Mise au point du Bureau national de l’UPR sur les déclarations successives et contradictoires de Michel Onfray.

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Cette mise au point a été approuvée le 23 septembre 2019 par l’ensemble du Bureau national de l’UPR.


L’Union populaire républicaine (UPR) trouve triste le reniement ahurissant de Michel Onfray concernant François Asselineau, opéré en moins d’une journée, et lui demande expressément de retirer ses accusations diffamatoires.

Le jeudi 19 septembre, Michel Onfray a fait un éloge très appuyé, et même d’une tonalité tout à fait dithyrambique, de François Asselineau à la librairie Mollat à Bordeaux.

En particulier :

Michel Onfray a apporté son soutien au président de l’UPR, de façon parfaitement consciente et assumée, devant des dizaines de personnes et des caméras, en disant : « la chose étant enregistrée, elle va pouvoir être dite, Asselineau va pouvoir mettre en boucle le soutien de Michel Onfray ». Il s’est agi d’une démarche volontairement publique, dont l’UPR n’avait nullement été prévenue, et que le philosophe a qualifiée lui-même de « coming out ».

L’écrivain a confié n’avoir rien à objecter à tout ce qu’il avait entendu de François Asselineau, indiquant : « dans tout ce que j’ai entendu de lui, je n’ai pas trouvé de choses à redire, vraiment, et parfois je l’ai écouté longuement, j’ai écouté des enregistrements qui pouvaient durer une bonne heure avec un réel intérêt, avec un réel plaisir en me disant “c’est vrai que je souscris à tout ça” ». Allant jusqu’à qualifier François Asselineau de « votre héros », Michel Onfray a ajouté : « Pourquoi en parle-t-on si peu ? Parce qu’il dit la vérité. Parce qu’il dit des choses justes et qu’on ne veut pas entendre ».

Plus encore, il a dénoncé le processus de criminalisation de la pensée, par lequel tout propos hostile à la « construction européenne » est ensuite condamné dans le débat public français. Il a expliqué par exemple que, dès que l’on dit « mais les gilets jaunes ne sont que le retour du refoulé maastrichtien », alors très rapidement, l’on est traité de « complotiste ».


Compte tenu du caractère public de ces déclarations extraordinaires, déjà largement relayées sur les réseaux sociaux, et sollicité par de nombreux internautes, François Asselineau a publié un communiqué de presse totalement factuel le lendemain matin, reprenant le verbatim de ces déclarations, remerciant Michel Onfray de ce soutien public et saluant son courage.
Source : https://www.upr.fr/actualite/communique-de-presse-20-septembre-2019-07h25-francois-asselineau-remercie-michel-onfray-pour-son-soutien-public-et-sans-ambiguite/

Ce communiqué de presse, dont pas un seul mot n’est ni litigieux ni tendancieux, n’a fait que rapporter scrupuleusement les déclarations de Michel Onfray, sans l’inviter si peu que ce soit à rejoindre l’UPR, ni à se prononcer pour notre programme, ni à voter pour nous.

Publier des remerciements était tout à fait normal. C’est rester muet devant un tel soutien public qui aurait été jugé incompréhensible par la presse et par les internautes.


Dans la matinée du vendredi 20 septembre, l’Agence France Presse (AFP) a contacté Michel Onfray pour bien vérifier l’exactitude de ses propos.

Sans revenir aucunement sur sa spectaculaire prise de position, il a indiqué au média qu’il n’avait pas voté pour nous, qu’il ne comptait plus voter et qu’il n’adhérerait pas à l’UPR, ce qui est son droit le plus strict et ce que nous n’avons pas plus sollicité que ses déclarations inattendues.

C’est cette dépêche de presse de l’AFP (reprenant des éléments de notre communiqué et d’autres recueillis par l’AFP elle-même auprès de Michel Onfray) qui a fait l’objet de nombreuses reprises par la presse.
Sources :
https://www.parismatch.com/Actu/Politique/Michel-Onfray-fait-son-outing-il-souscrit-aux-theses-de-Francois-Asselineau-1647884
https://www.huffingtonpost.fr/entry/michel-onfray-aime-beaucoup-ce-que-dit-asselineau-et-souscrit-a-ses-theses_fr_5d84c673e4b0957256b56182
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/michel-onfray-souscrit-aux-theses-de-francois-asselineau-20190920
https://www.valeursactuelles.com/politique/onfray-aime-beaucoup-les-theses-dasselineau-sur-le-frexit-111009
http://www.leparisien.fr/politique/onfray-asselineau-meme-combat-20-09-2019-8156160.php


