Comment s’explique la victoire surprise de Milei en Argentine ?

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Alors que tous les sondages prévoyaient un score très serré, le parti de Milei a remporté une nette victoire (40,8 % contre 31,7 % pour l’opposition péroniste) lors des élections législatives du 26/10/ 2025.
Bien que sans majorité absolue, Milei atteint ainsi le seuil de 1/3 des sièges dans les 2 assemblées, ce qui protège ses vétos contre l’opposition et lui donne un « bouclier législatif » pour poursuivre ses réformes.

Comment s’explique ce résultat qui étonne puisqu’il fait suite à la défaite électorale du 7 septembre dans la région de Buenos Aires ?

Il est incontestable que la politique économique de Milei depuis 2 ans a produit des résultats réels, quoi que encore très insuffisants :

✅️ le budget de l’État a été présenté en équilibre en 2025, pour la 1re fois en 14 ans

✅️ l’hyperinflation a été ramenée de 289 % en avril 2024 à 32 % en septembre 2025.
Ce qui fait encore une inflation de +2,7 % par mois…

✅️ le taux de pauvreté, qui avait explosé au 1er semestre 2024 à 52,9 % de la population, est retombé à 38,1 % fin 2024 et 31,6 % au 1er semestre 2025.
Cela reste considérable, puisque c’est 4 fois supérieur au taux de pauvreté en France (8,4 % au 1er semestre 2025) !

✅️ le taux de croissance, après s’être effondré à -1,7 % lors de la récession de 2024, s’est vivement redressé : il devrait s’établir à +5,2 % en 2025 selon l’OCDE


Mais les zones d’ombre restent nombreuses :

⛔️ 250 000 emplois ont été perdus en 2 ans

⛔️ 18 000 entreprises ont fait faillite

⛔️ le pouvoir d’achat de la population générale a beaucoup baissé

⛔️ Et ce, sans compter la chute de popularité de Milei (36 % fin 2025, soit -24 points en 10 mois), et les scandales dans son entourage (implication présumée de sa sœur dans des affaires de corruption et un candidat lié au narcotrafic)

Il est donc simpliste de croire que la victoire de Milei serait toute due aux questions économiques.

Elle a tenu aussi, et peut-être surtout, à 4 autres raisons :

1️⃣ l’opposition péroniste, divisée et usée par ses scandales passés, ne fait pas plus rêver les électeurs que le PS en France.
Même si beaucoup sont déçus par Milei, ils voient encore en lui un rempart contre le « retour au socialisme » qui a ruiné l’Argentine

2️⃣ les jeunes (18-30 ans) restent attirés par le discours anti-système et « libertarien » de Milei

3️⃣ les classes populaires, très touchées par l’austérité, n’ont eu envie de voter ni pour Milei ni pour les péronistes, et ont préféré ne pas aller voter. Ce qui a fait monter l’abstention à 32 %, la plus forte depuis 1983.
Cette abstention massive est d’autant plus notable qu’elle est punie d’une amende légère (entre 0,5 et 4€), le vote étant obligatoire en Argentine depuis 1912.

4️⃣ Enfin, last but not least, les États-Unis se sont ouvertement ingérés en faveur de Milei dans ces élections.

Inquiet des élections du 7 septembre, et craignant le retour des péronistes à Buenos Aires, Trump a reçu Milei à la Maison-Blanche le 14 octobre pour le couvrir d’éloges et de financements.

Il a promis une AIDE FINANCIÈRE MASSIVE de 40 milliards de dollars à l’Argentine (20 Mds$ en swap de devises + 20 Mds$ de prêts privés), MAIS SOUS LA CONDITION D’UNE VICTOIRE ÉLECTORALE DE MILEI…

👉 Source : cet article du 25 octobre 2025 du Monde

Ce soutien financier massif de Trump à Milei a fait scandale dans une partie de l’opinion publique américaine, mais il a rassuré les marchés et stabilisé le cours du peso argentin qui avait chuté de -12 % au lendemain du 7 septembre.

👉 Source : cet article en date du 16 octobre 2025 du Parisien

Ce soutien financier américain a aussi atteint son but : il a incité de nombreux électeurs argentins, las des promesses non tenues de l’opposition, à privilégier la stabilité à court terme.
Beaucoup ont craint un retour aux crises monétaires du passé si Milei était affaibli et lâché par Washington.

Trump ne cache pas le rôle décisif qu’il estime avoir joué puisqu’il a aussitôt félicité Milei pour sa «victoire écrasante».

Quitte à renforcer encore l’image de Milei comme étant un pur vassal de Washington.