Le vrai visage de Sarkozy et de l’UMP

La soumission la plus servile à l’euro-atlantisme et la haine la plus féroce pour les Français qui veulent rendre sa dignité à la France.

L’extrait de vidéo ci-joint commence à faire un buzz sur Internet. Cette vidéo a été captée lors d’une réunion publique tenue par Nicolas Sarkozy dans le Gard, jeudi 27 novembre.

En campagne pour l’élection à la présidence de l’UMP, l’ancien chef de l’État a consacré un passage sur la prétendue « construction européenne ».

Il l’a fait en ces termes :

« Nous ne réussirons pas l’Europe si une partie de l’Europe méprise l’autre, si une partie de l’Europe traite l’autre avec condescendance. Il a pu arriver que l’Europe de l’est se sente méprisée par celle de l’ouest. Ce fut une faute d’avoir nourri ce sentiment… »

À ce moment-là, des contradicteurs, emmenés semble-t-il par des manifestants pro-palestiniens, se mettent à le huer.

Sarkozy, un moment interrompu par ces huées, se reprend et lance à son auditoire, avec un rictus haineux :

« NE VOUS INQUIÉTEZ PAS ! ILS NE REPRÉSENTENT RIEN, ILS NE SONT RIEN ! …. Chers Amis, quand je suis pas là, ils peuvent crier. Mais je suis de retour, c’est plus difficile. »

COMMENTAIRES

Cette vidéo est très intéressante à étudier de près, à 2 égards.

1°) Elle révèle le mépris, et même la haine, avec lesquels celui qui vient d’être élu à la présidence de l’UMP considère ceux qui contestent son autorité.

Notons que, comme la quasi-totalité des responsables politiques français – à l’exception notable de ceux de l’UPR -, Nicolas Sarkozy se refuse aux rencontres-débats avec les Français. Il ne pratique que les “grand-messes” au cours desquelles, jouant les vedettes américaines, il prononce un discours – le plus souvent préalablement écrit, comme c’est ici le cas – avant de s’en retourner sans répondre à la moindre question.

Ce qui le surprend ici, c’est que ce scénario bien huilé est mis en échec par des manifestants qui l’interrompent pour le huer. Du coup, il quitte ses notes et éructe de colère, en laissant apparaître sa véritable personnalité. Elle n’est pas belle à voir.

Le plus tragi-comique de cette vidéo, c’est que Sarkozy se permet de nier de façon humiliante l’existence même de ses contradicteurs (« ils ne sont rien ») alors même qu’il vient tout juste de jouer les donneur de leçons de morale invitant la France à ne pas traiter les autres pays d’Europe de l’est « avec condescendance »….

La séquence est donc particulièrement risible et dévastatrice pour l’ancien locataire de l’Élysée.

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2°) Mais cette vidéo est également intéressante par le contenu de ce que dit Sarkozy avant d’être hué.

Car que vise et à quoi fait donc allusion l’ancien président de la République en lançant : « Il a pu arriver que l’Europe de l’est se sente méprisée par celle de l’ouest. Ce fut une faute d’avoir nourri ce sentiment… » ?

Chacun peut avoir son interprétation. Mais force est de constater que, l’une des rares fois où ce sentiment de mépris vis-à-vis de l’Europe de l’est a pu être imputé à un gouvernement français, ce fut sous la présidence de Jacques Chirac, lorsque celui-ci s’en prit vivement aux pays de l’est pour… leur trop grand alignement sur Washington.

Je rappelle en effet qu’après quelques escarmouches sur le coût de l’élargissement de l’Union européenne au sommet de Copenhague, en décembre 2002, Varsovie avait suscité la colère de Paris pour avoir signé, en février 2003, la « lettre des huit », lancée à l’initiative des Premiers ministres britannique Anthony Blair et espagnol José Aznar.

Dans cette lettre, huit gouvernements, suivis ensuite par ceux de tous les pays de l’Est candidats à l’entrée dans l’Union, avaient publiquement soutenu Washington et dénoncé le refus de la guerre en Irak principalement incarné par la France, et – en mode mineur – par l’Allemagne.

Le président de la République française de l’époque, Jacques Chirac, avait alors vivement réagi.

Il avait estimé que les pays de l’est, nouveaux venus au sein de l’UE, auraient pu avoir la courtoisie de ne pas s’attaquer aussi sec à l’Allemagne et à la France, qui étaient les premiers contributeurs nets au budget de l’UE dont ils bénéficiaient.

Jacques Chirac était allé jusqu’à qualifier publiquement les gouvernements des pays candidats de « pas très bien élevés » et de pays ayant « perdu une occasion de se taire ».

Ces termes avaient soulevé un scandale international et avaient été extrêmement mal perçus dans les pays de l’Est, où l’on avait fait valoir que les quatre cinquièmes des gouvernements européens étaient d’accord avec Washington sur le dossier irakien. Les États-Unis, bien sûr, avaient jeté de l’huile sur le feu dans les coulisses pour isoler davantage la position française de refus de la guerre contre Saddam Hussein.

Quelques semaines après, l’affaire s’était d’ailleurs encore envenimée, avec l’annonce de l’achat par la Pologne, en avril 2003, de 48 avions F16, préféré au Mirage 2000-5 de Dassault, pour un montant de 3,5 milliards de dollars.