Cependant, plus tard dans la journée, Michel Onfray a réalisé une vidéo pour renier ses propos et se contredire mot pour mot, en lançant imprécations et insultes à l’encontre de François Asselineau et des 38 000 adhérents de l’UPR.
Source : https://www.youtube.com/watch?v=QwxFw1c4cMY

À rebours de ses propos de la veille :

  • Michel Onfray a soudain déclaré à propos de François Asselineau « je trouve ce monsieur assez détestable » ou encore « je ne soutiens pas ce monsieur », le comparant à un gourou et comparant l’UPR à une secte,
  • Le philosophe a accusé également le président de l’UPR de dire des « sottises » alors qu’il avait affirmé la veille : « dans tout ce que j’ai entendu de lui, je n’ai pas trouvé de choses à redire, vraiment… c’est vrai que je souscris à tout ça ».
  • Il n’a pas hésité à le taxer de « complotisme » (sans dire d’ailleurs à quel sujet), utilisant à son égard le procédé d’excommunication médiatique qu’il dénonçait lui-même à la librairie Mollat quelques heures auparavant. Michel Onfray a indiqué ainsi le 20 septembre que le président de l’UPR « dit quand même un certain nombre de choses un peu problématiques qui relèvent du complotisme. Je ne saurais évidemment soutenir ce genre de sottises chez ce monsieur. »

À la stupéfaction des observateurs, Michel Onfray a donc renversé ses déclarations à 180° sur François Asselineau et l’UPR au cours de la journée du vendredi 20 septembre 2019.

Pour notre part, nous ne savons pas ce qui s’est passé, mais il s’est passé quelque chose.

Cette volte-face est triste, et même pathétique pour un philosophe censé rechercher d’abord la vérité et non une place.

Elle témoigne jusqu’à la caricature de l’atmosphère de terreur médiatique dans laquelle évoluent les intellectuels français dont la liberté de penser et de s’exprimer est, manifestement, encadrée par des bornes implicites très précises.

Michel Onfray avait franchi un Rubicon invisible le 19 septembre en apportant son soutien à François Asselineau ; il l’a repassé promptement en sens inverse dès le lendemain, en lançant des accusations nullement étayées et profondément indignes d’un philosophe, perdant au passage tout crédit auprès de milliers de personnes qui le suivent.


Enfin, Michel Onfray s’est cru obligé d’en rajouter dans l’outrance à l’écrit sur son site Internet, en portant des accusations grossièrement diffamatoires à l’égard de François Asselineau et qui tombent sous le coup de la loi.
Source : https://michelonfray.com/interventions-hebdomadaires/criminaliser-la-pensee?mode=video


Au nom de nos 38 000 adhérents et de nos centaines de milliers d’électeurs qui se sentent insultés et diffamés par de tels propos, François Asselineau et l’UPR demandent expressément à Michel Onfray de retirer ces accusations dans les plus brefs délais, faute de quoi nous serons hélas contraints de leur donner les suites judiciaires appropriées.

PIÈCES JOINTES :
VERBATIM DES DÉCLARATIONS SUCCESSIVES
DE MICHEL ONFRAY

Le propos développé par le philosophe dans sa vidéo du 20 septembre mérite d’être retranscrit in extenso pour être mis en regard de ce qu’il disait encore la veille. Nous mettons ci-après les verbatim des deux vidéos.

1re VIDÉO : 19 SEPTEMBRE 2019

Question d’un auditeur : À votre place il y a quelques semaines, Monsieur Régis Debray nous parlait du processus de vassalisation de la France et des autres pays d’Europe par les États-Unis. Votre parole, M. Onfray, est capable de percer les murs de l’omerta médiatique. Pourquoi est-ce que vous ne mentionnez jamais l’existence du seul mouvement politique français et du seul homme politique français qui défendent un véritable mouvement de libération nationale ?

Michel Onfray : Il faut me dire lequel.

L’auditeur : Monsieur Asselineau.

Michel Onfray : Ah voilà. Il y a toujours dans une conférence un défenseur de M. Asselineau. Et c’est bien d’ailleurs. Je ne sais pas comment il fonctionne mais il a du monde partout. Il a très peu d’électeurs mais il y a toujours quelqu’un qui me dit « mais alors Asselineau vous n’en parlez pas ». Alors j’en ai beaucoup mal parlé parce que je ne savais pas ce qu’il disait véritablement, des bouts des fragments, des choses comme ça.

