Fin de la plaisanterie médiatique du barrage à Macron lors des élections européennes : la politique économique et sociale de la France pour 2019-2020 est sortie !

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Pendant toute la campagne des élections européennes, les médias et les autres partis politiques ont fait croire que voter pour eux pourrait changer la politique d’Emmanuel Macron. « Faire barrage à Macron » pourrait infléchir sa politique.

Nous annoncions quant à nous que ces élections ne changeraient pas la politique nationale, car les députés européens n’ont aucun pouvoir sur les « grandes orientations des politiques économiques » (GOPÉ)  et ne peuvent pas non plus modifier les traités.

Malgré les mises en garde constantes de l’UPR, une très grande majorité de Français vont à nouveau découvrir que leur vote n’a rien changé et que LREM, le RN ou EELV, tout comme LR ou FI, les ont une nouvelle fois roulés dans la farine.

Les Français et des pseudo-spécialistes de l’analyse politique découvrent avec effroi les réformes antisociales qui ont lieu depuis le début du quinquennat (SNCF, casse du droit du travail, rabotage de l’ISF, baisse de l’impôt sur les sociétés, hausse de la CSG, baisse de l’assurance chômage, stagnation du SMIC, désindexation des retraites sur l’inflation, hausse des taxes sur les carburants, privatisations tous azimuts, etc.) alors qu’il suffisait de lire les GOPÉ 2016-2017, 2017-2018 et 2018-2019 pour en anticiper l’adoption.

Du fait de l’engagement de la France dans l’euro et dans l’Union européenne, toutes les grandes décisions de notre politique économique et sociale sont directement dictées par les « recommandations » de la Commission européenne, également intitulées « grandes orientations des politiques économiques » (GOPÉ) , que l’institution technocratique bruxelloise publie normalement chaque année à la mi-mai.

Or, la Commission européenne vient de publier ce 5 juin 2019, la mise à jour annuelle de ces fameuses « recommandations ».

Notons au passage que la Commission n’a pas voulu prendre de risque électoral : ces « GOPÉ », habituellement publiées autour du 20 mai, ont en effet été publiées cette fois-ci APRÈS les élections européennes. De la même façon que la suppression de 1 000 postes à General Electric Belfort (ex-Alstom) ou la procédure de sanction contre l’Italie ont été annoncées après ces élections.

LE PRÉAMBULE DU RAPPORT DES « GOPÉ » 2019-2020

Notons tout d’abord trois éléments intéressants dans le préambule :


1er élément du préambule

Le document précise que, « en tant qu’État membre dont la monnaie est l’euro, et compte tenu des liens étroits entre les économies de l’Union économique et monétaire, la France devrait veiller à mettre en œuvre intégralement et en temps utile la recommandation concernant la zone euro, telle qu’elle ressort des recommandations figurant aux points 1) à 4) ci-dessous ».

Il faut noter ici que les points 1) à 4) correspondent à l‘intégralité des « recommandations ». Cette note du préambule tord en soi l’argumentaire des européistes (et des crédules) qui ont tendance à atténuer la portée des GOPÉ en expliquant qu’il ne s’agirait que de recommandations et non pas d’obligations.

Nous démontrions dans une vidéo récente, à regarder absolument, qu’il s’agit bien d’obligations.


2e élément du préambule

Le document précise par ailleurs que, « le 26 avril 2019, la France a présenté son programme national de réforme et de stabilité pour 2019 ».

Il s’agit du mécanisme classique des GOPÉ en vertu duquel la France présente sa copie économique et sociale, tel l’élève qui rend sa copie au professeur.

Cette procédure est d’autant plus ahurissante les années d’élection présidentielle, comme en 2017, puisque les GOPÉ doivent être appliquées pendant les deux années en question, peu importe le résultat des élections. Le nouveau gouvernement italien se heurte d’ailleurs à cela et subit une procédure de sanction. Il n’y aura pas 36 issues :

  • ils rentrent dans le rang comme Tsipras et appliquent finalement les « recommandations »,
  • ils n’appliquent pas les GOPÉ, vont à l’affrontement : soit ils rentrent dans le rang après le conflit, soit alors ils seront sanctionnés financièrement jusqu’à une sortie,
  • ils décident de sortir de l’Union européenne et de l’euro et évitent les sanctions et les querelles avec les partenaires européens, mais ce scénario est peu probable, étant donné que cela n’était au programme d’aucun des deux partis. Ils n’auront en aucun cas la légitimité démocratique nécessaire à un tel bouleversement géopolitique.

