La prestigieuse maison Balmain tombe aux mains de la famille régnante du Qatar

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Après tant d’autres actifs français de prestige, la maison Balmain tombe aux mains de la famille régnante du Qatar.

On a appris, ce 21 juin 2016, que la maison Balmain, créée en 1945 par le couturier Pierre Balmain, et qui était détenue auparavant à 70% par les héritières de l’ancien PDG Alain Hivelin (mort en décembre 2014) et à 30% par la direction, vient de passer aux mains du Qatar, moyennant un prix de 450 millions d’euros supérieur aux prévisions du marché. L’acheteur est plus précisément le fonds d’investissement Mayhoola, lié à la famille régnante du Qatar, déjà propriétaire de la griffe italienne Valentino.

Ce énième rachat d’un actif français de prestige offre l’occasion de faire le point sur la puissance tentaculaire prise en France par ce petit émirat dirigé d’une main de fer par le Cheikh Tamim ben Hamad Al Thani.

INVESTISSEMENTS IMMOBILIERS

Rappelons que la France a adopté en février 2009 un régime fiscal particulier pour l’Etat qatari, qui est tout bonnement exonéré de taxe sur les plus-values immobilières. Nicolas Sarkozy, qui est à l’origine de cette mesure d’exception, a souhaité ainsi « faciliter les relations commerciales entre la France et le Qatar » et notamment l’investissement des Qataris dans l’immobilier français….

L’ancien émir du Qatar, le cheikh Hamad Ben Khalifa al-Thani, s’est offert un terrain de 18 hectares dans la commune de Mouans-Sartoux, entre Grasse et Mougins, dans les Alpes-Maritimes. Il a fait construire sept maisons sur cet immense parc, afin de loger sa nombreuse suite et sa très grande famille (il a trois femmes et 24 enfants).

Le QIA (Qatar Investment Authority) – qui gère la fortune de la famille Al-Thani, régnante sur le Qatar -, possède par ailleurs :

~~ l’hôtel Lambert, situé à la pointe de l’île Saint-Louis, au cœur de Paris. Ce sublime hôtel particulier, qui a été la première acquisition des Qataris à Paris, a été racheté par le fonds souverain du Qatar à la famille Rothschild pour 80 millions d’euros.

~~ les 16 enseignes du groupe Printemps et notamment son « vaisseau amiral », le célèbre grand magasin installé sur les grands boulevards parisiens.

~~ l’immeuble Virgin, situé 52, avenue des Champs-Elysées. La QIA l’a racheté en juin 2012 à Groupama pour 500 millions d’euros.

~~ l’immeuble du “Figaro”, situé 14 boulevard Haussmann à Paris. Cet immeuble d’une superficie de 23.000 m² a été acquis en juin 2012 par QIA pour 300 millions d’euros. L’immeuble abrite également plusieurs services de l’ambassade américaine.

~~ l’immeuble HSBC, situé 103 avenue des Champs-Elysées à Paris. Cet immeuble d’une superficie de 35.000 m² a été acquis en 2009 pour 400 millions d’euros.

~~ l’hôtel de Coislin, voisin de l’hôtel de Crillon, à l’angle de la rue Royale et de la place de la Concorde, dans le 8e arrondissement.

~~ l’hôtel d’Evreux, situé place Vendôme. Cet hôtel particulier, ancienne résidence du gouverneur du Crédit foncier, a été racheté en 2003 par l’émir du Qatar pour 230 millions d’euros.

~~ le prestigieux hôtel particulier Landolfo-Carcano, qui fait office de siège de l’ambassade du Qatar, 1 rue de Tilsitt, qui donne sur la place de l’Étoile.

~~ l’hôtel particulier Kinsky, 53 rue Saint-Dominique, qui fait office de résidence secondaire pour la famille princière Al Thani.

INVESTISSEMENTS HÔTELIERS

Par ailleurs, le fonds d’investissement Qatari Diar – propriété de QIA, donc de la famille régnante – qui s’est spécialisé dans l’achat d’hôtels de luxe, possède désormais

~~ le palace Royal Monceau Raffles, situé avenue Hoche, dans le 8e arrondissement de Paris, non loin de la place de l’Étoile.

~~ le palace hôtel Hilton Paris Opéra (ex-« Concorde Opéra »), rue Saint-Lazare à Paris.

~~ le palace hôtel InterContinental, situé rue Scribe, près de la place de l’Opéra à Paris. Cet établissement prestigieux date de 1862 et sa décoration en est le reflet, avec ses chambres d’époque Napoléon III.

