Le scandale de Koh-Lanta : 2 morts pour assurer l’audimat de TF1. L’UPR propose aux Français d’établir une télévision de qualité

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koh-lanta-asselineau-uprEn une dizaine de jours, le tournage au Cambodge de l’émission dite de « télé-réalité » Koh Lanta – émission phare de la chaîne privée française TF1 – a été le théâtre de deux morts sordides.
Ces deux tragédies successives permettent soudain au grand public de découvrir la réalité scandaleuse de ce type d’émission, qui pousse des candidats jusqu’aux limites extrêmes de leur organisme, dans le seul but de « faire de l’audimat », donc de pouvoir vendre plus cher ses espaces publicitaires.

Vendredi 22 mars : mort d’un candidat lors du tournage de l’émission au Cambodge

L’affaire a démarré le 22 mars dernier, lorsque les dépêches de presse – reprenant un communiqué commun de TF1 et d’Adventure line productions (ALP) – ont rapporté qu’un candidat du jeu télévisé d’aventures Koh-Lanta venait de décéder des suites d’une crise cardiaque au Cambodge, pendant le tournage de cette émission.

Le défunt, Gérald Babin, était un jeune sportif français d’origine martiniquaise âgé d’à peine 25 ans. Le communiqué de TF1 et d’ALP assurait qu’il avait pourtant fait l’objet d’une visite médicale lors du processus de sélection, comme tous les autres candidats,

Selon les explications de la société de production, le jeune homme aurait été pris de crampes lors du premier jeu qui suit l’arrivée des participants sur le site. Il aurait alors été pris en charge par le médecin urgentiste de l’émission qui lui aurait prodigué les premiers soins, avant de décider de l’évacuer.

Le jeune homme aurait ensuite été victime d’une série d’arrêts cardiaques durant son transfert vers l’hôpital. Et  c’est quelques minutes après son arrivée à l’hôpital que le décès aurait été constaté. La société productrice ALP précisait qu’une « cellule psychologique » avait été mise en place pour accompagner les proches, les participants et les équipes de production. Il aurait été aussitôt décidé d’arrêter le tournage et de rapatrier dès que possible toutes les équipes à Paris.

Gérald Babin, mort à 25 ans, pour assurer l'audimat de TF1...

Gérald Babin, mort à 25 ans, pour assurer l’audimat de TF1…

Même si les autorités cambodgiennes ont, paraît-il, classé l’affaire, celle-ci a connu depuis lors plusieurs rebondissements assez nauséabonds qui ont rendu de plus en plus suspectes les conditions exactes de la mort.

Depuis une dizaine de jours, en effet, la polémique enfle un peu plus chaque jour sur la responsabilité du producteur. Au moins trois personnes témoins de l’accident ont remis en cause la version livrée par Adventure Line Productions et TF1, au point que le parquet de Créteil s’est saisi de l’affaire.

Après un premier témoignage recueilli par Arrêt sur images sur la mort de Gérald Babin, à la suite duquel la société de production a décidé de porter plainte, la radio RMC a affirmé, citant une source présente sur place au moment du tournage, qu’il y aurait eu « une série de manquements : le médecin qui suit l’épreuve sur un écran veut intervenir tout de suite, le présentateur Denis Brogniart interroge le candidat qui dit avoir des crampes et selon notre témoin, il ne juge pas une intervention nécessaire, le réalisateur non plus, l’épreuve n’est donc pas interrompue ».

Toujours selon la radio RMC, Gérald Babin serait resté au sol pas loin de dix minutes, demandant l’aide d’un médecin, ce qui « s’entend très clairement dans les enregistrements vidéo ».

Le médecin urgentiste, quant à lui, aurait pensé à une simple déshydratation et il aurait fallu attendre une heure et demie pour que le candidat soit transféré par bateau sur une île toute proche.

Là, le malade aurait eu une attaque cardiaque et le médecin aurait alors voulu l’évacuer par hélicoptère. Mais, comme l’expliquait également la source d’Arrêt sur images, personne n’aurait alors retrouvé le numéro de téléphone du pilote…  

Confirmant la dangerosité de l’émission, la source de RMC aurait précisé : « Jusqu’ici, la production a toujours eu de la chance, mais on a frôlé plusieurs fois le drame ».