Il se fait que, grâce à des personnes comme vous qui à chaque fois me rappelez que je ne parle pas de M. Asselineau, un jour je me suis dit : « je vais voir ce que dit ce monsieur ». Et c’est très bien. Et moi j’aime beaucoup ce qu’il dit et, de fait, je me suis dit « voilà quelqu’un qui, parce qu’il dit des choses justes – dans tout ce que j’ai entendu de lui, je n’ai pas trouvé de choses à redire, vraiment, et parfois je l’ai écouté longuement, j’ai écouté des enregistrements qui pouvaient durer une bonne heure avec un réel intérêt, avec un réel plaisir en me disant « c’est vrai que je souscris à tout ça ».

Alors pourquoi en parle-t-on si peu ? Parce que justement, il dit ce qui est sur l’empire maastrichtien, il dit comment ça fonctionne. Il a une mémoire extraordinaire. Il mobilise des savoirs hyper-techniques, qui font qu’il n’est jamais dans une dissertation d’ordre général. Quand il a quelques idées, il nous explique comment, pourquoi, il donne des chiffres. Il cite des sources extrêmement intéressantes.

Pourquoi en parle-t-on si peu ? Parce qu’il dit la vérité. Parce qu’il dit des choses justes et qu’on ne veut pas entendre.

L’auditeur : J’ai bien utilisé le pronom « vous ». Pourquoi vous n’en parlez pas ?

Michel Onfray : Mais parce que je suis en train de faire mon « outing » monsieur. Je viens de vous expliquer que je n’en parlais pas ou que j’en parlais mal parce que j’en parlais partiellement. Je vous dis que j’ai fait un travail qui m’a permis d’aller à la source pour pouvoir juger plus précisément et je vous dis qu’après en avoir jugé précisément je fais l’éloge de votre héros. Donc j’ai répondu à votre question en vous disant que j’en parlais par ouï-dire.

On ne devrait pas faire ce genre de choses mais parce que je l’avais entendu à la télévision, dans quelques débats, j’avais lu ses prospectus politiques au moment des présidentielles ou ce genre de choses. Je n’en savais pas plus et ça me suffisait bien. Mais après, je me suis dit « bon, allons chercher plus précisément ce qui se trouve dit ».

C’est un discours structuré qui démonte de manière rationnelle et raisonnable le dispositif maastrichtien, donc la chose essentielle qui est que la France a perdu sa souveraineté. Si l’on n’est plus souverain, et que l’on est dans un État supranational – cet État, moi, je l’ai nommé « empire », parce que je pense effectivement que ou il y a un État maastrichtien ou il y a un empire et que globalement ça ne s’exclut pas, et que tant qu’on n’avait pas compris qu’on est dans cet État maastrichtien on ne comprend pas quel type de politique est possible ou pensable en France. C’est tout.

Donc la chose étant enregistrée, elle va pouvoir être dite. Asselineau va pouvoir mettre en boucle le soutien de Michel Onfray. Mais je réponds sincèrement à ce que vous m’avez dit.

Ce qui m’intéresse moi dans cette aventure, c’est qu’il fasse si peu de voix, qu’il soit si peu connu ou reconnu, que tout le monde connaisse son nom mais que très peu de gens connaissent son programme. Qu’il fasse des petits scores et je pense que c’est la preuve de la justesse de ses thèses, et que comme il dit des choses majeures, tout est fait pour qu’on n’entende pas beaucoup.

Et par exemple, sur la question des « gilets jaunes » et Maastricht, personne n’a mis en relation le fait que le refoulé maastrichtien produisait les « gilets jaunes » aujourd’hui. On dit : « ils sont méchants, ils mettent le feu partout, ce sont des délinquants, des voyous etc. » C’est pas complètement faux depuis que Mélenchon, la CGT, Sud etc ont estimé qu’il fallait se servir d’eux, et moi je parle du départ des « gilets jaunes » dans cette aventure mais dès qu’il s’agit de parler de l’essentiel, la fin de la souveraineté nationale, la souveraineté supranationale, l’impossibilité pour la France de pouvoir faire une politique – nous ne pourrons plus faire une politique aujourd’hui – ce n’est plus possible, ce n’est plus pensable.

Et dès que vous dites « mais les “gilets jaunes” ne sont que le retour du refoulé maastrichtien » – c’est un peu ce que dit Régis Debray, il n’y a aucun problème on s’entend bien – dès que vous dites des choses comme celles-ci vous êtes criminalisé : il y a tout quoi, vous êtes complotiste, vous êtes climatosceptique, vous êtes fasciste, vous êtes nazi, vous êtes compagnon de route de Jean-Marie Le Pen, de sa fille aussi, vous êtes un pédophile refoulé, vous voulez coucher avec votre mère. Enfin moi j’ai eu droit à tout. On a droit à tout ça.