~~ 40% de la « Société fermière du casino municipal de Cannes » (SFCMC), propriétaire de l’hôtel Majestic, de l’hôtel Gray d’Albion et de deux casinos à Cannes.

~~ l’hôtel Martinez à Cannes.

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Un autre fonds d’investissement qatari spécialisé dans les palaces – dénommé Katara Hospitality (ex « Qatar National Hotels Co. ») et propriété de la famille régnante – possède quant à lui tout ou partie des palaces suivants /

~~ le Peninsula Paris, situé avenue Kléber, dans le 16e arrondissement de Paris. Ce palace s’est installé dans l’ancien « centre de conférences international » où s’était tenue la conférence de paix mettant fin à la guerre du Vietnam

~~ l’hôtel du Louvre, situé rue Saint-Honoré à Paris, face à la rue de Rivoli et au musée du Louvre.

~~ le Hyatt Regency Paris Étoile, ancien hôtel « Concorde Lafayette », situé Porte Maillot à Paris.

INVESTISSEMENTS INDUSTRIELS

Le Qatar Investment Authority (QIA) contrôle :

~~ 7,5 % du capital d’EADS, la compagnie mère d’Airbus, n°1 mondial de l’aviation commerciale.

~~ 3 % du géant pétrolier français Total.

~~ 1% du géant du luxe français LVMH

~~ 12,83% du Groupe Lagardère.

~~ 5% de Veolia Environnement.

~~ 4,2% de Vinci.

INVESTISSEMENTS SPORTIFS

Le Qatar Investment Authority (QIA) contrôle :

~~ 100 % du club Paris Saint-Germain.

~~ 100% du club Paris Saint-Germain Handball.

INVESTISSEMENTS DANS LES BANLIEUES

Après une forte polémique, le Qatar a renoncé à créer son fonds d’investissement dans les banlieues annoncé lors de la dernière campagne présidentielle en 2012, et a accepté de le transformer en un fonds commun d’investissement franco-qatari pour les PME.

“INVESTISSEMENTS” ET PRESSIONS POLITIQUES

Dans le livre « Une France sous influence », Vanessa Ratignier et Pierre Péan racontent comment la France est devenue « le terrain de jeu préféré » du Qatar.

Les deux auteurs relatent notamment comment l’ancien président Jacques Chirac aurait raconté à son successeur à l’Élysée, Nicolas Sarkozy, que le Premier ministre du Qatar, Hamad Jassem al-Thani avait tenté de le corrompre, en venant à l’Elysée avec des valises remplies de billets : « Nicolas, fais attention. Des rumeurs de corruption fomentée par le Premier ministre qatari te concernant circulent dans Paris…Fais vraiment attention ».

Des bruits circulent en particulier sur le financement par le Qatar du divorce de Nicolas Sarkozy avec sa deuxième épouse Cécilia en octobre 2007. Certains suggèrent qu’il aurait été payé par un prélèvement effectué sur l’argent versé par le Qatar à la Libye, en échange de la libération des infirmières bulgares détenues par le régime de Kadhafi. Le Qatar aurait versé bien plus que le montant de la rançon réclamée par la Libye. Le tout sur des comptes en Suisse qui auraient notamment servi à financer le divorce de Nicolas Sarkozy…

En 2008, l’émir de Doha raconte que le président français en aurait même pleuré sur son épaule : « Sarkozy pleurait presque. Il m’a raconté que sa femme Cécilia lui demandait 3 millions d’euros pour divorcer. C’est moi qui ai payé », aurait-il confié à l’ancien activiste libanais Anis Naccache, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en 1982 pour avoir tenté d’assassiner l’ancien Premier ministre du shah d’Iran, Shapour Bakhtiar.

De son côté, François Hollande s’est rendu quatre fois au Qatar depuis son élection en 2012. Le premier chef d’État qu’il a reçu à l’Elysée a été l’émir du Qatar.

François Hollande est encore allé au Qatar le 4 mai 2015 pour y signer la vente de 24 avions de chasse Rafale, pour le plus grand profit de la maison Dassault. (notre photo montre François Hollande, une nouvelle fois ridicule, devant l’émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, à Doha, capitale de l’émirat).

CONCLUSION

Je rappelle enfin :

a) que le Qatar, comme l’Arabie Saoudite, ont des liens pour le moins troubles et ambigus avec le financement de Daesh et du terrorisme qui frappe les pays occidentaux.

b) que ce raz-de-marée d’achats des plus prestigieux actifs français par le Qatar n’aurait pas été possible sans l’article 63 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE). On ne voit d’ailleurs pas comment ce raz-de-marée pourrait cesser tant que la France restera sous la contrainte des traités européens.

François ASSELINEAU