Lundi 1er avril : suicide du médecin-urgentiste de l’émission au Cambodge

Ce n’est pas tout.   Le drame de la mort de Gérald Babin a connu, le lundi 1er avril, un rebondissement tragique : Thierry Costa, le médecin-urgentiste affecté à l’émission qui s’était occupé des derniers instants du candidat, s’est suicidé sur place, au Cambodge, à l’âge de 38 ans. C’était pourtant sur lui que le parquet de Créteil comptait en premier lieu pour établir les circonstances du décès du candidat.

Le médecin désespéré a laissé une lettre justifiant son geste en demandant qu’elle soit rendue publique. Il y explique qu’il ne pouvait plus supporter les soupçons pesant sur lui depuis les révélations diffusées notamment par la radio RMC. On imagine au passage l’ambiance entre confrères journalistes…

La lettre de Thierry Costa, médecin urgentiste de l'émission Koh Lanta, rendue publique après son suicide, le 1er avril 2013 au Cambodge.

La lettre de Thierry Costa, médecin urgentiste de l’émission Koh Lanta, rendue publique après son suicide, le 1er avril 2013 au Cambodge.

Ce nouveau drame laisse libre cours à toutes les rumeurs : certains se demandent si la société de production n’aurait pas interdit au docteur de prendre en charge le candidat quand il en était encore temps. D’autres affirment qu’il aurait pu être sauvé si les caméras avaient été éteintes quelques minutes plus tôt. Des voix s’élèvent pour réclamer que Franck Firmin-Guion, le patron d’Adventure Line Productions, et Denis Brogniart, le présentateur de l’émission, tous les deux présents sur les lieux, sortent enfin de leur mutisme suspect. Une rumeur, plus infâme encore que toutes les autres, assure que les participants auraient organisé la fête prévue pour clôturer l’émission, avant de plier bagages, et cela malgré le décès de l’un d’entre eux….

En bref, cette 16e édition de Koh Lanta constitue un naufrage à tous les égards et l’on peut espérer et que TF1 aura la décence de mettre un point final à cette émission.

Une émission de « télé mensonge » flattant les instincts sadiques des téléspectateurs

Quoi qu’il en soit, ces deux drames commencent à délier les langues et incitent certains grands médias à expliquer soudain à leurs lecteurs ou à leurs auditeurs le dessous des cartes de cette émission dite de « télé réalité ».

Soulignons tout d’abord, pour parler clair, qu’il s’agit non pas d’une « télé réalité » mais bien plutôt d’une « télé mensonge ». En effet, les aventures que sont censés endurer les participants sont complètement artificielles et programmées.

Le concept de cette émission grandiose a été repris de l’émission britannique “Survivor”, qui a d’ailleurs déjà été adaptée dans de nombreux pays. Koh-Lanta procède à un mélange de réflexion stratégique pour gogos, avec des épreuves de survie et des épreuves sportives, le tout dans des cadres dignes de catalogues de tour-operateur, où alternent eaux turquoises, sable blanc, monuments anciens et jungle.

Les conditions précaires de survie dans lesquelles évoluent les candidats font partie du concept et du succès de l’émission. La faim, l’épuisement et le manque d’hygiène sont paraît-il des clés décisives pour faire grimper l’audimat, ce qui témoigne du caractère grossièrement sensationnaliste de l’émission, et flattant les instincts sadiques…

Les candidats de l'émission sont priés de se maculer de boue pour prouver qu'il s'agit de « réalité »

Les candidats de l’émission sont priés de se maculer de boue pour prouver qu’il s’agit de « réalité »

epreuve-koh-lanta-asselineauUn des leitmotive de l’émission est d’insister, constamment et avec un voyeurisme jubilatoire, sur le degré d’épuisement bien réel des candidats. Le vendredi 22 mars, la vraie « réalité » a rejoint la fausse puisque l’un des candidats est mort de ces Jeux du Cirque pour l’Audimat.

