Le président du Parlement européen, Martin Schulz, vient d’affirmer que « les gens votent sur n’importe quoi mais très rarement sur le sujet du référendum

Lecture : 9 min

Les euro-atlantistes ne cachent plus leur refus du suffrage universel : Le président du Parlement européen, l’Allemand Martin Schulz, vient d’affirmer que « les gens votent sur n’importe quoi mais très rarement sur le sujet du référendum.»

martin-shultzS’exprimant en français le 12 avril 2016 sur la chaîne de télévision LCI, où Arlette Chabot l’interrogeait sur le résultat du référendum aux Pays-Bas et sur les perspectives du Brexit, le président du Parlement européen, l’Allemand Martin Schulz, a répondu très précisément ceci :

« Tout est possible dans la politique. Et les sondages sont jamais les résultats. Mais, aux Pays-Bas, nous avons vu que les gens votent sur n’importe quoi, mais très rarement sur le sujet du référendum. Je crois que la large majorité de ces gens qui ont voté aux Pays-Bas même ne savaient pas qu’il s’agissait de l’Ukraine. Ils voulaient voter contre ceux-là à Bruxelles, contre l’Europe, contre le Premier ministre, n’importe quelle motivation.

Alors maintenant, en Grande-Bretagne, avec les Panama Papers, il y a un vrai risque que les gens votent, mais peut-être sur les Panama Papers, et pas sur la sortie ou le maintien dans l’Union Européenne du Royaume-Uni.

Alors ça, c’est un vrai risque. Moi, je suis absolument pour que la Grande-Bretagne reste dans l’Union européenne parce qu’ensemble nous sommes plus forts que séparés. C’est pour nous le cas, l’Union européenne, mais aussi pour la Grande-Bretagne qui, hors du marché intérieur, perdrait à mes yeux beaucoup de sa puissance économique. »

Cette « analyse » ahurissante – qui est un pur déni de la réalité – est à écouter ici : http://lci.tf1.fr/politique/martin-schulz-il-y-a-un-vrai-risque-que-les-britanniques-votent-8732376.html

COMMENTAIRES

Reprenant la propagande européiste, le président allemand du Parlement européen vient ainsi d’affirmer sans ambages que les Néerlandais ont voté Non au référendum du 6 avril 2016 sur l’accord UE-Ukraine sans savoir pourquoi. Selon lui, lors des référendums, « les gens votent sur n’importe quoi mais très rarement sur le sujet du référendum ».

Son opinion du peuple britannique n’est pas meilleure.

Car, s’il a certifié que les électeurs néerlandais avaient voté sur la base de « n’importe quelle motivation », il a également assuré que les électeurs britanniques étaient aussi stupides : selon lui, « il y a un vrai risque » que, lors du prochain référendum au Royaume-Uni, « les gens votent […] sur les Panama Papers, et pas sur la sortie ou le maintien dans l’Union Européenne du Royaume-Uni ».

M. Schulz n’a pas fourni la moindre preuve à l’appui de ces allégations.

Notons qu’elles sont à la fois :

a)- illégales au regard du droit international, qui prohibe toute ingérence extérieure dans les affaires intérieures d’États théoriquement souverains,

b)- incroyablement méprisantes quant à l’intelligence politique des peuples néerlandais et britannique,

c)- et totalement contraires aux faits observés : aux Pays-Bas comme actuellement au Royaume-Uni, la campagne référendaire s’est bel et bien focalisée sur le sujet du référendum.

Ces déclarations calomnieuses du président du Parlement européen s’inscrivent dans une lignée déjà longue de déclarations comparables de dirigeants euro-atlantistes, dans tous les pays de l’Union européenne où ont eu lieu un référendum.

Je rappelle par exemple qu’en 1992, lors du référendum sur le traité de Maastricht en France, le très atlantiste et très anti-gaulliste Antoine Pinay avait déclaré que « C’est une grosse erreur d’organiser un référendum. […] Je ne crois pas que les Français, individuellement, puissent avoir une opinion sur le traité. C’est trop compliqué. » (Le Figaro, 9 septembre 1992)

Élisabeth Badinter avait renchéri en assurant que « le traité de Maastricht fait la quasi-unanimité de l’ensemble de la classe politique. Les hommes politiques que nous avons élus sont tout de même mieux avertis que le commun des mortels. Pour une fois qu’on leur fasse confiance ! » (magazine “Vu de Gauche”, septembre 1992).