Cette opération de modernisation de la flotte de vieux Mig 21, conformément aux engagements pris lors de l’entrée de la Pologne dans l’Otan en 1999, avait été assortie d’un important prêt bonifié américain et d’investissements compensatoires, dit « offset », d’une valeur de 6 milliards de dollars. Ces investissements devaient notamment porter sur l’usine de General Motors à Gliwice, où serait produite l’Opel Astra II, sur des projets dans les sociétés de service informatique Prokom et Computerland, ainsi que sur des coopérations dans les domaines pharmaceutiques, les télécommunications et les lasers. Les entreprises américaines du secteur militaro-industriel Pratt & Whitney, le constructeur des moteurs des F16, et Northrop Grumman, chargé des systèmes radars, devaient aussi investir en Pologne.

Au total, le stock d’investissements américains dans le pays devait presque doubler en cinq ans, ravissant ainsi la première place des investisseurs étrangers dans ce pays à… la France. L’ambassadeur américain avait d’ailleurs donné le coup de pied de l’âne à Paris, en clamant publiquement que ces contrats préfiguraient un mariage « étendu » dans le domaine politique, militaire et économique entre Washington et Varsovie.

Je souligne au passage que, si ce méga-contrat de 48 avions F-16 avait échappé à la France en mars 2003, c’est en partie grâce au lobbying intensif d’une certaine… Christine Lagarde.

Celle qui allait ensuite entrer au gouvernement français sans que personne en France ne la connaisse, était en effet, à l’époque, de 1995 à 2002, membre du cercle de réflexion « Center for Strategic and International Studies » (CSIS), au sein duquel elle coprésidait avec Zbigniew Brzezinski la commission Action USA-UE-Pologne. Elle y suivait plus particulièrement le groupe de travail « Industries de défense USA-Pologne » et les questions liées à la libéralisation des échanges polonais….

Quoi qu’il en soit, cette annonce des achats de 48 F-16 par Varsovie avait été faite deux jours à peine après la ratification à Athènes du traité d’élargissement de l’Union européenne et avait suscité de nouveau une très grosse colère en France.

Les relations franco-polonaises tombèrent alors à l’un de leurs plus bas niveaux historiques depuis plus de deux siècles.

En réalité, les observateurs français commençaient à comprendre – enfin ! – que la Pologne et les pays de l’est européens servaient de « cheval de Troie américain » en Europe, prêts à manquer à tout instant à la prétendue solidarité européenne.

CONCLUSION

Certains esprits curieux peuvent légitimement se demander pourquoi Nicolas Sarkozy, faisant campagne devant les adhérents de l’UMP du Gard pour être élu à la présidence de l’UMP, a cru bon de se lancer, dans son dernier discours à Nîmes, dans une sorte de mea culpa sur le « mépris » dont aurait fait preuve à tort « l’Europe de l’ouest » vis-à-vis de « l’Europe de l’est ».

C’est un sujet saugrenu compte tenu du contexte, et d’autant plus étonnant que, puisqu’il s’agissait d’un discours écrit, il ne résultait pas d’une digression imprévue mais de la volonté préméditée de transmettre un message délibéré.

Certains pourront y voir un simple effet rhétorique, ou une allusion à la volonté britannique de fermer ses frontières aux migrants venus des pays de l’est.

Mais il n’est pas interdit d’y voir un message codé, destiné aux donneurs d’ordre euro-atlantistes qui scrutent les candidats à la présidence de l’UMP et, au-delà, à l’élection présidentielle de 2017.

Ainsi remis en perspective, le message de Sarkozy est un message de soumission à l’ordre euro-atlantiste et de soutien implicite à la stratégie américaine de domination du continent européen, que l’entrée des pays de l’est dans l’UE a considérablement accélérée.

Le message de Sarkozy est un bras d’honneur à la position qui était encore celle de la France il y a 11 ans, lorsque Jacques Chirac ruait dans les brancards en 2003, devant l’alignement complet des pays de l’est derrière Washington et l’avilissement de la France qui allait en résulter.

La colère soudaine qu’éprouve Sarkozy devant les huées imprévues est celle de tout dictateur qui sent, d’un seul coup, qu’une partie de l’opinion publique commence à avoir compris – même au sein d’une réunion de l’UMP – qu’il est un traître à la nation.

D’où son pathétique hurlement : « NE VOUS INQUIÉTEZ PAS ! ILS NE REPRÉSENTENT RIEN, ILS NE SONT RIEN ! ». Un hurlement moins destiné au reste du public présent dans la salle qu’aux oligarques euro-atlantistes qui regardent la scène de loin sur leurs écrans, et qui se demandent s’ils vont le soutenir pour 2017.

Ce hurlement est pathétique car Sarkozy a peur.

Sarkozy a peur que les oligarques euro-atlantistes préfèrent plutôt jouer la carte Juppé, lequel s’est quant à lui déclaré pour la non-livraison des navires Mistral à la Russie afin de prendre lui aussi la position du larbin de Washington.

Sarkozy a peur que les oligarques euro-atlantistes préfèrent jouer la carte Christine Lagarde, qui est de notoriété publique totalement acquise aux intérêts américains.

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Oui, cette petite vidéo est décidément bien intéressante. Elle montre à quel point la préparation de l’élection présidentielle de 2017 commence dès à présent, à l’UMP comme au PS, par un concours de bassesse et de haute trahison.

François ASSELINEAU
30 novembre 2014