Une émission connue dans le milieu pour être potentiellement dangereuse pour les candidats

Le décès survenu au cours du tournage de l’émission au Cambodge a représenté une première en France. Mais les médias ont soudain informé les Français de ce qu’ils s’étaient bien gardés de leur dire auparavant, à savoir que ce type d’émission avait déjà provoqué des morts dans d’autres pays.

Selon le site LeFigaro.fr, le format Survivor a en effet déjà connu deux tragédies dans ses déclinaisons étrangères depuis son lancement en 1997 en Suède par son producteur britannique sous le titre d’Expédition Robinson :

  • En mai 2009, dans la version bulgare, Noncho Vodenicharov, 53 ans, était mort d’une crise cardiaque aux Philippines.
  • En août 2009, c’est la production pakistanaise qui avait assisté à la noyade d’un concurrent, Saad Khan, 32 ans, en Thaïlande.

En d’autres termes, l’émission Koh Lanta était connue, dans le microcosme des journalistes, pour être dangereuse, au point même d’être potentiellement mortelle, pour les candidats.

Cette information pose un problème de morale et d’éthique de première grandeur. Car cette émission de « télé réalité » reposait implicitement, dans l’esprit du public et des candidats, sur le fait que les dangers courus n’étaient que « pour rire ».

La révélation que ces dangers sont bel et bien vraiment réels, et qu’ils peuvent aller jusqu’à entraîner la mort, glace donc d’effroi toute personne ayant le sens des responsabilités.

On pense irrésistiblement aux Jeux du Cirque du Bas Empire romain. C’est un indice supplémentaire de la dégradation éthique et morale de nos sociétés contemporaines.

La télévision commerciale vise à « vendre du temps de cerveau humain disponible »

Se pose alors la question du pourquoi.

La réponse n’est pas difficile à trouver : Tout comme l’extrême violence et le sexe, la mise en danger de la vie d’autrui est un spectacle qui flatte certains instincts de la population et qui attire du monde. Et Koh Lanta est tout simplement l’un des plus gros succès d’audience de TF1: la dernière saison, diffusée du 2 novembre 2012 au 1er février 2013, a réalisé 29,9 % de part d’audience en réunissant 7,4 millions de téléspectateurs de moyenne, selon les chiffres de la société française Médiamétrie.

Ce qui se cache derrière tout cela, c’est donc l’augmentation de l’Audimat, et donc du volume et du prix de l’espace publicitaire que TF1 pourra vendre à ses annonceurs.

Il s’agit donc bien entendu d’une affaire de gros sous. Dans cet univers de la télévision commerciale, la nécessité  d’éduquer la population, de lui ouvrir les portes de l’émancipation par la culture, et de l’attirer vers des idéaux plus nobles, voilà qui est bien le dernier des soucis des actionnaires de TF1, c’est-à-dire des actionnaires de Bouygues, c’est-à-dire notamment des fonds de pension américains comme American Funds.

C’est également le cadet des soucis des actionnaires de la société de production Adventure Line Productions. Celle-ci est une filiale du Groupe Marathon, lui-même possédé par Zodiak Media, lui-même possédé par l’important groupe éditorial italien De Agostini.

C’est enfin également le cadet des soucis des actionnaires des annonceurs, qui sont ravis de pouvoir toucher d’un seul coup près de 7 ou 8 millions de téléspectateurs.

Le cynisme implacable – inhumain devrait-on dire –  de tout ce petit monde a été résumé par une formule, restée assez célèbre, de l’ancien PDG de TF1 Patrick le Lay :

« Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective ‘business’, soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit. […] Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible.»

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Patrick Le Lay, ancien Président de TF1. Cet homme suant le mépris à l’égard de tout le monde avait fini par indisposer tant de gens que Martin Bouygues lui-même résolut de s’en débarrasser. Il créa alors une télévision bretonne, “TV Breizh”, en clamant à qui voulait l’entendre sa haine de la République française, coupable selon lui de rien moins que d’un “génocide” en Bretagne. Il alla jusqu’à affirmer : « Je suis breton, je ne suis pas Français ». Un Breton payé par Coca Cola en quelque sorte… 

Ce sympathique personnage a été condamné le lundi 12 novembre 2012 par la 17e chambre correctionnelle du tribunal de Nanterre (Hauts-de-Seine) à payer 7 500 euros d’amende pour recours abusif à des contrats à durée déterminée (CDD) de mai 2002 à mars 2003, lorsqu’il dirigeait TF1.

