Le constat effarant de l’UPR : Le gouvernement français sabote délibérément la langue et la culture française en Crimée

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La délégation de l’Union Populaire Républicaine a profité de sa présence en Crimée pour constater, par elle-même, l’état de diffusion et d’enseignement de la langue française à Sébastopol et à Simpféropol, respectivement chefs-lieux de la Ville fédérale de Sébastopol et de la province de Crimée.

Nous nous sommes donc rendus :

– dans une école à section bilingue francophone à Sébastopol,
– à l’Alliance française de Sébastopol,
– et nous avons rencontré plusieurs membres de l’Alliance française à Simpféropol.

Le corps enseignant et la cinquantaine de jeunes élèves nous ont réservé un accueil extrêmement chaleureux tellement ils se sentent attirés par la culture française mais rejetés par la France. La délégation de l’UPR (au premier rang au centre) reçue officiellement par le Collège n°2 de Sébastopol. Le corps enseignant et la cinquantaine de jeunes élèves nous ont réservé un accueil extrêmement chaleureux – et parfois émouvant jusqu’aux larmes -, tellement ils se sentent attirés par la culture française mais rejetés par la France.

À L’ÉCOLE NUMÉRO 2 DE SÉBASTOPOL : UN APPRENTISSAGE EFFICACE DU FRANÇAIS, MENACÉ PAR LA NON-RECONNAISSANCE, PAR LA FRANCE, DU RATTACHEMENT DE LA CRIMÉE À LA RUSSIE

À l’école numéro 2 de Sébastopol, une cinquantaine d’enfants et d’adolescents (allant d’environ 8 à 16 ans) ont organisé un émouvant spectacle en français en l’honneur de notre délégation.

Les élèves ont entonné, parmi d’autres chants, la Marseillaise et « Comme toi » de Jean-Jacques Goldman, et ont également récité plusieurs poèmes – par exemple « Pour faire le portrait d’un oiseau » de Jacques Prévert -. Ils nous ont présenté leurs activités, en particulier un théâtre en français et le déroulement d’un voyage d’un mois, effectué annuellement en France, au sein de l’établissement Saint-Charles Sainte-Croix de la ville du Mans.

Ces élèves font partie d’une section bilingue, ce qui signifie que le nombre d’heures hebdomadaires consacrées au français est très renforcé par rapport à une section classique, que des matières non littéraires comme la physique ou les mathématiques sont également enseignées en français, et que l’environnement de travail – par exemple les inscriptions sur les murs de classes – sont aussi en français.

La responsable de la section bilingue a tenu à nous faire part des difficultés qu’elle rencontre et qui menacent la pérennité de l’enseignement de la langue de Molière, non seulement dans son établissement mais dans toute la Crimée.

  • Les écoliers ne peuvent plus obtenir de visa pour se rendre au Mans. L’ambassade de France à Moscou ne peut plus, en effet, accorder de visa au détenteur d’un passeport russe délivré en Crimée, puisque le gouvernement français considère la Crimée comme ukrainienne.

Nous avons d’ailleurs appris que certains Criméens contournent cette difficulté en obtenant des visas auprès d’ambassades de pays participant à l’espace Schengen, qui ne reconnaissent pas le rattachement de la Crimée à la Russie, mais dont l’administration se montre complaisante ou corrompue…

Seuls les Criméens ayant conservé un passeport ukrainien peuvent obtenir un visa auprès des chancelleries européennes présentes en Ukraine, conformément à la procédure normale.

  • De plus, les voyages ne peuvent plus guère s’effectuer par autobus à travers l’Ukraine, dont l’Est est plongé dans la guerre. Par conséquent, se rendre en Europe occidentale est plus onéreux qu’auparavant, puisqu’il faut de préférence prendre l’avion.

Ces contraintes cumulées rendent désormais impossible le voyage annuel des élèves au Mans. Or, ce voyage constitue justement un argument décisif dans le choix de nombreux écoliers d’opter pour l’apprentissage du français !

