Un 10e groupe à l’Assemblée nationale : pour François Asselineau, c’est le signe d’une nécrose accélérée.

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Sept nouveaux députés ont décidé de quitter, ce mardi 26 mai 2020, le groupe LREM qui, avec désormais 281 membres, s’éloigne un peu plus encore de la majorité absolue de 288 sièges. Rappelons qu’il avait  commencé la législature largement au-dessus, avec 314 sièges.

Ces 7 transfuges ont rejoint les 10 parlementaires d’« Agir », une formation pro-Macron issue d’une scission d’avec LR en novembre 2017, dirigée par l’actuel ministre de la Culture Franck Riester, et qui ne pouvait disposer à elle seule d’un groupe parlementaire dont l’effectif minimal doit être de 15 membres.

Ce nouveau groupe parlementaire de 17 députés baptisé « Agir ensemble » fait suite à la création, il y a une semaine, d’un autre groupe parlementaire pro-Macron, « Écologie Démocratie Solidarité », également de 17 membres et également suscitée par une scission du groupe LREM.

La multiplication de groupes parlementaires crypto-macronistes ne va pas, en soi, changer la donne politique. Au total, l’Assemblée nationale reste composée exclusivement de groupes ultra-européistes ou alter-européistes, qui ne représentent aucune opposition réelle, tranchée et crédible à Macron et à la prétendue « construction européenne ».

L’interprétation politique de cet émiettement, qui laisse d’ailleurs les Français complètement indifférents, est à rechercher ailleurs.

Loin de témoigner d’une quelconque « recomposition », la division de l’Assemblée nationale en 10 groupes distincts, inédite sous la Ve République, est le signe irréfutable d’une nécrose de la scène politique, en voie d’accélération.

Des parlementaires dissidents qui n’ont manifestement rien compris aux causes réelles de la situation.

Ces parlementaires qui s’éparpillent dans des satellites de LREM – qui sont autant d’écuries pour des petites ambitions individuelles – n’ont manifestement pas compris les raisons profondes, ni de leur insatisfaction propre et du ressentiment qu’ils éprouvent à l’égard de Macron, ni du rejet massif de celui-ci par les Français.

Ils en restent tous à un niveau superficiel d’analyse.

Ils ressassent tous, de façon mécanique, les mêmes poncifs.

Ils affirment tous être « proches du terrain ».

Ils annoncent tous qu’ils ont des « tas d’idées nouvelles à faire passer ».

Ils veulent tous être une « force de proposition » et de « renouveau ».

Ils reprennent tous les thématiques du moment – dont les sondages indiquent qu’elles sont chères aux Français – comme l’écologie et la solidarité.

Ils proclament tous « vouloir faire de la politique autrement ».

Cet aveuglement sur les causes réelles de la situation fait froid dans le dos.

Pas un seul de ces députés ne semble décidément avoir compris que ce ne sont ni Macron, ni a fortiori le gouvernement, et encore moins les députés, qui décident des grandes orientations du pays.

La publication des GOPE 2020 le 20 mai dernier, dont seule l’UPR a parlé, leur fournissait pourtant l’occasion parfaite d’expliquer aux Français que toutes les promesses de Macron sur « le monde d’après » sont un pur enfumage, et que rien ne changera en France tant que nous ne nous libérerons pas de la tutelle destructrice de l’Union européenne.

Pour parler comme en biologie, nous avons donc affaire à la scissiparité des mêmes métazoaires politicards, qui se divisent pour se reproduire à l’identique, sans progresser d’un iota dans l’échelle des espèces et de la politico-diversité. Ils forment de nouveaux groupes parlementaires chaque semaine et claironnent “Marchons, marchons !”, mais en faisant du surplace, comme sur une scène d’opéra.

Notre scène politique est à bout de souffle parce qu’elle reste entièrement soumise au dogme européiste, sous peine d’excommunication médiatique.

Alors que la colère des peuples d’Europe ne cesse de grossir, et en particulier celle des Français, cet immobilisme est annonciateur des grands bouleversements à venir.

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