Ainsi donc tout est dit : TF1, et suivant son mauvais exemple les autres chaînes de télévision française, en partie même les télévisions publiques, ne sont plus là pour participer à l’éducation et à l’émancipation du peuple français mais pour « vendre du temps de cerveau disponible » à des grandes entreprises de consommation, sur le modèle états-unien.

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Infantilisation, abrutissement, disneylandisation du monde et mépris absolu de l’intelligence de nos concitoyens

Même si le danger mortel qu’elle fait courir aux candidats est l’aspect le plus scandaleux de ce type d’émission, ses autres caractéristiques n’en sont pas moins révoltantes et il est utile de les souligner.

Car la vision du monde véhiculée par Koh Lanta, et toutes les déclinaisons de l’émission Survivor, est celle d’une planète transformée en un gigantesque Disneyland. Les scènes filmées nous donnent à voir des candidats complètement infantilisés et ayant perdu tout discernement sur ce qui est vrai ou faux, important ou ridicule, et cela sous l’effet d’un scénario abrutissant.

La société de production parvient à faire croire à ce groupe d’adultes, et à travers eux à 8 millions de téléspectateurs français, que la chose la plus importante est de franchir un bras de mer à grandes enjambées, de ramper dans la boue, de risquer de se faire piquer par une tarentule, ou de décrocher un trophée minable.

Dans cet univers en toc, des adultes décérébrés sont ainsi transportés à travers la planète à la recherche de sites admirables, mais les civilisations et les cultures étrangères sont ravalées au rang d’anecdotes folkloriques, ou tout simplement ignorées, selon l’exécrable ignorance encyclopédique de l’Américain moyen.

Les photographies de l’émission tournée au Cambodge sont à cet égard aussi instructives que déplorables.

Alors que la France possède toute une histoire au Cambodge – la colonisation bien sûr, mais aussi les découvertes archéologiques majeures réalisées avec talent et abnégation par les explorateurs français – , et qu’une télévision digne de ce nom devrait enseigner aux jeunes Français l’étendue de nos liens historiques avec ce pays, TF1 ne leur présente que des plages impersonnelles de cartes postales où s’agitent en sueur, sans raison et de façon grotesque, des adultes sans dignité, qui semblent avoir régressé à l’âge mental d’un enfant de 6 ans.

Lorsque l’on songe aux trésors architecturaux khmers, situés à quelques dizaines de kilomètres du lieu où est mort Gérald Babin, et à ce qu’une télévision de qualité aurait pu présenter aux Français, on ne peut être que frappé d’indignation par l’avilissement de notre pays et le mépris absolu de l’intelligence de nos concitoyens dont témoignent les propriétaires des grands médias.

Et que dire de ce que doivent penser, en leur for intérieur, les Cambodgiens qui assistent à ce spectacle de notre déchéance ?

brognard-uprUn chef-d’œuvre de conditionnement et d’abrutissement : le présentateur Denis Brogniart présente son trophée digne d’une fête foraine comme s’il s’agissait de la chose la plus désirable au monde.

epreuve-koh-lanta-asselineau-1 epreuve-koh-lanta-asselineau-2 epreuve-koh-lanta-asselineau-3 epreuve-koh-lanta-asselineau-5Le comportement infantile de ces adultes montre l’effrayante puissance de conditionnement et de soumission que peut engendrer la télévision.
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À gauche, le sourire énigmatique et la grâce envoûtante des visages sculptés dans les tours du Temple du Bayon à Angkor.