En refusant de reconnaître le rattachement de la Crimée à la Russie – qui est d’ailleurs un état de fait, manifestement irréversible – la France détruit donc elle-même son influence linguistique et culturelle dans la péninsule.

La responsable de la section bilingue nous a également fait part de l’insuffisance de ses outils pédagogiques : manuels scolaires et laboratoire linguistique principalement.

Malgré les moyens de fortune dont dispose l’école, le niveau de français des élèves, de même que leur motivation et leur enthousiasme, ont vivement impressionné la délégation de l’UPR.

Notre interlocutrice a également mentionné avec fierté les cas de plusieurs anciens élèves étudiant en France ou ayant trouvé un travail grâce à leur connaissance du français. Autant de trajectoires qui motivent les élèves actuels.

En réponse, François Asselineau a prononcé un discours pour confirmer aux élèves qu’ils avaient pris une décision judicieuse en apprenant le français puisque ce dernier est non seulement une langue de culture et d’érudition, mais également une langue en pleine expansion sur tous les continents… sauf en Europe occidentale ! Le président de l’UPR a ainsi appris à son public que – selon les statistiques de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) – la langue française, qui comptait 135 millions de locuteurs à travers le monde en 1990, en comptait 274 millions en 2014, et qu’elle pourrait compter jusqu’à 767 millions de locuteurs en 2060. Elle deviendrait alors la deuxième ou troisième langue la plus parlée de la planète (actuellement la 7e), tout en restant la seule, avec l’anglais, pratiquée couramment sur les cinq continents.

La présentation de ces perspectives enthousiasmantes a frappé les esprits et a révélé qu’à l’évidence, aucun responsable politique français n’a tenu aux habitants de Crimée un tel discours dynamique et positif depuis des années… Il ne faut donc pas s’étonner, hélas, qu’en une vingtaine d’années, le nombre de collèges de la ville fédérale de Sébastopol où l’on apprend le français soit passé de 20 à 5 et qu’il ne subsiste plus qu’un seul collège – celui que nous avons visité – qui bénéficie d’une section bilingue francophone.

La rencontre avec ces écoliers de Sébastopol a confirmé :

– qu’il existe un « désir de français » en Crimée comme dans toute la Russie, perceptible d’ailleurs dans de nombreux pays étrangers ;

– que leur décision d’apprendre le français est intimement liée aux perspectives que peuvent leur offrir les pays francophones, et d’abord la France ;

– que l’expansion de la langue française dépend directement de la capacité de la France à se présenter sous un jour désirable, c’est-à-dire comme une puissance sûre d’elle-même et rayonnante, conduisant une politique indépendante et conforme à ses intérêts propres.

Un accueil reconnaissant et chaleureux, mais teinté de tristesse et de sentiment d’abandon, par les étudiants de l’Alliance française de Sébastopol.Un accueil reconnaissant et chaleureux, mais teinté de tristesse et de sentiment d’abandon, par les étudiants de l’Alliance française de Sébastopol.

LE CONSTAT ACCABLANT DE LA DÉSERTION DE LA FRANCE AUX ALLIANCES FRANÇAISES DE SÉBASTOPOL ET DE SIMPFÉROPOL. 

La rencontre avec des professeurs et des élèves des deux Alliances françaises de Sébastopol et de Simpféropol nous a permis de mesurer leur très haut degré de maitrise de la langue française, et de connaissance de notre politique intérieure et extérieure.

En particulier, ils perçoivent parfaitement que la raison d’être de l’Union européenne est de servir les intérêts géostratégiques des États-Unis, et rien d’autre. Il est navrant de constater que les Russes comprennent en masse cette réalité politique fondamentale, que de nombreux Français n’ont toujours pas perçue.

