Y a-t-il encore un pilote à la tête de l’État ?

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Pour la 1re fois depuis 1958, un gouvernement français interdit une manifestation organisée par les grandes centrales syndicales…. puis décide de l’autoriser devant le tollé provoqué !

Le gouvernement français a cru bon d’annoncer, dans la matinée de ce mercredi 22 juin, qu’il avait décidé d’interdire la nouvelle manifestation contre la réforme du droit du travail prévue demain, jeudi 23, à Paris. Cette manifestation était organisée par les grandes centrales syndicales, CGT et FO notamment.

La raison officielle de cette interdiction était que le gouvernement « redoute les violences qui ont entaché de précédents défilés ».

L’annonce de l’interdiction de cette manifestation a aussitôt soulevé un tollé chez les responsables syndicaux organisateurs et chez de nombreux députés de gauche et écologistes.

Parmi les députés « PS frondeurs », Christian Paul a dénoncé une « faute historique » et a fait un rappel historique qui donne à réfléchir : « C’est la première fois depuis 1958 qu’un gouvernement, un Premier ministre, interdit une manifestation organisée par les grandes organisations syndicales ».

Dans un communiqué de presse, il a annoncé que plusieurs élus socialistes, écologistes, communistes ( Pouria Amirshahi, Marie-George Buffet, Fanélie Carrey-Conte, André Chassaigne, Pascal Cherki, Marc Dolez, Cécile Duflot, Jacqueline Fraysse, Benoît Hamon, Jérôme Lambert, Philippe Noguès et Jean-Louis Roumegas) allaient braver cette interdiction de manifester contre la loi travail et défiler « solidairement aux côtés des organisations syndicales dans les conditions qu’elles auront choisies ».

Jean-Luc Mélenchon a protesté en parlant de « décision sans précédent », l’ex-ministre de la Justice Christiane Taubira a rappelé que le droit de manifester était un « bien précieux », EELV a appelé à un « rassemblement pour la liberté de manifester » et même Marine Le Pen, sentant qu’il y avait peut-être des voix à gratter, est montée au créneau pour se scandaliser de cette interdiction.

De son côté, le dirigeant de Force Ouvrière, Jean-Claude Mailly, a accusé Manuel Valls d’être « un Premier ministre enferré dans son autoritarisme » et a jugé qu’avec cette interdiction, « la France rejoindrait le peloton de certains pays qu’on ne peut pas qualifier de démocratie ».

Tout cela pour apprendre, à 12h50, de la bouche de Philippe Martinez (CGT) qu’après un entretien avec Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, le gouvernement venait de… faire volte-face ! Les manifestations des 23 et 28 juin à Paris sont de nouveau autorisées….

[ Source : http://www.20minutes.fr/…/1870615-20160622-direct-loi-trava… ]

COMMENTAIRES

Le psychodrame survenu à Paris ce 22 juin 2016 révèle l’état de décomposition aggravé de la situation politique en France.
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1) L’illégitimité de l’exécutif pour mener une politique contraire à celle pour laquelle il s’est fait élire.
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Cette décision d’interdiction, puis le contre-ordre du plus mauvais effet qui l’a suivie quelques heures après, prouvent tout d’abord que le locataire de l’Élysée est dépassé par les événements, que le gouvernement est aux abois, et que le Premier ministre est devenu incontrôlable.

Selon toute probabilité, c’est le placide ministre de l’intérieur qui est parvenu à ramener François Hollande et Manuel Valls à la raison.

Sans doute leur a-t-il fait valoir la réelle dangerosité de la situation politique et sociale, la détermination des manifestants, l’impopularité ubuesque qui touche les deux têtes de l’exécutif, la lassitude et la grande fatigue des forces de l’ordre, obligées de défendre, face à la rue, les auteurs d’une politique antisociale qui met au régime sec, depuis des années, les forces de l’ordre elles-mêmes…

De fait, il n’est plus impossible que tout cela débouche sur une véritable conflagration générale, si les Dupont-Dupond de l’Élysée et Matignon persistaient à appliquer, par coups de force successifs, la politique d’extrême fermeté que la Commission européenne, la BCE, le FMI et le MEDEF leur susurrent à l’oreille, mais qui représente le contraire exact du programme électoral sur lequel François Hollande s’est fait élire en 2012.