À droite, le trophée de KOH LANTA, brandi par l’animateur Denis Brogniart sur une plage du Cambodge, à quelques dizaines de kilomètres du site d’Angkor, comme s’il s’agissait du plus grand trésor que l’on puisse trouver en pays khmer. L’effarante laideur de ce morceau de bois passé au cirage, comparée à l’ineffable beauté des sculptures angkoriennes du XIIe siècle, traduit mieux que de longs discours l’abjection intellectuelle, esthétique et morale dans laquelle se vautre la télévision commerciale.

Les mensonges des partisans de l’ordre télévisuel établi

L’argument habituel utilisé par tous les défenseurs de l’ordre télévisuel établi est triple :

  • d’une part, il faudrait proposer au public des émissions destinées à « détendre » ou à « délasser » le téléspectateur après une rude journée de travail ;
  • d’autre part, les émissions de « télé réalité » seraient celles qui attireraient le plus de public et il serait donc normal de satisfaire aux goûts de celui-ci ;
  •  enfin, il existerait des émissions culturelles sur d’autres chaînes de télévision, – et l’on cite invariablement le cas d’Arte –, ce qui clôturerait le débat.

Ces arguments peuvent et doivent être réfutés.

  • S’agissant du délassement de la population, nul ne saurait contester que la télévision doit avoir un rôle d’amusement de divertissement. Mais, contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire :

a) le mot divertissement n’est pas fatalement synonyme de bêtise et d’avilissement.

Dans les années 1960-70, par exemple, les Français se divertissaient parfaitement en regardant ( sur l’unique – puis sur les deux – chaîne(s) de télévision ) des spectacles de variété et des films français tragiques ou comiques du répertoire (par exemple avec Bourvil, Louis de Funès, Jean Gabin, Louis Jouvet, Francis blanche, Pierre Dac etc.), mais des pièces de théâtre de boulevard, des dossiers consacrés à l’histoire de France, etc.

L’abrutissement massif des téléspectateurs Par des émissions comme « Star Academy », « Koh Lanta », etc. est un phénomène récent et parfaitement évitable, qui ne s’est développé qu’à partir, précisément, de la privatisation de la première chaîne de télévision publique en 1986. D’ailleurs, ceux qui étaient hostiles à cette privatisation à l’époque avaient parfaitement prévu et mis en garde contre la dégradation du niveau culturel qui en découlerait, comme le prouvait à satiété l’observation du prétendu « modèle » américain.

b) La nécessité de fournir des émissions de divertissement ne saurait devenir exclusif.

Au risque de surprendre, il faut rappeler avec fermeté qu’un État républicain, visant à établir l’égalité, la liberté et la fraternité entre les citoyens, ainsi que de promouvoir le développement économique et scientifique et social, ne peut pas se désintéresser de la qualité et du contenu des programmes des grands moyens de communication.

Bien au contraire, des gouvernants soucieux du bien-être matériel et moral de la population doivent avoir à cœur que les moyens de communication de masse contribuent à rehausser le niveau culturel général plutôt que de l’abaisser, à ouvrir l’esprit des jeunes et des moins jeunes sur l’histoire, la géographie, l’extraordinaire variété des civilisations de la planète, les grandes religions du monde, les splendeurs architecturales, les traditions poétiques, romanesques, les musiques du monde, les cuisines du monde, etc.

Certains pays développés (je pense en particulier à certains programmes de la BBC britannique ou de la chaîne japonaise NHK ) proposent à leur public des émissions culturelles grand public d’excellente vulgarisation qui passionnent les auditoires (sur les grandes pyramides d’Égypte, celles du Mexique, les anciens royaumes d’Afrique ou d’Asie centrale, les migrations des peuples maoris dans le Pacifique Sud au cours des siècles, etc.)

  • S’agissant de la prétendue nécessité de produire ce type d’émissions parce qu’elles correspondraient exactement au goût du public majoritaire, c’est un argument qui ressemble très exactement, dans son esprit, à la prise de position des élites françaises du XIXe siècle qui refusaient l’enseignement gratuit et obligatoire des républicains en estimant que c’était inutile et coûteux pour le peuple, et que celui-ci ne demandait pas.
  • enfin, s’agissant du fait que la chaîne Arte propose des émissions de qualité, c’est un argument qui n’est pas acceptable. Car l’objectif que doit se fixer une République, c’est bien d’inciter tous les citoyens à se cultiver et à s’éduquer, et non pas une infime minorité d’entre eux.

