgées, dont beaucoup ne comprennent la politique actuelle que selon le prisme ancien de leurs jeunes années, prisme dont c’est peu dire qu’il n’a plus rien à voir avec la réalité.
C’est ainsi que les militants rencontrent sur les marchés des personnes âgées qui croient encore “voter gaulliste” en votant LR, ou qui croient encore “voter socialiste” en votant PS, ou qui croient encore “voter communiste” en votant pour le PCF. Impossible bien entendu de les détromper, elles ne veulent pas voir la réalité en face car cette réalité ruinerait tout ce en quoi elles ont cru pendant tant d’années.

– soit ceux qui y ont personnellement intérêt : élus, collaborateurs des élus, salariés des collectivités locales et des structures financées sur fonds publics, ainsi que leurs familles.
C’est la porte ouverte aux systémes de clientélisme local, où les idées politiques n’ont plus aucune importance et où seul compte le partage clanique, sinon mafieux, des emplois et des prébendes.

Sous ce triple phénomène de l’abstention massive, ainsi que de l’anachronisme et du clientélisme des votants résiduels, le système représentatif, qui l’est déjà peu du fait du système uninominal majoritaire à deux tours, produit des résultats ahurissants, de plus en plus déconnectés de l’opinion publique.

C’est ainsi qu’avec 82 % d’abstention, les rares électeurs de la 5e circonscription de Seine-Maritime – terre traditionnellement “fabiusienne” – ont voté pour le candidat du PS à 40 % ! Et cela alors que le PS est devenu un parti fantôme pour 90% des Français.

Cette déconnexion entre ce que pense la majorité des gens et les résultats qui sortent des urnes est ainsi parfois tellement énorme qu’elle en devient grotesque. Cela contribue à alimenter des rumeurs d’élections ou de résultats truqués, rumeurs qui ont pour effet d’inciter encore davantage de citoyens à verser dans l’abstention….

1-2- La politique n’étant plus perçue comme susceptible de changer la situation, la violence ne cesse de gagner du terrain

Le fait que le taux d’abstention atteint 80 à 90 % prouve à lui seul qu’une majorité écrasante de Français estiment désormais que les problèmes de la France ne peuvent plus se régler par la voie des urnes.

Quiconque a tenté de distribuer des tracts politiques sur les marchés sait à quoi s’en tenir : quel que soit le parti, il se trouve une majorité de passants qui détournent poliment le regard ou qui s’exclament au contraire avec force qu’ils “ne s’intéressent pas à ça”, ou que “de toute façon, tous les partis politiques sont équivalents, ce sont tous des pourris”.

Si Macron sortait un peu pour écouter les Français, ou si les Préfets lui donnaient à lire des rapports non édulcorés, il serait effaré par l’exaspération de l’opinion publique à son encontre.

La grande majorité de nos concitoyens ne supporte plus les bavardages incessants, contradictoires, vides de sens et immatures du locataire de l’Élysée. Ils ne supportent pas davantage la fadeur, la médiocrité et l’ennui qui émanent de son Premier ministre.

Dans leur très grande majorité, nos compatriotes sont ulcérés par la montée de la violence et de l’impunité dont semblent bénéficier beaucoup de délinquants. Ils voient rouge devant le triomphe insolent des squatters, et devant ce sentiment, certes caricatural mais néanmoins très généralement répandu parce qu’il correspond en partie à une certaine réalité, que les délinquants ont tous les droits et que l’État se désintéresse du sort des victimes.

Nos compatriotes n’en peuvent plus non plus de la montée inexorable du chômage, de la débandade de notre économie, du pillage de toutes nos industries de pointe par des intérêts étrangers, d’une immigration hors de contrôle.

Plus généralement, la majorité des Français sont exaspérés par les attaques incessantes contre tout ce qui fait la France, sa culture, son mode de vie, ses traditions. Ils ont le sentiment d’être dirigés par des fous furieux qui ont la passion de tout détruire, depuis le sapin de Noël jusqu’au Tour de France en passant par la langue française, l’histoire de France, etc.

Dès lors, un climat lourd et horriblement malsain ne cesse de se développer en France, et ceci s’est accéléré depuis la Covid-19 et la gestion constamment contradictoire qui en a été faite.

De plus en plus, on entend autour de soi des gens affirmer que “tout cela va mal tourner”, qu’il “faut se constituer en milice d’autodéfense” et, pire encore, que “nous allons de toute façon vers la guerre civile”.

C’est sous cet éclairage-là qu’il faut analyser les taux d’abstention de 80 à 90 %. Ils ne sont pas seulement effarants, ils laissent entrevoir un avenir effrayant.

2°) LA DÉROUTE D'”EN MARCHE !”

Le parti “En Marche !” a été exclu de tous les seconds tours des 6 élections législatives partielles de ce dimanche 20 septembre 2020.

Il a même réussi ce tour de force de perdre jusqu’à 95 % de son électorat en à peine plus de trois ans.

https://www.leparisien.fr/politique/legislatives-partielles-les-raisons-de-la-deroute-de-lrem-21-09-2020-8388663.php



Cette débandade absolue du parti de Macron et ce rejet massif de la politique politicienne par les Français a conduit Pierre Person à présenter sa démission de son poste de n°2 du parti…. mais pas sa démission de son poste bien payé de député, bien entendu.

