L’ancien ministre grec Yannis Varoufakis : « Mon conseil à Theresa May pour le Brexit : éviter de négocier à tout prix.»

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Dans un article paru le 29 avril 2017, le journaliste du grand quotidien britannique Daily telegraph, Ambrose Evans-Pritchard, a relaté son entretien avec l’ancien ministre des finances grec Yanis Varoufakis à la suite de l’ouvrage qu’il a publié : “Adultes dans la salle” et le journaliste profite de cet échange pour lui demander quels conseils il pourrait prodiguer aux Britanniques pour mener à bien leur sortie de l’Union européenne.

Dans cet ouvrage, l’ancien ministre fait part de la prison que représente pour les peuples, l’Union européenne. Affirmant que les Britanniques ne doivent rien céder, il constate que la Première ministre a déjà neutralisé  la manœuvre que planifiait l’Union européenne à son encontre. L’UE en est furieuse.

Il affirme, pour l’avoir vécu, que l’Union européenne est une dictature qui ne dit pas son nom et que les élections n’ont aucune incidence sur les choix économiques. Ces propos confirment ce qui est exposé depuis de nombreuses années par le Président de l’UPR, François Asselineau, dans deux conférences :

  • 1) “Comment sortir la France du désastre en 2017 ?”, Téléchargeable par ce lien : (www.upr.world/Desastre/Desastre.html),  où il est démontré comment les Français sont trompés (comme les autres peuples) par  tous les partis politiques (du Front de gauche au Front National) depuis de nombreuses années.
  • 2) “Europe, la mise en place d’une dictature” : téléchargeable sur cette page : (www.upr.world/Asselineau.html).

Certes l’entretien apparaît haché car il s’agit de clichés successifs et non d’une démonstration articulée. C’est un exposé à l’anglo-saxonne et non de type latin. Mais les fondamentaux de la construction européenne sont quand même correctement mis en évidence. Vous pourrez apprécier la conclusion du rédacteur qui fait plus qu’approuver la décision des Britanniques.

Nous avons essayé de refléter au mieux les propos exprimés en y ajoutant çà et là des commentaires explicatifs en italiques et entre crochets, accompagnés de la mention [ Ndt : note du traducteur ]. Si un contre-sens ou un faux sens apparaissait dans cet ensemble, veuillez nous en excuser car telle n’était pas notre intention. A cette fin, la référence de l’article original est incluse.

Nous sommes dans une guerre de l’intelligence. Espérons que cet article ouvrira les yeux des lecteurs qui n’auraient pas encore compris que la prétendue “construction européenne” roule les peuples dans la farine. A la lecture de ce texte, on comprend aisément pourquoi les partis classiques se désintègrent et pourquoi les partis extrémistes ont le vent en poupe, tout en étant poussés par le système : ils sont fondés sur des passions et non sur la raison. C’est l’arbre grossier qui permet de cacher la forêt de la dictature.

Bernard C.
Adhérent UPR
15 mai 2017

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Le texte original de cet article paru dans le Daily Telegraph en anglais est disponible en cliquant : ici

«Mon conseil à Theresa May pour le Brexit : éviter de négocier à tout prix.»

 Yanis Varoufakis, qui a défié l’UE, dit à Ambrose Evans-Pritchard que la Grande-Bretagne doit apprendre  de la situation critique de la Grèce.

Yanis Varoufakis, un professeur de sciences économiques, a été sous le feu des projecteurs internationaux car il fut l’homme qui osa s’opposer aux institutions européennes.

Theresa MAY peut refuser de suivre les conseils d’un Grec radical de gauche qui fut l’idole en moto du mouvement protestataire européen, mais personne ne sait mieux que Yanis Varoufakis, ce que signifie de s’opposer à la structure du pouvoir de l’UE.

L’ancien ministre des Finances de Grèce porte les cicatrices de la bataille. Pendant cinq mois terrifiants, il a mené une guerre de guérilla contre les politiques de recouvrement de la dette par la Troïka UE-FMI-BCE, apprenant à juger les réflexes d’un appareil impérial [ le terme est opportunément bien choisi – NdT ] où le centre de décision réel est camouflé et où il y a, selon les termes des déclarations du Président de la Commission européenne des instruments de torture dans les fondations.

Le printemps grec a été de courte durée, et il fut mouché en juillet 2015 lorsque la Banque centrale européenne coupa les liquidités et  força les banques à la fermeture. Le professeur Varoufakis voulut s’y opposer en émettant une “liquidité parallèle” [ émission d’une monnaie interne – NdT ]  et en faisant défaut sur les obligations de la BCE.