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Ce sont ces trois grands explorateurs français qui firent connaître l’immense complexe de temples d’Angkor au monde occidental en le sortant de l’oubli.

De gauche à droite :

  • Henri Mouhot (Montbéliard, 1826 – Luang Prabang, 1861), qui explora l’Asie du Sud-Est, devint l’ami des rois du Cambodge Ang Duong puis Norodom et qui explora le site d’Angkor durant l’hiver 1859-60. C’est lui qui, le premier, fit redécouvrir aux yeux des Occidentaux cette ancienne capitale de l’empire khmer.
  • Ernest Doudart de Lagrée ( Saint-Vincent-de-Mercuze, 1823 – Tong-Tchouen, Yunnan, 1868 ). Ce polytechnicien conduisit une expédition scientifique française sur le Mékong, avec pour second le lieutenant Francis Garnier. Cette expédition, qui comprenait le photographe Emile Gsell, remonta le fleuve en traversant des forêts impénétrables et explora notamment le site d’Angkor en 1866, où est pris ce cliché exceptionnel.
  • Francis Garnier (Saint-Étienne, 1839 – mort au combat à Hanoï, 1873) était un officier de marine et explorateur qui accompagna, en qualité de second, la mission de Doudart de Lagrée, puis qui en prit la direction lorsque celui-ci mourut. Il devint célèbre pour avoir passé l’essentiel de sa vie à explorer le Mékong.

Jayavarman-asselineauJayavarman VII, qui fut le dernier grand roi de l’empire khmer, régna à Angkor de 1181 à 1201 environ. Son buste, qui constitue l’un des joyaux des collections du Musée Guimet à Paris, compte parmi les chefs-d’œuvre les plus accomplis de toute la statuaire universelle. Cette sculpture de grès appartient au style du Bayon (fin XIIe-début XIIIe siècle) et fait montre d’une grande expressivité, bien que toute de retenue. Sur les lèvres du monarque flotte le célèbre « sourire d’Angkor », qui témoigne depuis huit siècles de la sérénité de son âme et de son indicible grandeur.

CONCLUSION : L’UPR est le seul mouvement politique dont le programme prévoit de désintoxiquer les Français de l’addiction abrutissante à la télévision commerciale

En conclusion, je rappellerai que les deux drames occasionnés par TF1 n’en donnent que plus de pertinence et d’acuité au programme que j’ai présenté le 3 décembre 2011 et qui, sur les questions médiatiques et culturelles notamment, proposait la renationalisation de TF1 et une augmentation très sérieuse du standard de qualité exigée de nos grandes chaînes de télévision.

J’en redonne ci-après les passages pertinents pour l’objet de ce dossier :

PROGRAMME DE L’UPR SUR LES QUESTIONS DE MÉDIAS ET DE CULTURE (extraits) 

  • Fixer un cadre constitutionnel aux médias.

Créer un Service public de l’Information et de la Culture (SPIC). Indépendant et doté de moyens lui permettant de remplir sa mission informative, démocratique et émancipatrice, ce SPIC sera chargé par la loi de favoriser la qualité des débats publics, l’élévation de la culture générale et l’éducation de tous en offrant une information et des programmes de qualité (culture, arts, histoire, sciences, etc.).

  • Adopter des lois anti-concentration et des dispositifs permettant de lutter contre la logique de la financiarisation et la logique commerciale dans le domaine des médias.

– Interdire aux groupes intervenant fortement dans d’autres secteurs économiques de posséder des médias.

– Interdire, de manière constitutionnelle, toute prise de contrôle des médias de masse par des fonds de pension ou des groupes et conglomérats multinationaux.

– Limiter l’ampleur des financements publicitaires et la durée des messages publicitaires.

– Réformer le système d’aides publiques à la presse afin que les subventions favorisent les médias qui participent de façon loyale et désintéressée à la vie démocratique.

