Actes du colloque “Françamérique ? no future !” : Table ronde sur la remise en cause du droit de travailler en français

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Compte-rendu du Responsable national de l’UPR chargé des Solidarités francophones

Le grand colloque organisé par l’UPR le samedi 8 juin 2013 à Paris sur la langue française a connu un très beau succès. Nous publions aujourd’hui la vidéo de la première table ronde, consacrée à la remise en cause du droit de travailler en français en France même.

Malgré une journée ensoleillée, baignée par une douce température de 25°C qui tranchait avec le temps maussade qui avait frappé Paris depuis plusieurs semaines, ce sont 130 personnes qui sont venues écouter pendant toute la journée une ou plusieurs tables rondes dans la salle que l’UPR avait louée. Tous les âges se sont côtoyés dans le public, qui a manifesté des réactions enthousiastes, passionnées, inquiètes, face aux interventions des invités.

Le théâtre du Passage vers les Étoiles s’est révélé idéal pour ce type de manifestation. Décoré agréablement, d’utilisation très  pratique, c’est une lieu spacieux et équipé d’un matériel complet. Un bar attenant à la salle a permis aux équipes de l’UPR de  proposer des rafraîchissements et des sandwichs.

Les témoignages du public et les propos des intervenants ont mis en lumière l’ampleur du phénomène d’anglicisation à marche forcée dont la France est la cible. La langue française subit constamment, depuis plusieurs années, des attaques insidieuses et dissimulées, destinées à en réduire l’usage dans un nombre croissant de domaines, à en limiter l’enrichissement et, finalement, à en faire un provincialisme pittoresque.

Ce ne sont, en effet, pas seulement l’enseignement supérieur et la recherche qui sont visés, ou la chanson. C’est également le vocabulaire de tous les jours à travers les messages publicitaires, l’intitulé des produits que nous consommons, les enseignes des magasins, et l’environnement professionnel, aussi bien à l’écrit – procédures, normes, concepts – qu’à l’oral – entretien d’évaluation par exemple.

Les exposés ont permis d’identifier la cause principale de cette situation, à savoir l’esprit de “collaboration” ou “l’esprit d’abandon” de la petite élite dirigeante française – soucieuse avant tout de sa carrière – avec la puissance hégémonique du moment. Cette petite élite, se parant de « réalisme » et de « pragmatisme », n’hésite pas à trahir les intérêts les plus fondamentaux du peuple dont elle a la charge.

Compte tenu du succès de cette première journée thématique, l’UPR envisage d’en organiser, d’ores et déjà, plusieurs autres avant la fin d’année.

COMPTE-RENDU DE LA TABLE RONDE N°1
« LA REMISE EN CAUSE DU DROIT DE TRAVAILLER EN FRANÇAIS EN FRANCE »

La première table ronde a été animée par Messieurs Lamonnier et Cuisiniez, membres respectivement de la CFE-CGC et de la CFDT. Évoquant des situations concrètes de stress linguistique ainsi que la souffrance au travail qu’elles provoquent, ils ont montré les effets pervers de l’imposition de plus en plus fréquente de l’anglais en milieu professionnel.

Ces effets pervers sont systématiquement tus en raison de l’autocensure que s’imposent les salariés : avouer qu’ils comprennent ou parlent mal l’anglais peut, en effet, bloquer leur carrière. La compétence linguistique apparaît désormais de façon croissante comme ayant plus d’importance que la compétence professionnelle.

La législation française était auparavant très protectrice du droit de travailler en français. 

Citons notamment l’article 2 de la Constitution qui dispose que « la langue de la République est le français » et la loi Toubon de 1994.

Or, depuis quelques années, les autorités politiques françaises ont adopté le point de vue strictement inverse, encouragées en cela, d’ailleurs, par les décisions européennes.

Les intervenants ont cité notamment :

  • les dérogations qui permettent d’imposer l’anglais exclusivement dans les formations des pilotes d’avion ;
  • le protocole de Londres, que Nicolas Sarkozy a fait ratifier par le Parlement juste après son élection et qui supprime l’obligation de traduction en français des brevets ;
  • la loi Fioraso qui prévoit de substituer progressivement l’anglais au français dans l’enseignement supérieur et la recherche en France. La pétition lancée par l’UPR à ce sujet compte 11.410 signatures, venues de 73 pays différents ;
  • la décision de la Cour de justice de l’Union européenne du 16 avril 2013, qui a jugé qu’une législation nationale imposant à l’employeur de rédiger les contrats de travail, y compris pour une prestation transfrontalière, dans une langue donnée sous peine de nullité, est contraire à la liberté de circulation des travailleurs.

Ces évolutions témoignent d’un processus souterrain et voulu d’« autocolonisation », qui ne rencontrerait nullement l’approbation populaire s’il était connu publiquement.

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