Mais avec des guichets automatiques à Athènes limitant les retraits à 40 € par jour et manquant de liquidités, le Premier ministre Alexis Tsipras et son parti Syriza se sont inclinés face à la pression écrasante. Ils ont accepté des termes carthaginois [ perfides, trompeurs, il y a un sens secondaire qui n’est dévoilé qu’a posteriori, une fois le contrat conclu – Ndt ]. Leur esprit était brisé.

Il y a des leçons pour le Brexit dans cette triste saga selon le professeur Varoufakis, spécialiste en économie de la “théorie des jeux”, qui affirme que la Grande-Bretagne ne doit pas se laisser prendre au piège par le réseau de négociation de l’UE. Si le Royaume-Uni succombe à ce sort, il sera battu par une défaite humiliante après une lente campagne d’usure à son égard. L’UE va exploiter les divisions politiques de la Grande-Bretagne, en opposant à la fois les régions  [ Irlande du Nord, Écosse – NdT ] et les partis les uns contre les autres.

 

Mon conseil à Theresa May est d’éviter une négociation à tout prix. Si elle ne le fait pas, elle tombera dans le piège d’Alexis Tsipras, et cela finira par une capitulation” , a déclaré Varoufakis au Telegraph.

Il s’appuyait sur la publication de ses mémoires, Adultes dans la salle, un compte rendu fascinant de ses démêlés avec un système européen de sécurité et de trahison. C’est un régime qui a sciemment persisté à imposer des politiques ruineuses à son pays à l’encontre de toute science économique et de la logique.  Ce n’est pas qu’une simple Union [ il veut dire qu’il s’agit d’un enchaînement digne de celui qui était infligé aux galériens romains – Ndt ].

Ce qu’ils essayeront de faire avec le Brexit sera d’essayer de bloquer les négociations. Ils vous imposeront un ordre de marche. D’abord, ils vous imposeront le prix du divorce avant d’entamer des accords commerciaux pour le futur”, a-t-il déclaré.

Pour en rajouter une couche, la chancelière Angela Merkel a déclaré cette semaine que la pension alimentaire doit être réglée avant tout début et a appelé le Royaume-Uni à être plus «constructif». Elle a prévenu que les Britanniques se trompaient s’ils croyaient avoir leur gâteau UE et le manger [ avoir un système de relations avec l’Union qui leur soit propre – Ndt ]. Ceux qui ont vécu le drame grec retrouvent des mots bien connus. “Ils tourneront autour du pot dans le système de l’Union européenne. Vous ne saurez toujours pas quel est le bon interlocuteur  et c’est voulu“, a déclaré le professeur Varoufakis.

Lorsque vous faites une proposition modérée, ils réagiront avec des regards vides et vous observeront comme si vous récitiez l’hymne national suédois. C’est leur façon de faire de l’obstruction“, a-t-il déclaré.

Le professeur Varoufakis, imprégné de mythologie hellénique, dit qu’ils recourront à la “ruse de Pénélope “, la tactique qui consiste à détricoter secrètement la nuit ce qui a été tricoté pendant la journée. “Ils vont soudainement suspendre les discussions en soutenant qu’il est nécessaire de vérifier des faits”, a-t-il déclaré.

La contre-attaque de l’UE est déjà commencée, motivée par la décision de Mme May de décider d’élections anticipées. Bruxelles estimait que les conservateurs seraient vulnérables lors des négociations du Brexit en 2018, car ils auraient à faire face aux incendies internes de tous les côtés. Les responsables de l’UE se rendent compte que ce ne sera pas si simple. La décision de dissolution de la chambre des Communes a chamboulé les objectifs de Bruxelles et l’a mis hors de ses gonds [ L’UE s’est rendue compte qu’elle avait affaire à plus forte qu’elle – Ndt ]. “Ce qu’ils essaient de faire, c’est de réduire tout avantage que Theresa May pourrait obtenir des élections et de minimiser son mandat démocratique”, a déclaré le professeur Varoufakis.

Le seul moyen pour que les Britanniques évitent d’être pris dans cette toile d’araignée, c’est de prendre l’initiative et de supprimer cette capacité que possède l’UE à créer des méfaits, a-t-il dit. Il conseille de déposer une demande immédiate pour rejoindre l’Espace économique européen pour une transition de sept ans. “Ils ne peuvent pas refuser cela. Ils n’ont aucun moyen de l’empêcher “, a-t-il dit.

L’EEE est l’option norvégienne soutenue par les travaillistes. Il protège le commerce et la City, et permet le retrait des zones d’activité de l’UE. Mais elle enfreint également les lignes rouges de Mme May sur la libre circulation (des personnes etc..) et sur la compétence de la Cour de justice européenne. C’est là que se trouvent les hics [ les conflits ou les contradictions – Ndt ].