  • Renationalisation de TF1

TF1 est de loin la première chaîne regardée par les Français. Elle joue un rôle de premier plan dans la formation et l’éducation de l’opinion publique française, rôle qu’il est inadmissible, dans une démocratie, de laisser dans des mains privées ou étrangères. TF1 sera donc renationalisée et son cahier des charges, profondément remanié afin d’assurer la démocratie et l’élévation de la culture générale des Français

  • Arrêter l’américanisation subliminale des cerveaux.

Maintien et approfondissement de « l’exception culturelle », avec une aide des pouvoirs publics à la création artistique française, aux films et aux chansons français.

Obligation de qualité culturelle sur les grandes chaînes de télévision et stations de radio publiques (dont TF1 renationalisée) : quotas minimaux de programmation de pièces du théâtre français classique, d’opéras, de films classiques, de documentaires historiques, géographiques, scientifiques de bonne vulgarisation.

  • Ouvrir les esprits à toutes les cultures du monde.

La France doit dénoncer la « mondialisation » – qui n’est en fait qu’une américanisation – et favoriser l’ouverture de toutes les cultures du monde sur l’universel et sur un pied d’égalité.

Obligation sera faite aux grandes chaînes de télévision et stations de radios publiques (dont TF1 renationalisée) de diffuser des informations et des films représentant les points de vue et les sensibilités d’autres civilisations :

cinéma japonais, chinois, indien, russe, égyptien, africain, brésilien, etc.

[source : http://www.upr.fr/wp-content/uploads/presidentielles/Programme-Liberation-Nationale.pdf, en particulier page 20 et 49 ]

Le drame qui s’est abattu sur deux familles au cours du tournage de l’émission de Koh Lanta au Cambodge mérite toute notre compassion et je présente mes condoléances les plus attristées aux proches des défunts.

Le gouvernement serait bien avisé de se saisir de cette affaire pour taper un grand coup de poing sur la table, en imposant à TF1 comme à toutes les télévisions commerciales un cahier des charges draconien quant à la sécurité et à la qualité intellectuelle des émissions.

Malheureusement, nous pouvons anticiper sans grand risque d’erreur que le gouvernement ne le fera pas et qu’il se contentera, dans le meilleur des cas, d’une vague admonestation. Pas plus lui qu’aucun autre puisque toute la classe politique française est prête à toutes les compromissions et à tous les abandons pour complaire aux propriétaires de TF1, tout comme aux annonceurs qui financent le budget des autres médias.

Sur ce sujet, comme sur tous les autres, le programme de l’UPR est donc à la fois unique en son genre, et parfaitement réfléchi, pour casser les dérives morbides d’une société victime de l’Argent fou et ayant perdu presque tous ses repères.

François ASSELINEAU

POST SCRIPTUM

Le Cambodge est un pays cher à mon cœur. J’ai eu la chance de m’y rendre plusieurs fois, dans des buts professionnels ou d’agrément.

Je ne résiste pas au plaisir de poster ici quelques vues du site, extrêmement étendu en superficie, de l’ancienne capitale impériale. Angkor compte assurément parmi les lieux chargés d’histoire les plus prodigieux de toutes les civilisations du monde que j’ai pu visiter.

Ce sont toutes ces merveilles, toute l’histoire fascinante de ce royaume, et toute l’empreinte que la France et l’Ecole française d’Extrême-Orient ont laissée là-bas que les télévisions françaises devraient présenter à nos jeunes concitoyens. Si on leur expliquait bien les choses, cela les enthousiasmerait et les ferait rêver infiniment plus que les misérables exercices de survie frelatés de TF1.

Angkor Vat
Angkor-Vat-asselineau-1 Angkor-Vat-asselineau-2 Angkor-Vat-asselineau-3 Angkor-Vat-asselineau-4Le Temple Ta Prohm, envahi par les racines de fromagers. À la différence de la plupart des autres monuments d’Angkor, Ta Prohm a été laissé dans un état proche de sa re-découverte au début du XXe siècle. Il a été choisi à cet effet par l’École française d’Extrême-Orient comme “concession au goût général pour le pittoresque”
Angkor-Vat-asselineau-5 Angkor-Vat-asselineau-6