Ce député totalement inconnu, rival de Stanislas Guérini, l’actuel Délégué général de LREM, a trouvé astucieux de donner le coup de pied de l’âne au parti qu’il codirigeait pour tenter de sortir de l’anonymat.

Sa démission est d’ailleurs assortie d’une déclaration savamment assassine indiquant que LREM n’est pas «en mesure d’affronter» la «nouvelle étape du quinquennat» et invitant les autres dirigeants à quitter le Titanic.

https://www.lefigaro.fr/politique/le-numero-deux-de-lrem-claque-la-porte-et-invite-toute-la-direction-du-mouvement-a-l-imiter-20200921

Quelles que soient ces péripéties cyniques et politiciennes, les résultats des législatives partielles de ce 20 septembre 2020 invitent à ne pas porter beaucoup d’attention ni de crédit aux sondages de popularité qui nous prédisent que Macron serait réélu en 2022.

Sera-t-il même candidat ?

3°) ET L’UPR DANS TOUT ÇA ?

Comme le savent tous ceux qui nous suivent, l’UPR avait décidé de présenter des candidats dans deux des élections législatives partielles d’hier :

Jean-Christophe Loutre et Amélie Marquer dans la 5e circonscription législative de Seine-Maritime,

Laurent Cocheton et Jonathan Bouillonnec dans la 11e circonscription législative des Yvelines.

Notons qu’il s’agissait de circonscriptions sociologiquement très différentes l’une de l’autre.

Disons-le tout de suite. Les résultats obtenus ont été une nouvelle fois, hélas, inférieurs à nos espoirs. Nous n’avons toujours pas réalisé cette percée spectaculaire qui contraindraient les grands médias à parler de nous.

Pour autant, ces résultats nous donnent de solides raisons de poursuivre inlassablement notre combat. Car, pour modestes qu’ils aient été, ils ont montré quand même une hausse de nos pourcentages par rapport aux élections législatives générales de 2017 :

Score de l’UPR dans la 5e circonscription de Seine-Maritime
2017 : 1,10 % (Candidat : Jean-Christophe Loutre)
2020 : 1,73% (Candidat : Jean-Christophe Loutre)

Score de l’UPR dans la 11e circonscription des Yvelines
2017 : 0,62 % (Candidat : Yassine Amar)
2020 : 1,20% (Candidat : Laurent Cocheton)

Il est intéressant, du reste, de comparer les scores de certains candidats à la présidentielle de 2017 et les scores des partis correspondants à cette législative partielle 2020 :

MACRON 2017 – 1er tour élection présidentielle : 24,0 %
LREM 2020 – 1er tour législative 5e Seine-Maritime : 10,72 %
LREM 2020 – 1er tour législative 11e Yvelines : 15,42 %

LE PEN – 1er tour élection présidentielle de 2017 : 21,3 %
RN 2020 – 1er tour législative 5e Seine-Maritime : 18,01 %
RN 2020 – 1er tour législative 11e Yvelines : 7,13 %

FILLON – 1er tour élection présidentielle de 2017 : 20,01 %
LR 2020 – 1er tour législative 5e Seine-Maritime : 9,71 %
LR 2020 – 1er tour législative 11e Yvelines : 36,62 %

MÉLENCHON 2017 – 1er tour élection présidentielle : 19,58 %
FI 2020 – 1er tour législative 5e Seine-Maritime : 8,70 %
FI 2020 – 1er tour législative 11e Yvelines : 6,48 %

ASSELINEAU 2017 – 1er tour élection présidentielle : 0,92 %
UPR 2020 – 1er tour législative 5e Seine-Maritime : 1,73 %
UPR 2020 – 1er tour législative 11e Yvelines : 1,20 %

Si l’on examine ces résultats minutieusement et objectivement, on découvre que l’UPR, tout en restant encore marginale, progresse sur les 2 circonscriptions entre 2017 et 2020, alors que ce n’est pas le cas des autres partis.

On découvre aussi que la moyenne sur les 2 circonscriptions est désormais la suivante :
– LREM : 13,1 %
– RN : 12,6 %
– LFI : 7,6 %
– UPR : 1,5 %

Cela signifie que, sur ces 2 circonscriptions, l’UPR obtient :
– 11,4 % du résultat de LREM
– 11,9 % du résultat du RN
– 19,7 % du résultat de LFI

Si l’on s’en tenait à la stricte proportionnalité et à ces deux seuls résultats, je devrais donc avoir un temps de parole et une couverture médiatique sur les médias CSA (TF1, FR2, BFMTV, CNEWS, LCI, FRANCE INTER, EUROPE 1, RTL, etc.) de l’ordre :
– de 11 % de ceux consacrés à Macron,
– de 12 % de ceux consacrés à Le Pen
– et de 20% de ceux consacrés à Mélenchon.

En réalité, nous avons eu 0 h 0 min 0 s sur tous les médias CSA cumulés, depuis le 1er janvier 2020 jusqu’à aujourd’hui,

Aussi modestes soient-ils, nos résultats nous donnent donc des motifs d’espérer et de poursuivre avec opiniâtreté notre combat.

François Asselineau
21/09/2020

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