Ce qui ressort de Adultes dans la salle est un régime de la zone euro où la responsabilité démocratique a été supprimée. Le pouvoir réel réside dans un groupe secret de travail “de l’Eurogroupe”, travaillant en sous-marin. Il est sous le contrôle absolu de Thomas Wieser, l’homme le plus puissant de Bruxelles.

Alors que cette entité devrait être à la disposition des ministres élus des finances, elle ne sert que de papier peint ou de paravent. “Pendant presque toutes les réunions auxquelles j’étais présent, les ministres n’ont reçu aucun exposé substantiel sur quelque sujet”, a-t-il déclaré. Leur rôle était d’«approuver et de légitimer» les décisions précuites [ pré-décidées – Ndt ].

C’est à un tel point que cette garde prétorienne ne rend de comptes à personne, c’est confirmé par le ministre allemand des finances Wolfgang Schäuble qui est brutalement franc sur le caractère de l’union monétaire. “Les élections ne peuvent pas être autorisées à changer la politique économique“, a-t-il déclaré lors d’une réunion sur la Grèce. Les autres ont humblement consenti.

En coulisses, Berlin tient les rênes. Alors que l’Allemagne a laissé le politicien français Pierre Moscovici devenir commissaire aux finances de l’UE pour l’apparence, il l’a dépouillé de ses pouvoirs et l’a placé  comme un factotum sous la surveillance de Berlin. [ Factotum : Employé subalterne, sans fonction précise, qui assume des charges multiples et variées – Ndt ].

Même les pays qui ont subi une «décennie perdue» économique du fait de l’exagération de l’austérité, se soumettent tranquillement au diktat allemand.

L’affiliation à tel ou tel parti politique n’entraîne aucune différence. Les partis du centre-gauche déversent des larmes de crocodile sur l’austérité, mais sont eux-mêmes des défenseurs des intérêts des créanciers lorsqu’il le faut. “La social-démocratie en Europe est terminée, kaput, disparue. On a fait une négociation faustienne avec le monde de la finance“, m’a dit  amèrement le professeur Varoufakis. [ Pacte Faustien : Un accord dans lequel une personne abandonne ses valeurs spirituelles ou principes moraux afin d’obtenir la richesse ou des bénéfices. Synonyme : faire un accord avec le diable – Ndt ].

“Lorsque la crise de 2008 est survenue, ils ont transféré les pertes des banquiers aux personnes les plus vulnérables”.

Le professeur Varoufakis est l’enfant terrible de l’Europe. Il a rendu furieux l’UE et ses camarades Syriza. Il a cassé les principes diplomatiques. Il a ameuté la presse. L’établissement l’a considéré comme un élément dangereux.  Et pourtant, sur les fondamentaux de la crise économique grecque et la crise de la zone euro, il avait raison. Un chœur de lauréats de prix Nobel partagent son point de vue. Les  mesures fiscales imposées à la Grèce, semblables à des politiques médiévales sanglantes, étaient contre-productives même  au regard des échéances cruelles.

La contraction de 26% de l’économie a été si violente qu’elle a déclenché une spirale descendante, ce qui a entraîné une explosion de la dette. Les sauvetages de la troïka ont forcé un État grec déjà en faillite à souscrire à plus de prêts dans une politique sordide “d’étendre et de prétendre”.

La Grèce avait besoin d’un allégement de la dette de 50pc au début de la crise, mais cela a été jugé trop dangereux car la zone euro – en raison de sa propre négligence – n’avait pas de moyens de défense contre un effet de contagion. Le FMI admet ces erreurs dans un mea culpa dévastateur. Le FMI admet que sa propre analyse fut “superficielle et mécaniste”. Cela a été dû à l’envoûtement idéologique qui porte l’euro sans tenir compte des avis techniques contraires émanant du personnel de ses propres services.

En fin de compte, on a immolé la Grèce dans une «action de maintien» pour sauver une union monétaire dysfonctionnelle. Cela a ensuite été étouffé.

Malgré tout ce qui s’est passé, le professeur Varoufakis reste un enthousiaste passionné pour le projet européen.

Comment garde-t-il la foi ? «J’ai été habitué toute ma vie à m’opposer au gouvernement grec, parce que c’est ce que vous faites en tant que patriote grec. Cela ne signifie pas que je veux dissoudre l’Etat grec.

“Est-ce que nos pays seraient mieux si nous avions “des Brexits” partout et si l’UE était désintégrée ? Je ne le pense pas”, a-t-il dit.

Pourtant, il a confié une fois qu’il y a de la vertu dans l’échec héroïque.

Tout Britannique qui prend connaissance de ce compte rendu accablant avec un esprit ouvert doit en déduire que la démocratie britannique est bien en sûreté et préservée en prenant ses distances de l’Union européenne qui de façon malveillante est sortie de son chemin.