23 juin 2016 – 23 juin 2019 – Alors que toutes les prophéties d’Apocalypse ont été démenties par les faits, les 52 % de Britanniques qui ont voté pour le Brexit attendent depuis 3 ans que la démocratie soit respectée.

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À l’occasion de ce scandaleux anniversaire, je crois utile de (re)lire un article paru dans le journal Daily Express du 22 avril 2018 (il y a donc un an et deux mois) – et qui avait également été repris dans le Telegraph. (Je le publie ci-après).

Cet article mettait en avant le rapport d’un économiste célèbre pro-Brexit (Timothy Congdon) qui expliquait, toutes preuves à l’appui, que les prévisions faites par le ministère des Finances du gouvernement Cameron pour terroriser les électeurs quant aux conséquences apocalyptiques à attendre du Brexit étaient en réalité totalement démenties par les faits survenus au cours des deux ans ayant suivi le référendum.

Trois ans après, cet article est encore plus pertinent : l’économie britannique connaît son plus bas taux de chômage depuis 40 ans, les investissements étrangers sont nombreux et le nombre d’emplois solides ne cesse de se développer au détriment des emplois précaires.

Il faut maintenant espérer pour les Britanniques que leur prochain Premier ministre sera Boris Johnson et que celui-ci procédera au Brexit définitivement pour le 31 octobre prochain, sans nouveau report et éventuellement sans accord.
François Asselineau
23 juin 2019
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L’article ci-dessous a été traduit par mes soins, la traduction est donc assortie des réserves d’usage.
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SELON UN ÉCONOMISTE, LE “PROJET DE LA PEUR” S’ÉTAIT TROMPÉ DE 100 MILLIARDS DE LIVRES STERLING.

Article publié par Camilla Tominey
dans le Daily Express du 22 avril 2018.
(Version originale en anglais : https://www.express.co.uk/news/uk/949459/brexit-news-eu-uk-project-fear-100-billion-economists-for-free-trade)

Les prévisions du Trésor lors de la campagne pour le Brexit étaient erronées à hauteur de 100 milliards de livres sterling, selon un rapport accusant l’ancien chancelier de l’Échiquier George Osborne d’avoir supervisé une « erreur grossière de gouvernement”.

L’auteur, Timothy Congdon, un analyste monétaire de premier plan dans le monde, décrit les sombres prévisions de M. Osborne comme « absurdes », en soulignant qu’elles étaient erronées à près de 5 % du PIB.

Décrivant les conséquences de cette énorme erreur comme « sismiques », M. Congdon a déclaré : « Au lieu de voir chuter l’emploi de centaines de milliers d’emplois, on l’a vu augmenter de centaines de milliers.

« Au lieu de voir les prix de l’immobilier baisser, ils ont augmenté. Au lieu que les finances publiques se contractent davantage, elles ont été meilleures que jamais depuis la Grande Récession.

« Avant tout, la rhétorique effrayante de M. Osborne sur le retour de la Grande Récession semble maintenant absurde. Malgré toute sa compétence présumée, il ne pouvait pas avoir plus faux. »

« Cette erreur de jugement grotesque ne concernait pas un domaine éloigné du domaine de responsabilité de son département. C’était un sujet sur lequel il avait une responsabilité ministérielle directe et qui était peut-être la question de politique publique déterminante de sa carrière. »

Le rapport, qui sera publié dans l’édition de mai du magazine Standpoint, calcule la différence entre les prévisions du « Projet de la Peur » (« Project Fear ») et la réalité à 4,6 % du PIB.

En prenant en compte les variations en pourcentage du PIB par trimestre depuis le deuxième trimestre de 2016, M. Congdon a calculé que, globalement, la croissance attendue du PIB au cours des deux ans jusqu’à la mi-2018 s’est révélée supérieure de +3,6 % à ce qu’elle aurait été si les Britanniques avaient voté pour rester dans l’UE alors que les prévisions du « Project Fear » annonçaient une chute de -1,2 %.

Le résultat réel, après le vote pour le Brexit, utilisant les prévisions officielles pour les premier et deuxième trimestres de cette année [2018] est de +3,4 %. Ce qui montre que le « Projet de la Peur » a fait une erreur de calcul de 4,6 % du PIB, soit 100 milliards de livres sterling.

Dans son article, M. Congdon, membre du groupe d’économistes pour le libre-échange pro-Brexit, fondateur de la société municipale Lombard Street Research, avance deux hypothèses pour expliquer ces erreurs du « Project Fear ».

La première est que M. Osborne a violé les conventions de notre Constitution non écrite et a abusé de l’autorité du Trésor pour donner corps à des mensonges.

Il suggère que les fonctionnaires ont travaillé si étroitement avec les politiciens qu’ils ont perdu leur objectivité et se considèrent comme devant servir ces politiciens plutôt que le public.

La deuxième hypothèse est que les seuls conseils reçus par M. Osborne provenaient d’économistes officiels qui ne savaient pas de quoi ils parlaient.

Tant de personnes se « répétaient les uns les autres » que cette unanimité devait être prise pour argent comptant. Si tel était le cas, conclut M. Congdon, « Osborne n’est peut-être pas un Svengali(*) qui a corrompu les fonctionnaires autour de lui, mais l’innocente victime de conseillers suprêmement incompétents et inutiles ».

Il ajoute qu’il y a peut-être eu « un mélange de malice et d’ignorance, de politique malfaisante et d’économistes vulgaires et que – comme on l’a vu avec d’autres gaffes politiques de ces dernières décennies -, il y avait plus de bêtise que de complot ».

M. Osborne, qui est actuellement rédacteur en chef du London Evening Standard, avait initialement présenté deux scénarios apocalyptiques post-Brexit dans un livre blanc du Trésor.

Le premier scénario, dit « prudent », suggérait que même avec un accord commercial avec l’UE, le PIB britannique baisserait de -3,6 %.
Le deuxième scénario – dit de « choc sévère » -, selon lequel la Grande-Bretagne « s’effondrerait » en sortant de l’UE sans accord et avec des échanges commerciaux aux conditions de l’OMC, prédisait une chute du PIB de -6 %. M. Osborne avait également prédit des pertes d’emplois de 520 000 à 820 000.

En fait, la Grande-Bretagne connaît actuellement son taux de chômage le plus bas depuis 1975.

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(*) Explication : Svengali est un personnage de fiction du roman Trilby de George du Maurier, paru en 1894. Hypnotiseur, Svengali incarne l’archétype du personnage maléfique manipulateur, capable d’amener les gens à faire ce qu’il désire. Son nom est entré dans l’anglais courant pour désigner un individu extrêmement manipulateur et aux intentions mauvaises, d’où de nombreuses adaptations cinématographiques ou télévisuelles.