Le chef de l’État et son Premier ministre ont décidément une bien fâcheuse tendance à oublier qu’ils n’occupent les palais nationaux que suite à l’escroquerie honteuse qu’ils ont faite au peuple français, avec leurs promesses mensongères lors des dernières élections présidentielle et législatives. La légitimité de MM. Hollande et Valls pour démolir le droit du travail est donc exactement égale à zéro.

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2) La passivité de l’État face aux mystérieux « antifas »
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Dans la décision d’interdiction de la manifestation de ce matin, la raison avancée était que le gouvernement « redoute les violences qui ont entaché de précédents défilés ».

Certes, mais qu’a fait le gouvernement pour empêcher de nuire les mystérieux « casseurs » qui opèrent maintenant dès le début des manifestations – chose jamais vue auparavant – ? Comment se fait-il que les forces de l’ordre n’aient pas l’ordre de conduire immédiatement tout manifestant cagoulé au commissariat de police pour contrôle d’identité ?

Du reste, qu’a fait le gouvernement pour empêcher de nuire les prétendus « antifas », qui ont pour habitude, depuis des années, de s’attaquer systématiquement – sous couvert « d’antifascisme » ! – à quiconque remet en cause l’ordre euro-atlantiste établi ?

Est-il illégitime de s’interroger sur la passivité de l’Etat face à ces prétendus « antifas », dont la violence lors de ces manifestations a pour résultat objectif de discréditer les mouvements sociaux qui s’opposent à l’ultra-libéralisme imposé par l’oligarchie ?

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3) Notre appartenance à l’UE a transformé la politique française en univers de mensonges et en champ de ruines
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Ce que révèle enfin cette énième pantalonnade gouvernementale du 22 juin, c’est que notre appartenance à l’UE a fini par déboussoler complètement toute la politique française.

Voir un gouvernement prétendument « socialiste » oser interdire une manifestation de la CGT et de FO pour la 1ère fois depuis 58 ans,

voir des prétendus « communistes » se contorsionner pour esquiver toute analyse approfondie sur le rôle de Washington et de Bruxelles dans les politiques antisociales menées en France,

et voir le Front National monter au créneau pour soutenir la CGT,

tout cela prouve que la politique française ne tourne plus rond.

Comme je l’avais analysé il y a plusieurs mois, le gouvernement « de gauche » est le gouvernement le plus d’extrême-droite que la France a connu depuis 1944 ( https://www.youtube.com/watch?v=ciQgregRykY ).

En bref, tous les repères politiques traditionnels ont volé en éclats. Et pourquoi cela ? Parce que ce ne sont plus les Français qui dirigent leur propre pays.

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CONCLUSION : la seule solution pour débloquer vraiment la situation en France
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On me permettra de rappeler ici un extrait de la Charte fondatrice de l’UPR, adoptée il y a plus de 9 ans :

« Les blocages de la situation française découlent de l’inavouable – et inavouée – mise sous tutelle étrangère du peuple français

En se fondant sur ce que nous enseignent plus de mille cinq cents ans d’histoire, l’UPR rappelle que le peuple français n’a jamais admis durablement que s’exerce sur lui un pouvoir d’origine étrangère ou dont il ne reconnaissait pas, au fond de lui-même, la légitimité.

Or, quelle que soit la présentation avantageuse, futuriste, utopique, ou édulcorée que l’on tente d’en faire, il est incontestable que, du fait de l’inexistence d’un peuple européen, l’Union européenne a précisément pour effet de soumettre les Français à un pouvoir d’origine étrangère, d’essence oligarchique, et non élu, dont, au fond, ils ne reconnaissent pas la légitimité.

Toute l’histoire de France nous invite donc à comprendre que cette soumission ne peut être que transitoire. Elle n’est pas viable à long terme.» [ source : https://www.upr.fr/charte-fondatrice ]

Notre Charte fondatrice a été adoptée lors du Congrès fondateur de l’UPR le 25 mars 2007. Neuf ans après, cette Charte se révèle plus lucide et plus prémonitoire que jamais.

François Asselineau
22 juin 2016