3e élément du préambule

Le préambule du document indique enfin : « À la lumière des résultats du bilan approfondi de la Commission et de cette évaluation, le Conseil a examiné le programme national de réforme et le programme de stabilité. »

La preuve est ainsi apportée une nouvelle fois que, contrairement à ce que les médias et les dirigeants des partis politiciens veulent faire croire aux électeurs, le gouvernement français n’est pas libre de ses choix : les GOPÉ se retrouvent bien dans le PNR et sont donc bien la feuille de route économique et sociale du gouvernement français.

Le règlement n° 1176/2011 dont il est ici fait référence est d’ailleurs explicite en ce qui concerne la possibilité d’avertissements en cas de non-respect des GOPÉ.

Ce règlement qui a été complété le même jour, le 16 novembre 2011, par le 1173/2011, explicite l’amende de 0,2 % du PIB sous forme de dépôt en cas de non-respect des GOPÉ. Pour la France, le dépôt est de l’ordre de 4,6 milliards d’euros et ne sera restitué que si les réformes sont mises en œuvre. Ce sont donc de facto des obligations.

LE CONTENU DES « RECOMMANDATIONS » POUR 2019-2020

Il convient maintenant de lire ces « recommandations » et d’en décrypter les six principales.


1) Que signifie « utiliser les recettes exceptionnelles pour accélérer la réduction du ratio d’endettement public »  ?

Cela veut tout simplement dire qu’il faut privatiser des biens publics pour réduire la dette publique. En effet, la croissance n’étant pas fabuleuse et les taxes mises en place telles que celles sur le diesel et l’essence, que les Français constatent au quotidien, étant établies pour durer, « les recettes exceptionnelles » ne peuvent être que des cessions d’actifs publics, ce qui est d’ailleurs cohérent avec l’article 106 du TFUE.

Il ne faut donc pas s’étonner de voir publiquement sur la table les privatisations des Aéroports de Paris, de la Française des jeux, de Engie (ex-GDF) ou la concession des barrages hydroélectriques.

Ce n’est donc pas une surprise quand le gouvernement affirme que ces privatisations aideront au « désendettement » de l’État. Ils répondent aux GOPÉ.


2) Que signifient « veiller à ce que le taux de croissance nominal des dépenses (publiques) primaires nettes ne dépasse pas 1,2 % en 2020 » et « réduire les dépenses » ?

Cette formule pour initiés signifie que, comme tous les ans, la Commission européenne exige que la France poursuive une politique d’austérité renforcée. Ils montent d’ailleurs en puissance puisqu’ils exigeaient de ne pas dépasser 1,4 % dans les GOPÉ de l’année dernière.

La version du rapport de l’année 2015 insistait sur le fait qu’« il est impossible de dégager à court terme d’importantes économies sans ralentir considérablement la croissance des dépenses de sécurité sociale. […] Des économies de 11 milliards d’euros sur les dépenses de santé sont prévues pour 2015-2017, mais des efforts supplémentaires seront nécessaires pour limiter les hausses de dépenses dans ce domaine. »

Dans le préambule, des domaines sont explicitement visés. C’est notamment le cas des dépenses de santé avec une réforme de baisse des dépenses. On en voit clairement les conséquences dans les hôpitaux publics. Dans le contexte d’une population vieillissante, c’est particulièrement préoccupant.

Au-delà des dépenses sociales, c’est aussi le prétexte des réformes territoriales de démantèlement de la France. La Commission se félicite des fusions de Régions qu’elle avait exigées dans les GOPÉ 2013-2014 et appelle à la réduction du nombre de communes. Attendons-nous à voir dans les mois qui viennent une accélération des fusions forcées de communes.


3) Que signifie « réformer le système de retraite pour uniformiser progressivement les règles des différents régimes de retraite » ?

Cette formule signifie, comme c’est habituellement le cas avec l’UE, harmoniser vers le moins-disant pour diminuer la dépense publique. Dans le préambule des GOPÉ de l’année dernière, il est d’ailleurs indiqué que cela pourrait faire économiser 5 milliards d’euros de dépenses publiques.


4) Que signifie « favoriser l’intégration de tous les demandeurs d’emplois sur le marché du travail » ?