Autre exemple, je rappelle qu’en 2003, lors du référendum sur l’adoption de l’euro en Suède, un certain Henry Montgomery, « psychologue spécialisé dans les processus de décision », avait expliqué sur toutes les radios que certains Suédois « se réfugiaient » dans le Non « pour protester contre l’obligation qui leur était faite de voter ». (Dépêche Agence France Presse du 2 septembre 2003)

La « sociologue » Christin Johansson, autre « spécialiste » catapultée sur les plateaux de télévision suédois deux semaines avant le référendum (citée par la même dépêche AFP du 2 septembre 2003), avait développé la même analyse, à savoir que la question de l’euro était vraiment trop compliquée pour demander au peuple son avis.

Autre exemple encore, je rappelle qu’en 2008, en France, commentant la ratification du traité de Lisbonne par le Congrès qui bafouait le rejet de la Constitution européenne par 55% des Français lors du référendum du 29 mai 2005, le chef d’entreprise et sénateur UMP Serge Dassault avait expliqué que « de toute façon, les Français ne comprennent rien, on n’aurait pas dû faire un référendum en 2005. Ils ne peuvent pas comprendre, c’est trop compliqué ». (France Info, 4 février 2008).

CONCLUSION

Décidément, les évolutions en cours ont le mérite de jeter une lumière crue sur les dictateurs qui se sont emparés des commandes du continent européen.

Au fur et à mesure que les différents peuples d’Europe sortent de leur léthargie et comprennent ce qui se cache pour de bon derrière la prétendue « construction européenne », un vent de panique se répand dans les couches dirigeantes collabos de l’empire euro-atlantiste.

D’ailleurs, le même jour – 12 avril 2016 – Martin Schulz a publiquement fait part de sa peur de voir le référendum britannique faire tâche d’huile. Interrogé par le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), le président du Parlement européen a indiqué qu’il y a « un danger d’implosion de l’UE » et a précisé : « Si les Britanniques quittent l’UE, il y aura d’autres demandes de référendums de sortie ». (source : https://euobserver.com/tickers/133006)

Sentant ainsi que l’édifice menace ruine, et que c’est leur position sociale, leur source de revenus, de prestige et de niveau de vie, qui risquent d’être balayées dans les années qui viennent, les euro-atlantistes deviennent de plus en plus irritables et vindicatifs. Ce n’est que le début.

Après la « tribune » de Fraser Cameron, cet « expert » européiste britannique qui a réclamé le 11 avril, sur Euractiv, l’interdiction en Europe de tout référendum sur les questions européennes (cf. http://www.upr.fr/actualite/dictature-expert-europeiste-britannique-reclame-linterdiction-europe-de-referendum-questions-europeennes ), c’est rien moins que le président du Parlement européen qui a affirmé le lendemain que les résultats des référendums néerlandais et britanniques sont et seront dépourvus de signification. Cela ressemble fort à une action concertée de dénigrement.

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que le procès que les dictateurs euro-atlantistes adressent aux référendums va bien au-delà des référendums. Il s’agit en réalité d’un refus pur et simple du suffrage universel et des règles déontologiques de la démocratie.

Car l’argumentation selon laquelle « les gens votent sur n’importe quoi mais très rarement sur le sujet posé » peut tout aussi bien – et même beaucoup mieux – s’appliquer aux élections présidentielles ou aux élections législatives.

Ainsi en France, lorsque les Français ont élu François Hollande en 2012, ce n’était pas sur son programme mensonger qu’ils ont fait leur choix, mais pour chasser Nicolas Sarkozy de l’Élysée. Le vote en est-il contestable pour autant ?

Du reste, ceux qui ont voté pour Hollande sur la base de son programme (« mon adversaire c’est la finance »…) ont pu constater qu’ils avaient été totalement roulés dans la farine par un menteur.

Or ce genre d’escroquerie électorale ne gêne nullement les euro-dictateurs. Les mêmes qui affirment haut et fort que les peuples qui votent contre l’UE lors d’un référendum n’ont pas voté pour la question posée, trouvent en revanche tout à fait normal et démocratique qu’un responsable politique se fasse élire à la magistrature suprême sur la base d’une escroquerie programmatique.

Cette accumulation de contradictions dans laquelle s’empêtrent les euro-atlantistes et l’atmosphère crépusculaire dans laquelle s’enfonce le continent européen témoignent que la fin du cauchemar approche.

Si les euro-atlantistes sont de plus en plus agressifs, c’est parce qu’ils sentent que la situation leur échappe. Ils sont aux abois. Mais c’est lorsque une bête est aux abois qu’elle est la plus dangereuse.

François ASSELINEAU