Mais de fait, c’est un discours extrêmement bien fait, celui d’Asselineau, qui témoigne d’un effort de déconstruction extrêmement intéressant mais c’est justement le point aveugle de l’empire maastrichtien : c’est « on ne peut pas entendre ce discours-là ». Donc il faut évidemment le criminaliser, donc voilà, vous pourrez dire que j’ai fait mon « coming out » sur ce sujet. Et il a procédé d’un travail sur les sources – je suis allé voir ce qu’il disait – pour pouvoir analyser et penser ce qu’il faisait.

2e VIDÉO : 20 SEPTEMBRE 2019

J’étais le jeudi 19 à la librairie Mollat à Bordeaux, où nous avons lancé l’université populaire nomade. Sur le principe, je réponds aux questions qui me sont posées et il y avait un inévitable lecteur, soutien ou militant de François Asselineau.

Tout comme les raéliens, ils sont venus pendant des années à mes conférences toujours pour me demander ce que je pensais de François Asselineau. Ils savent très bien qu’on va leur faire de la publicité, c’est en direct, les gens qui nous regardent sont nombreux, et qu’on va faire de la publicité à ce monsieur.

Donc j’ai fait savoir que récemment j’avais regardé une vidéo que Natacha Polony avait consacrée à François Asselineau et que j’avais découvert qu’il y avait des propos extrêmement intéressants de ce monsieur concernant la critique de l’Europe maastrichtienne, qui était une critique très informée, très documentée, très chiffrée, et que sur ce sujet-là, il était évidemment très intéressant et je l’ai découvert.

Sur le principe de l’humour, j’ai dit que je faisais mon outing, puisque effectivement pendant très longtemps, j’ai dit que je ne connaissais pas le programme de ce monsieur. Je connais cette vidéo de Natacha Polony avec François Asselineau, dont j’ai dit qu’elle était intéressante sur le contenu maastrichtien, sur le point de vue de ce que j’appelle l’Europe maastrichtienne.

Il se fait qu’Asselineau et tous les « asseliniens » se sont emparés de cette information pour dire que je suis avec eux, que je les soutiens, que je fais partie de leur bande. Ils ont fait savoir que je suis enrôlé.

L’Agence France Presse m’a téléphoné en me disant « alors vous êtes passé chez Asselineau », « vous allez voter pour lui », « avez-vous déjà voté pour lui » etc. et je trouve cette récupération indigne.

Ce n’est pas parce que je dis qu’il y a des propos intéressants chez François Asselineau concernant la critique de l’Europe que pour autant je défends ce monsieur, que je défends la totalité de sa politique, il dit quand même un certain nombre de choses un peu problématiques qui relèvent du complotisme. Je ne saurais évidemment soutenir ce genre de sottises chez ce monsieur.

On a le droit de dire qu’on apprécie la critique que peut faire…, on peut dire exactement la même chose de Florian Philippot, on peut dire la même chose de Jean-Luc Mélenchon, j’apprécie les critiques que ces gens-là font de l’Europe, ça ne fait pas de moi un soutien de Mélenchon, ça fait pas de moi un soutien de Philippot, ça fait pas de moi non plus un soutien de François Asselineau.

Donc je trouve ce monsieur assez détestable et il me rappelle un autre personnage dans son esprit, c’était Raël. Il y avait des Raéliens qui régulièrement venaient me voir en me disant « vous dîtes des choses qui plaisent beaucoup à Raël, vous êtes tout à fait semblable », et un jour j’ai été nommé prêtre honoraire par ce monsieur.

Je ne veux pas être prêtre honoraire de Monsieur Asselineau. Qu’il continue à faire ce qu’il fait. Je l’écouterai. Quand il dira des choses intéressantes, je dirai que ces choses sont intéressantes. Quand il dira des choses sottes, je dirai qu’il dit des choses sottes, il lui arrive d’en dire aussi mais je ne soutiens pas ce monsieur. Je ne soutiens pas son parti. Je ne soutiens pas son projet de société. Donc ce serait bien qu’on cesse de croire qu’un propos élogieux sur un homme, quand on dit que sur la question de l’Europe maastrichtienne, il y a beaucoup de choses intéressantes, ça ne vaut pas un soutien pour la politique totale du personnage, pour son projet, pour ce qu’il est, pour ce qu’il fut, pour ce qu’il sera. Je trouve que ça fait un peu beaucoup et voilà l’intérêt pour moi cette mise au point.

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