Cette formule, toujours dans la novlangue bruxelloise, amène deux éléments majeurs que l’on retrouvera sans doute dans le PNR 2020 :

  • La poursuite de la casse du Code du travail comme cela a été fait avec les lois El Khomri et Macron, en réponse aux GOPÉ antérieures.
  • Le gel du SMIC ou du moins aucune augmentation substantielle du SMIC à prévoir. Rappelons que la hausse de la prime d’activité promise par Emmanuel Macron n’est en rien une hausse du SMIC et que, sur la demande des GOPÉ, le SMIC est gelé en France depuis 2007. Cela signifie qu’il augmente au minimum légal, c’est-à-dire l’inflation ou à peine, selon le panier sélectionné par le comité d’expert. Il y a eu un seul minuscule coup de pouce en 2012 qui correspondait à une hausse de 8 euros bruts par mois, c’est-à-dire pas même un paquet de cigarettes.

5) Que signifie « réduire les impôts sur la production » ?

Il s’agit de baisser l’impôt sur les sociétés, les cotisations sociales et autres taxes aux entreprises (taxe foncière, contribution économique territoriale, taxe sur les salaires, etc.) de manière uniforme, quelle que soit la taille de l’entreprise.

Et il s’agit peut-être même d’augmenter la TVA et/ou à nouveau la CSG que paient tous les ménages, à commencer par les plus modestes. C’est Robin des Bois à l’envers puisqu’il s’agit de faire payer davantage les pauvres pour enrichir les très riches.

On pourrait imaginer un impôt sur les sociétés plus progressif avec une baisse du taux pour les artisans, PME et TPE, qui sont les principaux créateurs d’emplois. Ce n’est pas du tout ce qui est demandé. Rappelons que le gouvernement en réponse aux GOPÉ antérieures s’était déjà engagé à baisser l’impôt sur les sociétés de 33,33 % à 25 % d’ici 2022.

C’est à la fois une injustice morale, un scandale social et une stupidité économique insondable.


6) Que signifie « réduire les restrictions réglementaires notamment dans le domaine des services » ?

Quand on lit dans le détail le préambule, c’est en fait, une  nouvelle fois, les professions réglementées qui sont dans l’œil du cyclone.  Sont visés plus particulièrement cette année :  

  • les experts-comptables,
  • les commissaires aux comptes,
  • les notaires,
  • les avocats,
  • les greffiers,
  • les huissiers,
  • les commissaires-priseurs,
  • les pharmaciens,
  • les gérants d’auto-école,
  • les syndics de copropriété,
  • et les vendeurs de pièces détachées pour automobiles.

CONCLUSION

En conclusion, la feuille de route économique et sociale est dans la continuité des années précédentes. Il s’agit d’une politique économique inefficace dans son ensemble qui bénéficiera à quelques-uns (les fameux 1 %) au détriment du plus grand nombre et de la France dans son ensemble.

La publication de ce rapport confirme encore une fois toutes les analyses de l’UPR et décrédibilise tous les pseudo-opposants, de Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen en passant par Yannick Jadot, Jean-Christophe Lagarde et François-Xavier Bellamy, qui ont tous tapé sur Emmanuel Macron en faisant mine de s’indigner de « sa » politique, sans jamais expliquer justement qu’il ne s’agit pas de « sa » politique mais de celle imposée par notre appartenance à l’UE. Ce sont d’ailleurs les mêmes qui ont menti aux dernières élections européennes en faisant croire comme ils le font depuis 40 ans qu’ils pourraient changer l’UE.

Si tous ces opposants d’opérette avaient fait le travail pédagogique de l’UPR depuis 30 ou 40 ans, nous n’en serions pas là.

La seule façon d’éviter ce programme mortifère, c’est de se libérer de l’UE et de l’euro. Rappelons à cet égard que « changer l’Union européenne », comme le proposent tous les tartuffes, implique de changer les traités, ce qui nécessite l’unanimité des États membres. Cela n’arrivera jamais. Ils portent donc une responsabilité écrasante dans le fait que le Frexit ne soit pas encore populaire en France.

Pour libérer la France des GOPÉ, il faut tout simplement sortir de l’UE, comme le proposent et l’expliquent François Asselineau et l’UPR depuis plus de 12 ans. Il n’y a pas d’autre solution.

Nous, nous répéterons inlassablement et avec courage politique :

Oui, l’Union européenne est néfaste.

Non, elle n’est pas réformable.

Oui, il faut s’en libérer par le Frexit.

En d’autres termes : UE/GOPÉ soumission, Frexit solution !