Safran, Airbus et ArcelorMittal en difficultés : pour l’UPR, hors de question de laisser ces entreprises passer sous contrôle étranger.

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Le 30 juillet 2020, les grands médias nous ont informés que Renault, Total, Airbus, EDF, ArcelorMittal, Veolia et Safran enregistrent 17,3 milliards d’euros de pertes cumulées au premier semestre de 2020. La presse a résumé cette série de mauvaises nouvelles en la qualifiant de « jeudi noir » pour six groupes français parmi les plus importants (dont cinq du CAC40).

La Commission Défense de l’UPR (Defnat) rappelle que ces pertes étaient prévisibles, et qu’elles avaient d’ailleurs été prévues, comme conséquences logiques de la pandémie de coronavirus.

Nous soulignons aussi que Safran, Airbus et indirectement ArcelorMittal, qui sont des groupes éminemment stratégiques de la Défense nationale, sont fragilisés à moyen terme.

· Safran est le spécialiste français des moteurs d’avions : l’entreprise fabrique notamment le moteur M88 qui propulse le Rafale.

Moteur M88 exposé sur le stand SAFRAN au Salon du Bourget
Rafale M au décollage, avec ses deux moteurs Safran M88 à pleine puissance


· Airbus (Défense & Space) conçoit entre autres l’hélicoptère H160M (“Guépard”), futur hélicoptère léger des trois armées, et le successeur du Rafale avec Dassault Aviation, dans le cadre du programme SCAF (Système de Combat Aérien du Futur).


·  ArcelorMittal enfin maintient la production sidérurgique des usines de Dunkerque (ex-Usinor) et Fos-sur-Mer (ex-Solmer).

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Pour l’UPR, il est hors de question que la France laisse ces entreprises stratégiques péricliter ou tomber dans des mains étrangères.

Notre mouvement propose donc :

  • de regarnir le carnet de commandes de ces entreprises par la mise en œuvre de programmes de défense à court, moyen et long terme,
  • voire, dans certains cas où cela se révèlera impératif, de les recapitaliser directement par des fonds publics.

Trois questions se posent :

  1. Quel est le risque pour le tissu industriel de Défense ?
  2. Ces programmes intermédiaires sont-ils utiles aux Armées ?
  3. Avons-nous vraiment les moyens de financer ces programmes ?

1°) S’agissant du risque encouru, nous pouvons d’ores et déjà observer que la situation est extrêmement préoccupante.

Au-delà des réductions de postes annoncées par Airbus (15 000 dans le monde et 5 000 en France), ce sont 50 000 emplois de sous-traitants (souvent les mêmes que ceux sollicités par Dassault Aviation, Thalès, Safran, Arianespace et bien d’autres) et autant d’emplois induits qui sont menacés.

Par effet domino, des PME possédant un savoir-faire patiemment acquis lors des 50 dernières années risquent de disparaître, poussant les grands groupes aéronautiques – civils comme militaires – à se fournir ailleurs.

D’ici à quelques années, même si l’activité industrielle aéronautique civile reprend, des pans entiers du tissu industriel français et européen pourraient bien être partis en fumée.

2°) La question de l’utilité est rapidement tranchée : toutes les grandes puissances militaires se réarment.

Pour rester crédible à l’horizon 2030, la France doit renforcer ses capacités dans tous les domaines : nous considérons qu’il faudra recruter entre 30 000 et 40 000 hommes sur 10 ans. Nous devons également renforcer la présence de la France au sein de tous les espaces : à terre, sur mer, dans l’air ; mais aussi dans les domaines spatial et cybernétique.

3°) S’agissant des ressources financières nécessaires, l’UPR présentera au cours des prochains mois un programme détaillé de ses projets en matière de Défense et des coûts : la Commission Defnat est en train d’élaborer un programme de Défense précisément chiffré dans la perspective des échéances électorales décisives de 2022.

Signalons cependant déjà qu’investir dans l’industrie de Défense en France présente des avantages considérables : les retours économiques induits peuvent atteindre jusqu’à 140% des coûts initiaux.

Ainsi, les experts estiment qu’en moyenne, lorsque l’État investit un million d’euros dans l’industrie de Défense, il génère plus d’un 1,2 millions d’euros de recettes sur 5 ans, du fait du retour social et fiscal des emplois créés et des exportations.

Ce remarquable taux de retour sur investissement est dû au réseau de sous-traitance national qui réduit fortement les importations, aux secteurs technologiques de pointe sollicités, à la relance keynésienne induite et aux exceptions sur le droit européen que l’État conserve dans ce domaine, notamment celle de donner priorité aux entreprises nationales.


Commission Défense nationale de l’UPR