À l’ère soviétique, ce sont les Russes qui faisaient figure de population anesthésiée par une propagande constante, du berceau à la tombe, destinée à les convaincre que leur avenir, radieux et inéluctable, était fixé une fois pour toutes. Nos interlocuteurs de l’Alliance française nous ont confié constater avec désolation que ce sont désormais les Français, et d’autres avec eux, qui sont victimes d’une propagande semblable à celle de la défunte URSS.

Un professeur a d’ailleurs indiqué que l’Alliance française de Sébastopol a cessé de s’abonner aux titres de la presse française, non seulement en raison de leur coût mais aussi de leur parti pris systématiquement européiste et atlantiste, et de leur hostilité de principe à la Russie. Comment ne pas partager ce point de vue ?

Nos interlocuteurs nous ont fait part également de la disparition des moyens financiers alloués par le gouvernement français aux deux Alliances françaises de Crimée, Sébastopol et Simféropol. Cette décision contre-productive et stupide a été prise au nom des « sanctions », comme si le fait de couper les vivres aux Alliances françaises de Crimée allait exercer une quelconque pression sur les responsables russes !

Au motif – scandaleux en lui-même – qu’il faudrait sanctionner la Russie parce qu’elle a récupéré la Crimée à la demande de plus de 90% de ses habitants, le gouvernement français coupe les vivres et les visas à tous les habitants qui y aiment la France et y apprennent la langue française ! C’est-à-dire que le gouvernement torpille notre influence sur place !

Il s’agit, une fois encore, d’un sabotage délibéré des positions de la France et d’une nouvelle preuve que les « sanctions » contre la Russie sont une mécanique absurde, en réalité destinée à nous sanctionner nous-mêmes.

Les manifestations culturelles françaises en Crimée font l’objet du même sabotage. Il existait jusqu’en 2013 une série annuelle de manifestations culturelles françaises en Crimée regroupées sous la dénomination de « Printemps français ». Il y était présenté des spectacles, des expositions, des troupes de théâtre, etc.

Depuis le rattachement de la Crimée à la Russie, tout ceci a été supprimé, ce qui choque profondément les francophones et francophiles de Crimée.

CONCLUSION : EN RUSSIE, LA FRANCE TRAHIT CEUX QUI LUI FONT CONFIANCE

Les jeunes et les étudiants étrangers qui apprennent notre langue le font parce qu’ils font confiance à la France. Ils attendent qu’elle soit elle-même, c’est-à-dire qu’elle leur offre quelque chose d’élégant, de civilisé, de différent des tendances culturelles, linguistiques et intellectuelles qui, en apparence, dominent le monde.

À l’école numéro 2 et dans les Alliances françaises de Sébastopol et Simpféropol, nous avons constaté que la France trahit ceux qui lui font confiance.

Dans les jours prochains, l’UPR va porter ces constats accablants à la connaissance des pouvoirs publics et réclamer, qu’en Crimée, la France corrige cette politique honteuse.

L’UPR rappelle en conclusion que les mouvements d’expansion et de repli que les langues connaissent à travers l’histoire ne sont pas le fruit du hasard. Ils sont toujours le fruit d’une volonté et d’une politique.

Membre du Bureau National de l’UPR
Responsable de la communication et des solidarités francophones

La délégation de l'UPR devant le port de Sébastopol au crépuscule. Partout en Crimée, un accueil très chaleureux nous a été réservé par la population, laquelle se montre surprise et déçue par la trahison de la France. Dès les premières minutes et partout, les habitants rencontrés se sont enquis de ce que nous pensions des sanctions et du refus de livraison des Mistral par le gouvernement français. La délégation de l’UPR devant le port de Sébastopol au crépuscule. Partout en Crimée, un accueil très chaleureux nous a été réservé par la population, laquelle se montre surprise et déçue par la trahison de la France. Dès les premières minutes et partout, les habitants rencontrés se sont enquis de ce que nous pensions des sanctions et du refus de livraison des Mistral par le gouvernement français.